Edito/Le désert des Tartares, guichet ouvert de Barbara Pompili

Les ministres de l’écologie passent et c’est toujours la même rengaine, scie lancinante des illusions perdues. Le 15 juin dernier sur France Inter, Barbara Pompili, ministre en exercice de la transition écologique et solidaire a publiquement regretté le retard pris par la France  sur les énergies renouvelables. Un constat sans fard, tautologie des lamentations déjà portées par son successeur Nicolas Hulot. Les attitudes volontaristes bouffies de certitudes des commencements des ministres verts qui se succèdent semblent à chaque fois s’échouer lamentablement dans les eaux troubles des velléités inopérantes.

 

Dernier exemple en date de l’impéritie et de l’impuissance des ministres a imposé une mesure : l’arrêté tarifaire fixant les conditions d’achat pour les installations photovoltaïques sur bâtiment d’une puissance inférieure ou égale à 500 kWc, à savoir le fameux guichet ouvert jusqu’à 500 kWc. Près d’un an et demi que la France parle de cette avancée emblématique de bon sens. Elle avait été annoncée au mois de février 2020 lors du Salon de l’Agriculture, créant parmi  les  professionnels  concernés  une  attente  forte  en  vue  du  développement de leurs activités, de leurs entreprises, de leur politique d’embauche. Et toujours rien. Les Allemands l’ont mise en place en quelques semaines à peine, il y  a un bon moment déjà. Blitzkrieg contre ligne Maginot…

 

Dans un gouvernement français, le ministre de l’écologie c’est un peu le commandant Giovanni Drogo de l’énigmatique Désert des Tartares de Dino Buzzati. Enfermé dans une citadelle, impatient d’un combat qui ne vient jamais, le commandant doit faire face à la fuite du temps, à l’attente vaine d’une reconnaissance méritée et d’une grande bataille finale, victorieuse et héroïque. Les ministres de l’écologie français en sont là, à sans cesse avaler des couleuvres, à espérer repeindre le monde en vert, à s’encolérer de ne pas prendre leur part plus efficiente aux changements climatiques, à regretter. Triste inanité, alors même que les Accords de Paris sont références mondiales. Drôle de paradoxe.

 

Pourtant il n’y aurait que quelques semaines à attendre désormais, affirme le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. « Fin juillet, ou plus sûrement à la rentrée » lance-t-il dans un propos encore et toujours dilatoire. Donner du temps au temps. Le flou, le flou…sans visibilité. Dès  lors,  quelles  options  s’offrent  aux  entreprises  spécialisées  dans  le  solaire pour  occuper  leurs équipes, maintenir la dynamique d’embauche qu’ont inspirée les annonces de la PPE confirmée depuis avril 2020, finaliser le budget de cette année… ? La filière a fait cet effort d’investissement sur la base des déclarations de l’Etat, mais les coûts associés à ce changement d’échelle ne peuvent pas être indéfiniment  portés  à  fonds  perdus  par  les  seules  entreprises,  sans  avoir  une  perspective  de concrétisation des projets en attente et des revenus subséquents. Il est aujourd’hui urgent de débloquer la situation pour une électricité solaire la moins chère possible pour notre pays.

 

Reste à Barbara Pompili de ne pas céder à la mélancolie, celle du commandant Drogo qui n’ayant plus la force de combattre a fini par renoncer. A l’instar de Nicolas Hulot…

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