Les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent un niveau record tandis que se creuse l’écart entre l’ambition des politiques climatiques et leur mise en œuvre. N’en est-il pas assez de regarder ailleurs…
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La mise en œuvre des politiques climatiques par les pouvoirs publics ralentit, ce qui creuse l’écart entre l’action publique et les engagements dans le domaine du climat. D’après le Cadre de mesure des actions et politiques climatiques (CMAPC) sur lequel se fonde L’Observateur de l’action climatique 2025, le nombre et la rigueur des mesures climatiques n’ont augmenté que de 1 % en 2024, confirmant une perte de vitesse depuis 2022.
Entre trajectoires et objectifs, les écarts se creusent
L’Observateur de l’action climatique 2025 montre qu’en 2023, les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) de 50 pays membres et partenaires de l’OCDE étaient supérieures de 8 % (soit environ 2.5 Gt éq. CO₂) au niveau requis pour rester sur une trajectoire compatible avec les contributions déterminées au niveau national (CDN) pour 2030. Cet écart se creuse encore lorsqu’on examine les trajectoires qu’il faudrait suivre pour atteindre les objectifs de neutralité carbone visés à long terme. « L’action climatique est clairement bénéfique pour nos écosystèmes, nos sociétés et nos économies, notamment parce qu’elle renforce notre résilience face aux risques climatiques », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. « Pour concrétiser ces bénéfices, les pays devront redoubler d’efforts en vue de tenir leurs engagements, et opter pour une panoplie de mesures ambitieuses appropriée, correspondant à leur situation spécifique et à leurs objectifs climatiques. »
Les transports toujours autant émetteurs…
L’examen de la situation des différents secteurs met en évidence l’ampleur de la tâche à accomplir. Le secteur de la production d’électricité et de chaleur et celui des transports demeurent les principales sources d’émissions. Depuis 2015, les pays membres de l’OCDE ont surtout réduit les émissions imputables à la production d’électricité et à l’industrie, tandis que celles des transports n’ont pas diminué. Pour leur part, les pays partenaires ont vu leurs émissions augmenter, en raison d’une forte croissance économique et d’un recours persistant aux combustibles fossiles. Alors que 114 pays et l’Union européenne (UE) ont adopté un objectif de neutralité carbone, seuls 30 pays et l’UE, responsables collectivement de 17.7 % des émissions mondiales, l’ont inscrit dans leur législation. En l’absence de cadres juridiques plus solides, d’une mise en œuvre accélérée et d’une plus grande cohérence des politiques publiques, les engagements pris à ce jour ne permettront pas d’atteindre les objectifs de température énoncés dans l’Accord de Paris. Pour que l’évolution des émissions mondiales soit compatible avec les objectifs de limitation du réchauffement de l’Accord de Paris, il faudrait que leur baisse entre 2023 et 2035 soit comprise entre 39 % et 63 %.

