La Plateforme Verte : un do-tank qui éclaire les mutations profondes des énergies renouvelables

Le 17 novembre 2025, La Plateforme Verte (LPV) a réuni sa communauté pour sa conférence annuelle, dans un contexte de transformation accélérée du secteur énergétique. LPV est un do-tank, un lieu où développeurs, financeurs, collectivités, ingénieurs, juristes et experts confrontent leurs pratiques, partagent leurs retours d’expérience et co-construisent les modèles d’affaires de demain.

C’est comme cela que tout a commencé ! Sylvie Perrin, la présidente de LPV a annoncé la création d’un nouveau GT, dédié à la décarbonation. Le sujet est transversal et central à l’heure où la production d’énergies renouvelables est abondante et où la progression et le pilotage de la demande d’électricité sont clé pour la souveraineté énergétique.

Une année 2025 de bascule pour les modèles énergétiques

Le vif du sujet ! L’édition 2025 a mis en évidence une filière en recomposition profonde. Dans l’autoconsommation, la refonte du cadre S21, l’élargissement puis la remise en question de l’accise à taux zéro, ou encore l’essor des opérations collectives jusqu’à 5 MW ont profondément modifié les règles du jeu. Le mouvement est tiré notamment par les collectivités, très actives dans le déploiement de modèles intégrant ACI et ACC, à travers des modèles concessifs, ou des sociétés d’économie mixte.

Le stockage, thème central

Le stockage s’est imposé en 2025 comme l’un des thèmes centraux de la conférence. La filière connaît une dynamique exceptionnelle : malgré des CAPEX encore significatifs, les revenus demeurent particulièrement attractifs, avec près de 344 k€ par MW et une économie notable sur les frais de réseau grâce au TURPE 7. La file d’attente atteint désormais 13 GW, illustrant l’appétit croissant des développeurs et investisseurs. Les contrats de capacité sur 15 ans renforcent la bancabilité, même si les échanges avec RTE montrent que les facteurs de déclassement devront être revus pour refléter plus fidèlement l’apport des différentes technologies. LPV insiste toutefois sur un point crucial : dans les projets hybrides, les batteries ne doivent pas être cantonnées au seul déplacement d’énergie solaire. Leur valeur repose sur la pluralité de leurs usages, notamment les services système. Enfin, le GT rappelle l’importance de préserver le développement du stockage « stand-alone », indispensable à l’équilibre futur du système électrique et nécessitant une logique de raccordement qui lui est propre.

Agrivoltaïsme et PPA

En agrivoltaïsme, le constat est contrasté avec l’expérience capitalisée depuis le décret du 8 avril 2024 et l’instruction technique du 18 février 2025 consacrée à l’application des dispositions réglementaires relatives aux installations agrivoltaïques et photovoltaïques au sol dans les espaces naturels, agricoles et forestiers : les pratiques restent hétérogènes selon les territoires, certaines exigences de labels entraînent des surcoûts, et l’ex future proposition de loi Lecamp pourrait encore redéfinir le cadre. La question de l’articulation avec le bail rural reste centrale. Les PPA poursuivent leur montée en puissance, soutenus par un guide de financement publié par LPV. Mais l’arrivée du mécanisme d’ajustement début 2026 complexifie la relation producteur–agrégateur et renforce la nécessité de modèles contractuels standardisés.

Une transition devenue systémique

Le message final est clair : la transition énergétique n’est plus une question de puissance installée, mais de pilotage, stockage, contractualisation, certification et gestion du risque. La clôture a été assurée par les membres du bureau de LPV : André Joffre, Éric Reisse, Guy Auger, Jean-Yves Grandidier, Pascale Courcelle et Stéphane Pasquier, qui ont appelé les meneurs des GT à travailler tous ensemble à un rapport sur le financement des EnR, qui serait disponible pour éclairer les candidats à la veille des élections à venir en 2026 et 2027. LPV entend s’imposer comme un lieu unique où les acteurs comparent leurs pratiques, anticipent les évolutions réglementaires et co-construisent des solutions concrètes, loin des postures et au plus près du terrain.

Encadré

2026 : standardiser, sécuriser, professionnaliser

LPV a dévoilé une feuille de route structurée pour 2026, avec plusieurs livrables attendus :

  • un nouveau guide agrivoltaïsme, cinq ans après la première plateforme ;
  • des travaux sur la bancabilité du stockage et sur les modèles hybrides PV + BESS ;
  • une normalisation des CPPA face au mécanisme d’ajustement ;
  • un accompagnement opérationnel sur la mise en Å“uvre de la CSRD ;
  • des propositions pour sécuriser les projets d’e-fuels ;
  • ou encore des analyses approfondies sur les modèles économiques de la mobilité électrique.
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