Tribune : Accélérer c’est bien mais savoir comment le faire c’est mieux…et avec les élus locaux

Par Clément Mabire, Directeur Général de Nouvergies, société française de production d’électricité verte

Alors que la loi d’accélération des ENR votée le 10 mars 2023 commence à prendre forme au travers des différents décrets, force est de constater que de nombreux élus s’interrogent sur la déclinaison opérationnelle de ce cadre réglementaire. Depuis le mois d’avril, je me suis fixé l’objectif de rencontrer les députés, sénateurs, représentants des conseils départementaux et régionaux (qui sont souvent des élus communaux) des territoires sur lesquels Nouvergies porte un projet de développement. Mon souhait est de partager une vision pratique et concrète de nos besoins en tant qu’opérateur et de ce qui semble essentiel en matière de stratégie énergétique à l’échelle de chaque commune.

Enfonçons des portes ouvertes, … mais le développement de projets ENR dépend avant tout des ressources naturelles disponibles localement et des opportunités foncières. Une région plus ventée qu’ensoleillée, un cours d’eau déjà équipé d’un seuil non utilisé, une plaine sans habitation à moins de 1km, une friche industrielle, un terrain vague ou dépôt sauvage, une ancienne décharge, un terrain communal inexploité, … les opportunités pour accélérer sont présentes sous vos yeux. Nouvergies porte l’idée que chaque territoire dispose d’un potentiel de production d’électricité verte et que chacun doit prendre sa part de responsabilité pour répondre à l’urgence environnementale.

Certains élus ont connu en 2005 la mise en place des ZDE : Zones de Développement Éolien, abrogées en 2013 et force est de constater que les Zones dites désormais « d’Accélération » ne seront qu’une remise au goût du jour de ce travail de coordination territoriale déjà engagé. Ainsi chaque élu pourra ou devra désormais contribuer au plan départemental régi par un préfet ou sous-préfet, dédié à ce programme énergétique et qui répondra, souhaitons-le, à une obligation de résultat. Si tel n’était pas le cas, nous ne pourrions que constater que la poursuite de cette accélération, déjà bien entamée, dépend plus de la ténacité des opérateurs que d’un énième cadre réglementaire. Soyons optimistes, celui-ci sera le bon !!

Produire de l’énergie c’est bien, la transporter c’est indispensable… Or, notre capacité à raccorder les centrales de production d’énergie au réseau Enedis et RTE est très limitée à court terme car nos infrastructures de transport sont en grande partie saturées. Le premier décret de la loi s’est ainsi axé en priorité sur une accélération du déploiement de nouveaux réseaux, préambule indispensable sauf à repenser notre système énergétique d’une façon encore plus décentralisée. Nouvergies s’est penchée sur la question et propose à chaque commune de France, des centrales solaires au sol de 990 kW répondant aux besoins de la consommation d’environ 300 habitants.

Constatant désormais la fulgurance de notre accélération collective, il ne manquait plus qu’à décrédibiliser l’idée que les élus locaux devaient, en responsabilité, être au cœur de cette machine à produire des électrons verts. Le corps législatif ambitionne de renforcer localement les démarches d’études et de décisions beaucoup plus « citoyennes » sans apporter les outils, les informations objectives et les compétences territoriales. Allons-nous passer par des référendums locaux alors que les maires et leurs conseillers sont en droit de décider. Nos démarches déjà très concertées, portées souvent par les élus et les opérateurs ENR sont de plus en plus complexes face à la défiance de certaines minorités refusant toute évolution de notre système énergétique.

Chez Nouvergies nous sommes convaincus que les élus locaux des communes seront les plus affutés pour porter et décider des zones d’exclusion ou celles propices, à l’accélération. Nous défendons depuis 20 ans l’idée que la position des élus doit être au cœur des préoccupations et des décisions des services de l’état en matière d’aménagement énergétique et que chaque préfet devra considérer demain autant la position et le choix des élus que celle de ses services en charge de l’instruction des dossiers.

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