Socomec : Le solaire, comme une évidence€

Société familiale alsacienne fondée en 1922, Socomec est actuellement dirigée par Ivan Steyert, arrière petit-fils du fondateur de l’entreprise. Cette ETI à la française qui compte 3200 salariés revendique son positionnement de niche. Depuis quatre générations, elle s’est ainsi spécialisée dans la coupure et la protection de l’arc électrique et la conversion d’énergie. En quête de diversification, Socomec s’est tout naturellement tournée ces dernières années vers le solaire photovoltaïque et l’efficacité énergétique. Deux secteurs pour lesquels Socomec réunit les expertises nécessaires à la maîtrise de leur art, jusqu’au développement de solutions innovantes. Immersion en usine, notamment sur les chaînes de montage de l’Osis, une armoire outdoor plug & play d’onduleurs solaires développée en à peine trois mois !

Socomec, un exemple, un parangon pour le tissu industriel français. C’est exactement le type d’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) familiale ultra dynamique qui manque tant à l’économie française et qui fait le succès de l’économie allemande. Ce n’est donc peut-être pas un hasard si Socomec a son siège en Alsace, à Benfeld plus exactement, à quelques encablures du Rhin. Qu’on se le dise, Socomec est une entreprise de spécialistes, de ceux qui développent des produits de niche hyper spécifiques et ultra pointus. Son domaine de prédilection depuis 1922 : l’appareillage électrique dans une approche holistique de la production avec beaucoup d’intégration métiers. Socomec est ainsi l’une des références mondiales incontestées dans le domaine de la coupure et de la commutation. Depuis toujours, l’entreprise défend les vertus de la protection fusible au bénéfice de la sécurité des personnes et des biens. Pour des interrupteurs sans faille ! En 1968, le groupe sort son premier onduleur en France. S’appuyant sur de larges gammes de produits, solutions et services en constante évolution, Socomec maîtrise aujourd’hui les technologies essentielles capables d’assurer une alimentation à haute disponibilité des équipements et des bâtiments critiques via trois technologie de pointe : l’alimentation sans interruption (ASI) qui fournit une énergie de haute qualité sans interruption grâce à un système de stockage, la commutation de sources à haute disponibilité (ATS) et enfin la surveillance permanente des équipements pour prévenir toutes les défaillances. Autant dire que les produits Socomec équipent nombre d’hôpitaux, d’aéroports ou de centrales électriques pour lesquels l’alimentation en électricité a un aspect vital au sens propre du terme ce qui est nécessaire à la vie. Dans l’urgence

Socomec a fait évoluer la coupure dite « pompier »
On l’aura compris, Socomec est une entreprise high tech qui doit son développement et sa pérennité a sa faculté d’innover sans cesse. Un chiffre, plus parlant qu’un long discours : entre 8 et 10% du CA de l’entreprise sont consacrés chaque année à la recherche et au développement. « La R&D, c’est notre raison d’exister, de faire la différence face aux géants dans ce grand marché mondialisé qui a tendance à banaliser le produit » confie Alain Gamba, directeur communication et développement durable de la société. Innover mais aussi se diversifier pour activer sans cesse de nouveaux leviers de croissance comme le solaire photovoltaïque ou la performance énergétique des bâtiments et des installations. Deux axes de développement devenus deux vrais piliers de l’activité industrielle de Socomec.
Surfant sur la vague européenne du solaire photovoltaïque, Socomec lance en 2009 sa première gamme d’onduleurs solaires jusqu’à 100 kW. Une diversification forte de certitudes techniques bien ancrées dans l’historique de la société ! « C’est un fait, la conversion est dans les gênes de l’entreprise. Nous savons de quoi nous parlons. A travers son expérience dans la basse tension, Socomec dispose de l’expertise de la coupure, de la mesure et de la conversion d’énergie adaptées aux contraintes du courant continu des installations PV. Socomec a acquis également la capacité à étudier, développer et industrialiser des solutions solaires intégrées, du BE à l’activité tableautier en passant par le support industriel bien sûr » reconnaît Alain Gamba. Le solaire, comme une évidence pour cette société rompue à la sécurité électrique C’est d’ailleurs Socomec qui fera évoluer la fameuse coupure dite « pompier » dans le secteur du photovoltaïque à la satisfaction des soldats du feu qui ne savaient pas quel bout prendre une installation en feu. Il s’agit d’une technologie brevetée de coupure en charge à actionnement pneumatique fruit de la science du groupe dans les interrupteurs DC.

