Inauguration du premier démonstrateur agrivoltaïque de la planète : une vigne solaire unique au monde

La société Sun’R, pionnière de l’agrivoltaïsme, a inauguré jeudi 8 novembre dernier, le premier démonstrateur agrivoltaïque au monde au Domaine de Nidolères, à Tresserre dans les Pyrénées-Orientales. Une solution technologique digitale et mécanique pour concilier voire même réconcilier les activités agricoles et la production d’énergie solaire. Une première mondiale qui pourrait faire florès en France et au-delà des frontières !

« Il ne faut en aucun cas déplacer les problèmes de l’énergie vers l’agriculture ». Tel est le mantra formulé par Antone Nogier, PDG de la société Sun’R, qui a développé pour la viticulture et l’agriculture en général une solution de persiennes mobiles à pilotage intelligent. Et l’invention porte un nom : l’agrivoltaïsme mis au point en collaboration avec l’INRA (Institut National de Recherches Agronomiques), l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) et entre autres la start-up itk dont les logiciels couvrent des cultures variées, et permettent de fournir des recommandations pour toutes sortes de pratiques agricoles : plantation, irrigation, fertilisation, protection des cultures et récolte. Ce projet a été soutenu par l’État, à travers le Programme d’Investissements d’Avenir et la Région Occitanie. Agnès Langevine, vice présidente de la Région n’a d’ailleurs pas manqué de se réjouir d’une telle initiative dans le pays catalan faisant remarquer au passage que le bassin méditerranée serait la zone la plus impactée au monde par le réchauffement climatique. De quoi s’en préoccuper!

La production électrique toujours secondaire

Mais alors quid de l’agrivoltaïsme ? Il s’agit d’un système qui combine agriculture et énergie solaire sur une même surface, sans conflit d’usage, c’est-à-dire sans détériorer la production agricole. Des panneaux photovoltaïques, positionnés au-dessus des cultures et dotés de trackers (Optimum Tracker pour le démonstrateur de Tresserre) sont pilotés de manière automatique à partir d’algorithmes complexes, afin d’optimiser à chaque instant le bien-être de la plante. La production électrique issue des panneaux est toujours secondaire. Sun’R a investi près de 25 millions d’euros dans ce programme lancé en 2009. « Cette solution mondiale basée sur l’agriculture digitale, le big data, doit nous permettre de partir à la reconquête des terres agricoles partout sur la planète » poursuit Antoine Nogier. Une technologie qui a en tous les cas fortement séduit la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales qui participe même activement au projet avec un suivi vini-viticole du projet. Cette vigne 4.0 comprend trois cépages différents (grenache blanc, chardonnay et marselan pour le rouge) dans le cadre d’une expérimentation éclectique à souhait.

Création d’un label ou d’une norme

Pour ce projet démonstrateur de Tressere sur le domaine de la famille Escudier, Sun’R a investi dans l’outil de production solaire via l’AO CRE 3. Avec un tarif de 85 euros le MWH, ce projet, pris à part, n’a guère de rentabilité. Mais il s’agit là d’un investissement pour l’avenir et à vision internationale. A terme, la société Sun’R n’a d’ailleurs pas vocation à être investisseur mais bien à commercialiser son système de pilotage pour éviter tout conflit d’intérêt. Une dizaine de nouveaux démonstrateurs sont d’ores et déjà sur les rails sur le pourtour méditerranéen avec de la vigne mais aussi de l’arboriculture et du maraîchage. « Nous souhaiterions que de nombreux agriculteurs eux-mêmes soient les investisseurs dans ces centrales solaires. Nous comptons aussi sur les dynamiques développeurs français » précise Antoine Nogier qui fait appel à la mobilisation de l’Etat, en présence du député Sébastien Cazenobe présent pour l’inauguration. Objectif de cet appel du pied : mettre en place un cadre pour réguler la discipline avec pourquoi pas la création d’un label ou d’une norme pour un bon équilibre entre les deux productions, agricole et électrique, dans une synergie vertueuse. « C’est indispensable. Je ne crois pas à l’autodiscipline de la profession » conclut-il. Tant il est vrai qu’il pourrait être tentant de favoriser la production d’énergie au détriment du bien-être végétal, l’essence même de l’agrivoltaïsme.

Encadré
Le démonstrateur agrivoltaïque du Domaine de Nidolères en quelques chiffres
- Panneaux photovoltaïques installés à 4,5 m du sol sur 4,5 ha
- 3 ha de zone témoin avec objectif de comparaison des cultures
- La structure agrivoltaïque permet de supporter le système d’irrigation (goutte à goutte aérien)
- Plantations 2018
- 28 600 plants de vigne sous dispositif agrivoltaïque
- Production d’énergie solaire correspondant à la consommation de plus de 650 foyers
- Une économie de 3000 T de CO ²
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