Tribune Libre-Aux Actes Citoyens par Daniel Lincot, Directeur de recherche au CNRS

6 juin 1944, les alliés débarquent sur les plages de Normandie. En ce 6 juin 2014, 70 ans après, nous rendons tous hommage au courage de ces milliers de soldats, s’élançant sous la mitraille au sacrifice de leurs vies, pour rendre à la France et au monde leur liberté perdue, et nous sauver, nous leurs descendants depuis trois générations, des affres de la dictature et de la guerre. Cette formidable mobilisation internationale, à l’ouest, à l’est, au sein de nos villes et nos campagnes, a permis de renverser le cours des choses, de réussir l’impossible.

C’est là que de la célébration d’anniversaire surgit l’exemple. L’exemple, pour nous, les citoyens de France, d’Europe et du Monde de 2014, pour nos gouvernements, et pour toutes les forces sociales, économiques et politiques qui irriguent nos sociétés. Mais un exemple pour quoi ? De quel danger devrions nous libérer nos enfants dès aujourd’hui pour que dans 70 ans, le 6 juin 2084, ils célèbrent également notre courage et notre mobilisation? En quoi sommes nous en guerre et devrions nous, nous aussi, préparer un débarquement ? On ne la voit pas, encore, et pourtant cette guerre a commencé, elle a un nom, la guerre contre le changement climatique qui s’annonce et les terribles conséquences qu’il entrainera si nous ne créons pas dès aujourd’hui les conditions de la victoire.
Nous avons également, comme nos ainé(e)s de 1944, tous les moyens, techniques, scientifiques, humains, de la gagner en nous engageant dans une vraie mobilisation pour la transition énergétique vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

Nous avons malheureusement également tous les moyens de la perdre, en nous engageant dans une fuite en avant vers de fausses solutions, bercées par les sirènes du déni ou des intérêts particuliers. Comme par hasard, c’est justement aujourd’hui, que la presse mentionne une victoire des tenants des gaz de schiste en Allemagne, avec l’obtention du droit d’exploitation sur le territoire national. C’est un coup de tonnerre et une alarme hautement symbolique. Comment, dans le pays qui s’est aussi fortement mobilisé pour les énergies renouvelables, qui a engagé une extraordinaire transition énergétique, et servi d’exemple au monde entier, une telle régression serait-elle possible? Serait-t-il possible que, sous les coups de boutoir de tous ceux qui combattent sans relâche le développement jugé « trop rapide », « ou trop cher », ou « impossible », au choix, des énergies renouvelables, tout l’édifice qui s’est constitué autour d’elles, grâce à une mobilisation citoyenne, économique et politique sans précédent, soit mis à bas, freiné à un tel point qu’il n’en s’en relève pas, ou alors pas avant des années, quand il sera peut être déjà trop tard. Comment peut-on risquer de mettre à bas une production d’énergie renouvelable comme le photovoltaïque, qui en dix ans, rien qu’en Allemagne, est passée de pratiquement négligeable à une puissance installée de 36 GW (140 GW au niveau mondial), couvrant près de 6 % des besoins en électricité du pays, 1% en France, et dont le potentiel de développement est encore considérable.

Pourtant l’optimisme reste de mise, car comme il y a 70 ans, c’est du monde entier, que se prépare le débarquement des énergies renouvelables, elles puisent aujourd’hui, comme pour le photovoltaïque, de nouvelles forces en se développant aux USA, en Chine, au Japon, en Amérique Latine ou en Afrique.

Comme un message d’espoir, le soleil rayonnait aujourd’hui sur les plages du débarquement, mais aussi sur toute la France et l’Allemagne, avec même un record de production photovoltaïque a 27 GW de puissance, soit l’équivalent de 27 tranches de centrales classique en plein fonctionnement, tout cela réparti sur tout le territoire, sur les toitures, les fermes solaires de millions de citoyens. Alors oui, l’espoir est permis, en France, comme en Allemagne et dans le monde entier, et la guerre contre le changement climatique avec les énergies renouvelables sera gagnée. Mieux que les paroles il faut maintenant des ACTES, comme nous y appelle le 6 juin 1944.

C’est pourquoi nous lançons en ce moment historique un appel à l’ Action Citoyenne pour la Transition Energétique Solaire, et pour être encore plus concret, à la création d’Ateliers Citoyens pour la Transition Energétique Solaire, en marquant le 6 juin comme date symbolique.
6 Juin 2014

Contact : ActeSolaire@gmail.com

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