Edito/Avec le temps va, tout s'en va€

La loi de programmation sur la transition énergétique a été présentée en conseil des ministres par Ségolène Royal. Sur les objectifs, elle est très convaincante. En fixant à près du tiers de la consommation finale d’énergie la part d’énergie renouvelable à l’horizon 2030, le Gouvernement réaffirme la volonté de diversifier le bouquet énergétique dans chaque secteur (électricité, chaleur et carburant). Cela constitue une feuille de route claire pour les investisseurs et les industriels des différentes filières.

Pourtant, nombreux sont les professionnels du solaire à rester sur leur faim. Un groupe de PME, le G12, vient même de voir le jour afin de réaliser des actions de lobbying pour éveiller les consciences gouvernementales. Car le temps presse. Plus que jamais. Les mesures d’urgence annoncées à maintes reprises sont restées lettres mortes. La filière solaire, condamnée à un faux rythme, s’enfonce inexorablement. Et faux rythme est l’expression idoine.

Les statistiques d’ErDF ont en effet montré que l’indexation du tarif sur les projets de raccordement n’était qu’une supercherie avec un taux d’abandon des projets qui frise les 50%. Hormis le tarif pour le résidentiel, tous les autres tarifs sont à l’agonie, et ne permettent plus aux entreprises de travailler sur le sol français. Les appels d’offres par trop erratiques abandonnent du temps au temps. Le CRE3 pour les grandes puissances voit ainsi sans cesse son calendrier repoussé. Le prochain appel d’offre 100-250 kWc est relégué à la fin de l’année. Quant à l’autoconsommation, véritable levier d’avenir, elle n’en finit pas d’être en discussion. Il n’en est même pas question dans la loi dont on le sait quand elle sera votée.

Et il est bel et bien là le problème. Le temps de l’administration, celui du vote des lois et des décrets, n’est pas celui de l’entreprise, où les salaires et les charges sociales tombent avec la régularité d’un coucou suisse. Pour compenser, la DGEC a cru bon d’accorder un délai d’un an sur le CRE1, un délai juridiquement discutable, face à une profession qui se divise sur le sujet. A trop vouloir donner du temps au temps, le gouvernement en fait perdre à la filière. Tant il est vrai qu’avec le temps va, tout s’en va les emplois, les entreprises et les savoir-faire !

Cet article est publié dans Actualités. Ajouter aux favoris.

Les commentaires sont fermés