Quand Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle rencontre Jérôme Mouterde, DG de DualSun !

Mercredi 11 janvier, Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) a présenté son projet présidentiel. Suite à son intervention, le candidat écologiste a échangé avec Jérôme Mouterde, Directeur Général et cofondateur de la société DualSun, spécialisée dans l’énergie solaire photovoltaïque
et thermique, sur la place des énergies renouvelables dans 20 ans. Compte-rendu de l’échange !

Quelle est pour vous l’importance et l’urgence du développement des énergies solaires ?

Yannick Jadot : L’objectif acté à Paris lors de la COP21 de limiter notre réchauffement bien au-dessous des 2°C, avec l’objectif d’atteindre les 1,5°C, signe la fin de nos économies carbonées. La bonne nouvelle, c’est que la réalité économique est de notre côté : l’effondrement des coûts des renouvelables crée une occasion historique de construire un système d’énergie propre, durable, à un prix abordable, une formidable opportunité industrielle avec des centaines d’entreprises et centaines de milliers d’emplois à la clé. La chute des coûts de production ces dernières années qui devrait se poursuivre – va faire des énergies solaires les plus compétitives, beaucoup moins chères que les énergies fossiles et nucléaires et les plus accessibles (intégration au bâti, au vitrage, à l’acier). Le solaire, c’est aussi une révolution citoyenne. Finies les énergies centralisées, opaques, liées aux dictatures, organisées sur la rente. Accessible individuellement et collectivement, sur tous les territoires, le solaire est l’énergie de tout le monde, y compris – et ce n’est pas rien – des plus pauvres qui jusqu’à maintenant n’avaient pas accès à l’électricité.

Jérôme Mouterde : Contrairement aux idées reçues, le solaire a deux atouts. D’une part, il est accessible économiquement grâce à la baisse drastique du prix des installations solaires qui a été divisé par 3 en 10 ans. D’autre part, les tarifs de rachat de l’électricité restent attractifs pour les usagers, et ce, bien qu’ils aient été revus à la baisse. De plus, gardons en tête que le solaire constitue un modèle économique très compétitif par rapport aux énergies carbones. L’efficience énergétique du solaire n’est plus à démontrer.
Par ailleurs, il me semble nécessaire de continuer à mener un travail d’évangélisation auprès de nos décideurs et de nos concitoyens afin qu’ils intègrent les avantages colossaux qu’apporteraient le développement l’énergie solaire. Le solaire est une solution écologique (on « décarbone » notre quotidien) et économique (par rapport aux énergies fossiles). Enfin, je rejoins Yannick Jadot sur la question de l’indépendance énergétique de la France ; c’est une question de sécurité énergétique nationale.

Quelle vision avez-vous du solaire dans 20 ans ?

Yannick Jadot : Dans mon programme pour l’élection présidentielle, je propose une France 100% renouvelable avant la moitié du siècle. Toutes les prévisions en matière de développement des énergies renouvelables, même les plus optimistes, ont sous-estimé la rapidité de leur déploiement et des innovations technologiques. Dans l’immédiat (le quinquennat), je propose que chaque village, chaque quartier s’équipe d’une installation solaire. Qu’un débat citoyen naisse autour de cette réappropriation locale de l’énergie, des besoins et des modes de production et de partage pour y répondre.

Jérôme Mouterde : La question de la réappropriation locale de l’énergie est effectivement inéluctable, d’autant que la démocratisation et l’accessibilité de l’énergie solaire va dans le sens de l’histoire. Dans 20 ans, le prix des panneaux solaires sera à un peu près le même que celui des tuiles ! Donc, il n’est pas audacieux de penser que toutes les toitures neuves seront composées de panneaux solaires, et qu’il y aura un « reflexe » solaire. Chaque foyer pourra produire localement. L’énergie sera décentralisée et renouvelable dans notre quotidien.

Yannick Jadot : Mais ce développement doit être assis sur une visibilité et une stabilité des politiques publiques. C’est ainsi que les stratégies individuelles et industrielles d’investissement seront réellement dynamiques. Le soleil n’appartient à personne et je refuse qu’une nouvelle géopolitique de l’énergie se mette en place parce que nous laisserions à d’autres l’hégémonie sur les équipements. Je veux asseoir notre politique d’énergie renouvelable sur les capacités fortes de R&D, d’innovation, de développement industriel à l’échelle de l’Europe et des territoires. L’énergie, que ce soit les économies, l’efficacité, les réseaux et la production, peut être un formidable vecteur de relocalisation de l’économie. Les marchés publics devront également inclure une préférence géographique. A l’échelle européenne, cela veut dire de sérieusement revoir les objectifs 2030 du paquet climat-énergie où l’objectif non contraignant et non réparti par pays de 27% d’énergie renouvelable est indigent au regard de notre potentiel. Le combat contre les vieilles énergies n’est pas terminé ! Dans 20 ans, je n’imagine pas qu’un seul toit plat, qu’une seule maison ou qu’un seul bâtiment ne soit pas autonome en énergie et fournisse ses surplus dans le réseau.

Jérôme Mouterde : D’ailleurs, j’imagine aussi que, dans 20 ans, les énergies solaires auront un rôle majeur à jouer dans notre mobilité (les véhicules seront de plus en plus électriques). Ces avancées se retrouveront également au niveau du logement. On peut imaginer des réseaux de chaleur beaucoup plus répandus avec des panneaux solaires qui chaufferont les quartiers en hiver. Le solaire intégrera notre quotidien.

Yannick Jadot : Et dans 20 ans, grâce à des politiques publiques adaptées, la gestion de notre énergie sera décentralisée, avec des citoyens qui reprennent en main leur destin énergétique, individuellement ou via des coopératives de l’énergie renouvelable qui fleuriront partout sur les territoires.

Jérôme Mouterde : Le développement des EnR passe indéniablement par une visibilité et un encouragement gouvernemental fort. Les industriels de la filière ont besoin d’une vision claire et stable. Par ailleurs, je pense que les politiques de subventions actuellement en vigueur n’auront plus, à terme, de raison d’être car l’énergie solaire va devenir la norme et ses tarifs vont continuer de gagner en compétitivité. Je le répète, le développement des énergies solaires ne passe pas forcément par une politique de subventions, et ce, quelque soit l’issue de l’élection présidentielle.
Plus d’infos…

Cet article est publié dans Actualités. Ajouter aux favoris.

Les commentaires sont fermés