Photovoltaïque : une filière exemplaire en matière de recyclage qui anticipe la croissance du parc

Par Marie Buchet, responsable Solaire, Syndicat des énergies renouvelables

Les énergies renouvelables se sont imposées comme l’alternative aux énergies fossiles préférée des Français. Ils attendent d’elles, plus que des autres énergies, qu’elles se montrent exemplaires en matière environnementale. Mais les idées reçues sont nombreuses et tenaces : ainsi, de nombreux Français demeurent convaincus que les panneaux photovoltaïques ne sont pas recyclés. Un point de vue très loin de la vérité  qui ne résiste pas à une analyse de fond !

La filière photovoltaïque peut s’enorgueillir des succès de sa gestion vertueuse et optimisée des équipements usagés, que ce soit au niveau de la collecte, du traitement ou encore du recyclage des panneaux, confiée à Soren (anciennement PV Cycle).

Principe « pollueur-payeur »

Les pouvoirs publics ont mis en place depuis 2014 les filières à Responsabilité élargie des producteurs (REP), découlant d’une Directive Européenne (2012/19/UE), qui permettent d’organiser la prévention et la gestion des déchets pour certains types de produits. La responsabilité élargie du producteur s’inspire du principe « pollueur-payeur ». Le dispositif de REP implique, en effet, que les acteurs économiques (fabricants, distributeurs, importateurs) sont responsables de l’ensemble du cycle de vie des produits qu’ils mettent sur le marché, de leur éco-conception jusqu’à leur fin de vie, explique l’ADEME. Dès 2014, la filière française a mis en place l’éco-organisme Soren, avec une première usine de recyclage des panneaux implantée à Rousset (Bouches du Rhône).

Plus de 94% des composants valorisés en moyenne

Pour un module photovoltaïque à base de silicium cristallin avec un cadre en aluminium, aujourd’hui, un peu plus de 94% des composants peuvent être valorisés en moyenne, après un processus mécanique de séparations des fractions. La première phase est dite de préparation : le panneau est démantelé manuellement pour récupérer son cadre en aluminium, son boîtier de jonction et ses câbles. Le reste du panneau est ensuite découpé en lamelles et broyé, puis passé au crible plusieurs fois. Au fur et à mesure des différents broyages, les différents matériaux sont séparés et récupérés : en premier lieu le verre (qui représente environ 68% de la composition moyenne d’un panneau), puis – en passant par plusieurs niveaux de crible – les composites mélangés et le cuivre, puis le silicium. Ces composants sont ensuite valorisés de plusieurs manières. L’aluminium et le cuivre, par exemple, sont envoyés chez un affineur de métaux pour être fondus et réutilisés. La fraction composite (environ 9% du panneau) est transformée en combustible solide de récupération (CSR) afin d’être valorisée énergétiquement. Le silicium, lui, est recyclé pour fabriquer de nouvelles cellules photovoltaïques ou des équipements électroniques.

Un volume considérable dans les années à venir : un enjeu pour le filière

À ce jour, 15 000 tonnes de déchets photovoltaïques ont ainsi été collectés. Alors que la première génération de panneaux arrivera en fin de vie dans les prochaines années, une nouvelle problématique surgit, concernant le volume à traiter. On estime que 150 000 tonnes de panneaux photovoltaïques auront atteint leur fin de vie utile d’ici 2030. Ce chiffre est amené à évoluer de manière exponentielle puisque la Programmation Pluriannuelle de l’Energie vise une puissance installée entre 35,1 GW et 44 GW en 2028 et que cet objectif implique de porter le rythme des raccordements à 3,3 GW / an d’ici à 2023, puis jusqu’à 4 GW / an entre 2023 et 2028. Avec une durée de vie d’environ 30 ans, le nombre de panneaux photovoltaïques arrivés en fin d’usage va augmenter considérablement dans les années à venir. C’est un enjeu pour la filière, qui s’est saisie de l’opportunité que représentent ces volumes attendus pour déployer à une plus grande échelle son système de collecte et de recyclage des panneaux photovoltaïques usagés. Pour les années à venir, l’éco-organisme de la filière a annoncé, en juillet dernier, avoir contractualisé avec trois opérateurs de traitement spécialisés dans la prise en charge des déchets électroniques : Galloo, implanté principalement dans le Nord de la France, Envie 2E Midi Pyrénées et Envie 2E Aquitaine. Les nouvelles unités locales de traitement, assurant un maillage plus fin des territoires, vont permettre d’anticiper et de garantir la couverture des besoins. En respectant un principe de proximité, elles vont également réduire l’impact environnemental de la collecte et créer de la valeur sur les territoires.

40% de l’emploi concernent des emplois en insertion

En effet, le recyclage des panneaux constitue une opportunité de structurer une véritable filière industrielle française, innovante et source d’emplois. En moyenne, en France, pour les filières de recyclage de déchets, 40% de l’emploi concernent des emplois en insertion. En outre, la filière a un rôle important à jouer dans la promotion de technologies contribuant à réduire les émissions de CO2 et produisant des matières premières secondaires permettant la fabrication de nouveaux produits. La mise en place d’une filière à haute valeur ajoutée passe notamment par le soutien des opérateurs, afin de développer des technologies de valorisation et de réutilisation pionnières et performantes économiquement, environnementalement et socialement. Une partie du chiffre d’affaires de Soren est ainsi affecté à des projets de recherche et d’innovation visant à améliorer en permanence la qualité du recyclage des panneaux. L’éco-organisme travaille en effet en collaboration avec les fabricants de panneaux photovoltaïques pour en améliorer l’écoconception, et faciliter in fine la réparation des panneaux et leur recyclage. Le développement de la collecte et du recyclage des panneaux photovoltaïques contribue ainsi à l’excellence d’une filière créatrice de valeur et d’emplois, au plus proche des territoires. En s’associant pour atteindre des objectifs ambitieux de collecte et de recyclage des panneaux, les acteurs du photovoltaïque démontrent en permanence leur engagement dans une démarche de développement durable au service de la transition énergétique.

 

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