Raccordements PV en France : la douche froide après un premier trimestre 2017 calamiteux

Les chiffres sont têtus. Au 1er trimestre 2017, avec 82 MW raccordés, les raccordements photovoltaïques sombrent à leur plus bas niveau historique en France selon la 22ème édition de l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque qui traite de l’activité des installations photovoltaïques. Les représentants du think-tank France Territoire Solaire en tirent les conclusions !

Après une année 2016 achevée sur le plus bas volume jamais raccordé depuis 2010 (2010 correspondant au démarrage du photovoltaïque en France) avec 550 MW, la tendance reste baissière au 1er trimestre 2017 avec 82 MW raccordés, ce qui représente un des pires trimestres jamais observés. A titre de comparaison, 463 MW ont été raccordés au Royaume Uni sur la même période. A contrario, 2016 se confirme comme un « très grand millésime » au niveau mondial. Les statistiques mondiales confirment un volume raccordé en 2016 de 76 GW, battant le record établi en 2015 avec 51 GW, et faisant de l’énergie solaire la première source d’électricité pour les nouvelles capacités installées, devant l’éolien, le gaz, le charbon et autres modes de production d’électricité.

Les grandes installations en perdition

Ce 1er trimestre est marqué en France :

o par une légère reprise du segment des installations domestiques (<9 kW) avec un niveau faible (environ 20 MW), « contredisant » l'hypothèse d'une substitution par des installations en autoconsommation,
o par une nouvelle hausse du segment des moyennes toitures (9 à 100 kW) qui, depuis son décrochage fin 2015, se redresse et s'établit à 30 MW ce trimestre,
o par une stabilité du segment des grandes toitures (100 à 250 kW), à un niveau très bas (6 MW), segment où les volumes alloués par les vagues d'appels d'offres restent caractérisés par un taux d'abandon d'environ 40%,
o par la quasi-absence de raccordement sur le segment des très grandes toitures (250 kW à 1 MW),
o par une chute du segment des grandes installations (1 MW et +), s'inscrivant à 27 MW ce trimestre et marqué par l'absence de raccordement d'installations de plus de 5 MW.

30 à 50% des projets ne voient jamais le jour

Ces chiffres sont très préoccupants car l'espoir d'un redressement des raccordements en 2017 est douché par la piètre performance de ce 1er trimestre en France. Si cette tendance se poursuit, on peut estimer que seuls 9 GW seront raccordés à fin 2018, ce qui est en-deçà des objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l'Energie, qui fixait l'objectif solaire photovoltaïque à 10,2 GW. Derrière le constat « macro » de ce mauvais résultat trimestriel, le think-tank identifie plusieurs causes retardant le raccordement des projets ou leur abandon. Les appels d'offres étant jusqu'alors ouverts à des projets peu matures (permis de construire non obtenu), nous estimons que, selon les segments, 30 à 50% des projets ne voient jamais le jour. Les autres projets sont souvent retardés par les délais croissants d'obtention des autorisations administratives, par le temps de réponse à des demandes d'adaptations (prévues au cahier des charges du projet) comme à la suite de la défaillance de fournisseurs, par les délais de raccordement sans parler des projets qui attendent de trouver leur équilibre économique.

Absence de transparence

« Ces difficultés sont paradoxales, alors même que la Loi de Transition Energétique et ses textes d'application ont créé un cadre règlementaire se voulant favorable au développement des énergies renouvelables.
Dans la perspective de résoudre les blocages, on ne peut que vivement regretter l'absence de transparence qui entoure l'attribution des appels d'offres et la concrétisation des projets lauréats. L'absence de communication d'informations essentielles nuit à l'efficacité de la commande publique. Certains indicateurs sur les projets candidats et lauréats, comme la puissance par famille, le prix moyen par famille, le nombre de points du dernier lauréat, la puissance et le nombre de projets n'ayant pas son permis de construire au moment du dépôt de l'offre ou n'ayant pas constitué leur garantie bancaire permettraient d'adapter utilement les mécanismes de soutien. », précise Antoine Huard, Président du think-tank.

NB : les chiffres de cet Observatoire concernent la France continentale, ils sont légèrement différents des chiffres du CGDD, car l'Observatoire n'a pas accès aux données de raccordement et de file d'attente des entreprises locales de distribution (ELD), ces dernières n'étant pas publiées.
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