Reportage/En 2021, l’équipementier suisse Meyer Burger se lance dans la fabrication de cellules et de modules

Après une augmentation de capital de 165 millions de francs suisses réussie l’été dernier et la vente pour 24 millions de francs suisses de sa filiale sa Muegge à une holding allemande, l’équipementier suisse spécialisé dans la fabrication de machines pour l’industrie du solaire s’est structuré financièrement pour lancer une production propre de cellules et de modules solaires. Autour d’un objectif : atteindre un tiers de la demande annuelle de nouveaux panneaux européens d’ici le milieu de la décennie et ainsi concurrencer l’industrie chinoise sur le sol européen. 

«Le fait que le monde laisse la production de panneaux solaires à la Chine est un vrai problème» déclarait récemment Gunter Erfurt, directeur général de Meyer Burger. Depuis cet été, l’équipementier suisse travaille donc d’arrache-pied pour mettre en Å“uvre son nouveau modèle commercial en tant que fournisseur de cellules et de modules solaires à la pointe de la technologie Made in Europe. De l’amont vers l’aval de la filière, pour une reconquête industrielle face aux géants chinois du secteur !

Objectif : 5 à 6 GW à horizon 2025-2026

Pour ce faire, et après une augmentation de capital réussie, les responsables de Meyer Burger ont mis la main, suite à l’approbation des créanciers de Solarworld Industries, sur les bâtiments de l’ancien site de production de Solarworld à Freiberg, en Saxe, dans ce qui était appelée la Solar Valley à la fin des années 2000, quand l’industrie solaire européenne rayonnait encore. Le prix d’achat s’élève à 12 millions d’euros et comprend des bâtiments d’une superficie totale de 33 000 mètres carrés, des brevets et des droits de marque Solarworld. Dans le même temps, le contrat de location des bâtiments de l’ancien fabricant de cellules solaires Sovello avec des surfaces de 27 000 mètres carrés à Bitterfeld-Wolfen (Saxe-Anhalt) a également été définitivement signé. Ces opérations foncières vont permettre à Meyer Burger de convertir les infrastructures existantes et d’installer les dernières machines de production pour fabriquer les cellules solaires à haute efficacité grâce à la technologie exclusive d’hétérojonction. Ces cellules hautement efficaces seront quant à elles transformées en modules SmartWire. Deux étapes importantes ont ainsi été franchies dans le courant de l’été par Meyer Burger pour assurer le démarrage de la production au premier semestre 2021 de cellules et de modules solaires pour une capacité respective d’environ 400 MW ainsi qu’une montée en puissance de la croissance de capacité sur les sites avec un objectif de 5 à 6 GW à horizon 2025-2026. En outre, Meyer Burger acquerra un centre de logistique et de distribution existant au même endroit.

Un sacré pari industriel

À l’avenir, la technique d’hétérojonction «SmartWire» ne sera donc plus destinée qu’à l’entreprise, et non plus vendue à des tiers. Meyer Burger, qui a son siège à Thoune (BE), maintiendra la recherche et le développement de SmarWire et de la technologie cellulaire HJT en Suisse, notamment sur son site d’Hauterive (NE). « Désormais, nous gardons la technologie cellule pour nous. Selon le Franhaufer, doté de ce savoir-faire en hétérojonction, nous disposons de trois d’avance sur nos concurrents asiatiques. C’est tout l’enjeu de notre actuel déploiement industriel » précise Jean-Noël Wolff, nouveau directeur commercial France de Meyer Burger qui espère surfer sur la vague des appels d’offres CRE avec les modules SmartWire dès 2021. En fait, le «Green Deal» européen constitue le socle idéal pour ce sacré pari industriel. «Nous pouvons être compétitifs notamment grâce à un niveau élevé d’automatisation, qui réduit les coûts de main-d’œuvre. De plus, pour la vente en Europe, il n’y a pas les frais de transport depuis la Chine, qui représentent actuellement jusqu’à 10% du coût total des modules photovoltaïques, sans compter que cela augmente l’empreinte carbone des panneaux en provenance d’Exrême-Orient.» poursuit Jean-Noël Wolff. Meyer Burger compte également sur son avance technologique, qui devrait permettre un positionnement unique et une activité rentable et durable, avec des produits haut de gamme.

Encadré

Meyer Burger et le CSEM étendent leur collaboration pour le développement conjoint de nouvelles cellules et modules solaires

Meyer Burger Technology étend la collaboration existante avec le centre de recherche et développement suisse CSEM. Les scientifiques du CSEM et de Meyer Burger Research, la filiale en charge de la recherche et du développement, travaillent avec succès depuis plus de sept ans sur de nouvelles technologies pour la production de cellules et modules solaires à haut rendement. L’objectif de ce travail est le transfert des nouvelles technologies photovoltaïques vers la production industrielle de masse vers des rendements de fabrication moyens au niveau du module dépassant 24% et la réduction correspondante des coûts de fabrication. «Nous sommes très heureux de poursuivre notre collaboration avec le CSEM. Ils nous ont considérablement soutenus dans le développement de notre technologie propriétaire Heterojunction / SmartWire et ont apporté une contribution importante à la poursuite de la commercialisation de notre technologie», déclare Gunter Erfurt, PDG de Meyer Burger Technology Ltd. Le jalon actuellement atteint est le développement d’un procédé cellulaire qui atteint des rendements remarquables. Fraunhofer ISE a certifié un rendement de 25,4% pour les cellules solaires sur des plaquettes industrielles standard fabriquées au Meyer Burger Research Center à Neuchâtel, en étroite collaboration avec le CSEM. Il s’agit de l’un des rendements les plus élevés signalés jusqu’à présent sur les plaquettes industrielles. Le processus utilise des contacts à l’arrière pour convertir la lumière solaire supplémentaire en électricité et offre une perspective pour la fabrication simplifiée et compétitive de modules en silicium cristallin à très haut rendement. «Meyer Burger est un partenaire de confiance depuis de nombreuses années maintenant, et nous pourrions les aider à construire un portefeuille technologique incroyable. Cela leur permettra de jouer un rôle important dans la fabrication photovoltaïque au cours des prochaines années», déclare Christophe Ballif, vice-président du CSEM et directeur du CSEM PV Center. Matthieu Despeisse, responsable des activités modules et hétérojonction au CSEM, ajoute: «C’est un grand plaisir pour les nombreux scientifiques, ingénieurs et techniciens du CSEM de voir leurs projets et concepts mis en Å“uvre dans l’industrie. Notre équipe est très motivée à accompagner et accompagner Meyer Burger sur sa nouvelle voie “.

 

 

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