« Notre futur ne dépend pas des évolutions du marché solaire à l’instar des pure players du secteur »
Autre facteur de différenciation important à mettre au crédit de Socomec : la multi activités qui lui confère une indépendance de décision et une capacité financière aptes à affronter les périodes difficiles. Et cette spécificité s’exerce pleinement à l’heure actuelle, au moment où la filière photovoltaïque connaît une grave crise en Europe et où les pure players de l’onduleur solaire souffrent de mille maux avec pour principaux artefacts la liquidation de Solarmax ou les difficultés de SMA. « Notre futur ne dépend guère des évolutions du marché solaire à l’instar des pure players du secteur » note Alain Gamba. Avec une dizaine de millions de chiffre d’affaires, la part solaire ne peut pas mettre en péril la structure ! Cette part peut en revanche croître à l’unisson d’un marché mondial en plein boom. Pour l’heure, Socomec se concentre en Europe principalement sur deux pays : la France et l’Italie. « Nous restons en veille active sur les autres pays en attendant que le marché redémarre » poursuit Alain Gamba. Socomec est également très présent dans le monde à travers des filiales en Asie (Chine, Inde, Singapour, Vietnam) mais aussi au Moyen-Orient, à Dubaï, sans oublier les Etats-Unis. Le groupe est en train de revoir sa stratégie sur ces zones avec une focalisation plus prégnante sur le marché américain. « Nous nous développons beaucoup aux Etats-Unis sur les interrupteurs DC. Nous sommes en cours de qualification de toutes nos gammes. Nos produits ont un vrai potentiel pour le marché américain, certes, très protecteur mais oh combien ! porteur d’avenir » déclare Alain Gamba. En attendant cet élan commercial à l’export, les équipes de Socomec travaillent au développement de nouveaux concepts et de nouveaux produits innovants. Le groupe alsacien développe ainsi des offres hybrides (Solaire/Réseau) intégrant du stockage en test sur les Etats-Unis notamment et participe aussi activement au démonstrateur Nice Grig dans le cadre de l’optimisation des infrastructures d’ERDF lors d’une production massive d’énergie photovoltaïque. L’innovation sans relâche comme moteur de l’activité Socomec.

Sunsys Osis, le totem solaire dernier cri
Aujourd’hui, les onduleurs solaires de petites et moyennes puissances du groupe sont fabriqués en Italie par l’ancien partenaire Sicon racheté par Socomec en 1998. La capacité de production de l’usine se monte à 150 MW par an. Une autre activité solaire se trouve dans le village voisin de Benfeld, au sein de l’usine Socomec d’Huttenheim qui compte 250 salariés dont 50 en R&D. C’est là qu’est assemblée une armoire de raccordement d’un nouveau genre : Sunsys Osis. Sunsys Osis est le prototype même d’un produit que Socomec est capable de développer en quelques semaines grâce à la flexibilité et à l’expertise de ces équipes. Fruit d’une intense concertation entre un maître d’ouvrage et le responsable solaire du groupe (voir interview de Marc Guirguirian), l’idée de ce concept de totem modulable outdoor, plug and play, à faible emprise au sol est remonté au BE de R&D de l’usine d’Huttenheim managé par Thierry Diringer. Après un brainstorming autour d’une table, le projet est lancé. Un budget est débloqué pour 2500 heures de développement dont notamment mille heures d’études mécaniques consacrées aux canaux de ventilation chargés d’évacuer les calories de l’armoire. « En quelques semaines à peine et après 450 heures de travail, nous avons créé une ligne spécifique de production sur un espace de 200 m² avec un matériel adapté pour élaborer ce totem qui s’installe sur site sans permis de construire. Sunsys Osis est produit selon un mode industriel. Notre capacité de production s’élève à 100 MW par an » confirme Olivier Morlot directeur de l’usine d’Hutteheim. Les onduleurs qui arrivent d’Italie sont systématiquement testés puis montés dans les armoires avec les coffrets en fonction des dimensionnements demandés. « Et tout cela est modulable, un peu comme un mécano. Tout est pré câblé. Le design intègre la ventilation. Nous en sortons deux par jour à l’heure actuelle notamment pour un client qui construit des serres agrivoltaïque dans le Sud de la France » ajoute Olivier Morlot fier de son nouveau bébé qui, bien que naît après une gestation réduite, n’en est pas moins en pleine santé. Avec Sunsys Osis, Socomec montre sa vitalité et sa capacité à sortir sur le marché en un temps record des produits innovants. Certainement la chose la plus dure à réaliser dans ce monde de l’industrie !

