Le bureau d’études Tecsol porte avec d’autres partenaires un projet d’autoconsommation collective dans le cadre de la solarisation d’un bâtiment social à Mayotte dans le cadre du projet européen H2020 MAESHA. Une initiative qui pourrait essaimer sur d’autres îles européennes !
Mayotte concentre à elle seule de nombreux enjeux contemporains (démographiques, sociaux, environnementaux et énergétiques) et la volonté de trouver collectivement des solutions à ces multiples défis. Au lendemain du cyclone CHIDO, grâce à la mobilisation exceptionnelle des équipes EDM (Electricité de Mayotte) et aux renforts venus de métropole et d’outre-mer, le courant a pu être rétabli sur l’ensemble de l’île. EDM poursuit également le déploiement progressif des compteurs communicants afin de faciliter l’intégration des énergies renouvelables et de solutions de flexibilité réseau ce qui est l’objectif partagé par le projet MAESHA.
Autoconsommation collective : une première à Mayotte !
Et justement, suivant cette dynamique, la municipalité de Koungou, à Mayotte, a initié dès 2019 des actions concrètes de lutte contre l’habitat précaire avec la construction en 2023 de 10 logements sociaux modulaires sur le talus de Majicavo Koropa. Dans la continuité de cette démarche, les partenaires du projet MAESHA (TUB, HUDARA, EDM, CGRID, TECSOL) ont réalisé les études, démarches administratives et techniques permettant l’installation de six kits solaires de 3 kWc. « Le prochain objectif est de définir avec SOLIHA, bailleur social et Personne Morale Organisatrice (PMO), la convention d’autoconsommation collective pour le partage des économies d’énergie avec l’ensemble des locataires participants. Ce sera une première à Mayotte » précise Jean-Noël Garderet, ingénieur recherche et innovation de Tecsol. Le bureau d’études, pionnier historique du solaire, accompagne également sur la métropole les collectivités, bailleurs sociaux et acteurs privés dans leur projet d’autoconsommation collective.
Créer une synergie auprès de l’ensemble des îles européennes
Et quid sur les autres îles européennes ? Les îles de La Réunion, Saint-Barthélémy, Gozo, Gran Canaria, Favignana et Madère, partenaires du projet H2020 MAESHA, participent sur leur territoire à cette dynamique de transition énergétique avec le déploiement d’énergies renouvelables, de mobilité électrique et de projets de flexibilité du réseau électrique. Afin de créer une synergie auprès de l’ensemble des îles européennes, l’organisation Greening the Islands Foundations organise du 29 au 31 octobre prochains à Gozo à Malte la 10ème édition de sa conférence internationale sur les thèmes de la gestion durable de l’énergie, de l’eau, de la mobilité, des déchets, de l’agriculture, du tourisme pour les îles. Et pourquoi pas de nouvelles opérations d’autoconsommation collective sur des îles méditerranéennes ou atlantiques ?
Encadré
Quid de H2020 MAESHA ?
Les énergies renouvelables représentent une importante opportunité pour les 2400 îles de l’Union Européenne de réduire leur forte dépendance des vis-à-vis des importations de combustibles fossiles et le coût élevé de l’énergie qui en résulte. Lancé en novembre 2020, le projet MAESHA déploie les solutions de flexibilité, de stockage et de gestion de l’énergie nécessaires pour une large pénétration des énergies renouvelables dans les systèmes énergétiques des îles, ces dernières bénéficiant souvent de richesses éoliennes, solaires et forestières naturelles. MAESHA est l’acronyme de “deMonstration of smArt and flExible solutions for a decarboniSed energy future in Mayotte and other European islAnds” (Démonstration de solutions intelligentes et flexibles pour un futur énergétique décarboné à Mayotte et dans d’autres îles européennes), mais signifie également « avenir » en Shimaore, un des dialectes mahorais. Les partenaires de MAESHA développent une plateforme intelligente innovante qui regrouper de multiples services de flexibilité au réseau et qui permettra d’atteindre jusqu’à 70-100% de proportion d’énergies renouvelables dans le mix énergétique. Bien que les principales activités de démonstration soient prévues à Mayotte, son potentiel de réplicabilité sera étudié pour 5 autres régions insulaires européennes – qui représentent au total plus de 1,2 million d’habitants – et même au-delà de ces dernières via la conception d’un manuel d’utilisation permettant une réplicabilité à plus large échelle et donc des impacts plus importants.