Crosslux : le revival des couches minces à la Française

Début 2016 et après moult péripéties, la société Crosslux a bien fini par reprendre les actifs de l’entreprise Nexcis et notamment les fameuses lignes qui intègrent le procédé d’électrodéposition. Après une première levée de fonds de 1,8 millions d’€, Crosslux se relance. Un premier démonstrateur devrait sortir en fin d’année 2016. Les couches minces à la Française retrouvent un avenir !

Il est des dates qui marquent les esprits. Pierre-Yves Thoulon se souvient. C’était le 11 septembre 2015 à 12h00, EDF donne son accord à la reprise de Nexcis, spin-off de l’Institut de Recherche et Développement sur l’Énergie Photovoltaïque (IRDEP) par Crosslux, le projet satisfaisant au Plan Social d’Entreprise (PSE). Trente minutes plus tard, un coup de fil de trois des managers de Nexcis sonne comme une douche froide. Ils veulent garder le contrôle de la structure. « Ils apportaient 400 000 €, nous 5 millions. Il n’était pas possible de leur laisser la maîtrise de l’entreprise. Ils sont donc partis et avec eux une douzaine de salariés » indique Pierre-Yves Thoulon, fondater de Crosslux. Problème, avec ces départs, les conditions du PSE n’étaient plus satisfaites. La reprise tombe à l’eau. Une partie des actifs de Nexcis et une dizaine de salariés seront alors repris par la société aixoise Sunpartner, inventeur de Wysips, cette surface photovoltaïque transparente qui permet de recharger la batterie du téléphone juste en laissant son mobile au soleil. Avec l’idée de développer des vitrages photovoltaïques ! Sunpartner mettra aussi la main sur le bâtiment de Nexcis à des conditions très favorables.

Un démonstrateur pour fin 2016

Dans cette grande braderie, le procédé révolutionnaire d’électrodéposition qui permet de réaliser les couches minces ne semble d’aucune utilité aux repreneurs de Nexcis. Daniel Lincot, éminent chercheur en charge des destinées de l’IRDEP, va alors apporter son support aux actionnaires de Crosslux. Il va notamment obtenir d’EDF la vente des équipements qui intègrent la technologie d’électrodéposition. En février 2016, Crosslux réalise avec des business angels locaux et PACA Invest une levée de fonds 1,8 M€ qui lui permet de racheter les lignes de Nexcis pour 700 000 €. « Nous avons aménagé ces lignes dans deux bâtiments à Rousset pour ressusciter enfin la techno Nexcis et pour la faire converger vers la techno Crosslux. Pour l’heure, nous ne serons capables que de développer un démonstrateur de 300×600 mm. Nous ne sommes pas encore en dimension pour disposer d’une vraie capacité industrielle. Le démonstrateur sortira en fin d’année et viendra en appui d’une nouvelle levée de fonds de 10 à 15 millions d’€ avec la volonté de monter une vraie capacité industrielle pour sortit des lignes des modules standards en 600×1200 mm. Objectif : 100 000 m² de verre par an soit l’équivalent de 10 à 12 MW par an.

L’avenir du solaire dans le bâtiment passe par les couches minces

Pour se faire, les responsables de Crosslux doivent séduire les investisseurs et leur prouver par A+B que les couches minces ont encore un avenir dans ce grand marché du solaire photovoltaïque. « De notre côté, nous en sommes convaincus. Avec cette technologie, nous disposons d’une bonne gestion de la transparence. Notre valeur ajoutée, c’est d’ailleurs la semi transparence que les procédés physiques de pulvérisation cathodique du japonais Solar Frontier ne permettent pas. Cette caractéristique devient déterminante à l’heure du l’autoconsommation et du BIPV. Par leur esthétique et par leur potentiel sous éclairage diffus, les couches minces représentent des solutions très pertinentes dans le bâtiment, notamment par exemple en intégration verticale en façade » poursuit Pierre-Yves Thoulon qui se dit plus acteur du bâtiment que du solaire. Dans un rôle de conseil, Germain Gouraton, expert ès BIPV, apporte justement à Crosslux cette dimension bâtiment. Des majors comme Bouygues Construction sont déjà demandeuses de telles solutions. De plus cette technologie d’électrodéposition est très avantageuse en termes de coûts par rapport au CIGS classique, que ce soit pour le CAPEX ou l’OPEX, elle nécessite moins d’énergie et affiche un meilleur taux d’utilisation des matériaux. Autant d’arguments susceptibles de faire venir quelques investisseurs autour de la table !
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