Six questions à Marc Guirguirian, responsable du développement commercial solaire de Socomec

Plein Soleil : Spécialiste de la conversion, Socomec a développé une activité d’onduleurs solaires. Dans quel segment de marché vous situez-vous ?
Marc Guirguirian : Nous fabriquons l’essentiel de notre production d’onduleurs solaires dans une usine en Italie et un peu en Asie. A ce jour, notre capacité de production atteint 150 MW annuel. Nous nous concentrons plus volontiers dans le triphasé car nous sommes peu présents dans le domestique dans lequel nous n’avons pas déployé de réelles actions commerciales. Nous sommes positionnés sur la puissance, le grand tertiaire, les parcs au sol notamment dans deux marchés mûrs, la France, l’Italie et la Roumanie. A l’international, nous nous orientons fortement sur les Etats-Unis.

PS : Comment est née votre armoire Sunsys Osis, un concept innovant de shelter outdoor ?
MG : J’étais en train de travailler sur un projet d’une cinquantaine de serres de 100 kWc dans la région du sud-est. Avec le maître d’ouvrage, nous avons réfléchi autour d’un croquis sur l’idée d’un totem qui contiendrait trois onduleurs et un coffret AC, un totem pour l’extérieur qui résisterait à la pluie, au soleil, aux conditions météo. Je suis remonté avec le croquis au siège. Nous nous sommes assis autour d’une table avec les équipes de R&D. En trois mois, le produit était né grâce à cet investisseur qui nous avait mis le pied à l’étrier. Cela montre que chez nous tout est possible. Nous sommes en capacité de répondre très rapidement aux demandes du client et des marchés. Avec le Sunsys Osis, sur les 100 kWc en toiture, nous avons innové, apporté quelque chose. Cette solution clé en main permet de s’affranchir de la construction d’un local technique. Il peut être très pertinent pour des projets à l’export, pour les pays d’Afrique, lorsque le développeur de projets ne dispose pas localement d’une main d’Å“uvre électrique qualifiée. Le Sunsys Osis apporte de la sécurité et de la facilité de câblage plug and play. Objectif : connecter simplement les chaînes photovoltaïques aux connecteurs MC4 des coffrets et la sortie de l’armoire AC au compteur. Doté d’un troc commun, il est dimensionné sur mesure pour chaque projet.

PS : Socomec se positionne-t-elle sur les prochains appels d’offres français ?
MG : Sur l’AO CRE3, nous nous positionnons avec des shelters terrestres de 300 kW à 3 MW. Nous avons déjà des références sur des centrales au sol en Italie et en Roumanie. En France, nous sommes sur ce marché depuis deux ans. C’est en tous les cas très difficile, car avec la protection douanière mise en place sur les modules chinois, la pression s’est reportée sur le reste des composants et notamment sur le lot électrique qui pèse autour des 11 à 12% des projets. Aujourd’hui, on se bât en dessous de 9 centimes d’euros le Wc. Certains descendent même plus bas, c’est souvent pour eux le début de la fin

PS : Quels sont vos axes de développement au-delà du on grid traditionnel?
MG : Nous axons nos efforts sur le stockage, les smarts grids et l’électrification rurale. Ce sont des marchés qui nous semblent plus sains. Nous sommes en pointe sur de nombreux démonstrateurs. Nous avançons sur l’innovation, nous emmagasinons des capacités techniques pour les projets et marchés de demain.

PS : Et l’autoconsommation ?
MG : Nous n’y croyons pas vraiment, en tous les cas en Europe. L’autoconsommation avec stockage est trop chère et les utilities font du lobbying pour mettre en place des taxes et des péages à l’instar de ce qui s’est passé en Espagne. Elles se demandent qui va payer la maintenance de leurs lignes de distribution si les productions sont délocalisées de partout.

PS : Etes-vous optimiste pour l’avenir du secteur ?
MG : Nous sommes très préoccupés de voir des gros acteurs historiques en difficultés. Les temps sont durs pour les fabricants d’onduleurs dans le solaire traditionnel on grid en Europe. Les marchés sont sans pitié. Les purs players sont à la peine. Notre chance est d’être un spécialiste de la conversion d’énergie et de l’appareillage électrique BT et surtout une société française seine financièrement avec 93 années d’existence. Après, le reste du monde pousse le solaire. A nous saisir notre chance par l’innovation et les services !
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