Interview : “Et si la loi Climat et Résilience était le point de départ d’un avenir durable ?” Nicolas Wolff Vice-Président Boralex

Face à une année 2020 bouleversée par la crise sanitaire, chacun, entreprises et citoyens, a dû faire preuve de résilience et repenser son mode de vie pour un avenir plus durable. La Loi Climat et Résilience qui fait débat aujourd’hui témoigne de cette volonté collective de construire un monde différent et de fixer des objectifs à la hauteur des enjeux de demain. Actrice majeure de cette transition, la société Boralex, pionnière des énergies renouvelables, dresse le bilan du parcours réalisé depuis l’annonce de son plan stratégique en 2019, et présente les développements à venir et les perspectives du secteur de l’énergie. Tour d’horizon avec Nicolas Wolff, Vice-Président et Directeur Général Europe de Boralex!

PS : En juin 2019 vous dévoiliez votre plan stratégique à horizon 2023 puis 2020 est arrivée avec ses défis inattendus. Quel regard portez-vous sur la période ?

Nicolas Wolff : Avec une couverture de l’ordre de 30% des besoins énergétiques de la France pendant la crise, contre 20% en période “normale”, la Covid a démontré la résilience et l’essentialité des énergies renouvelables. Pour Boralex, l’année 2020, celle de notre 30ème anniversaire, a été dans toute sa complexité, marquée par de nombreuses réalisations. Malgré les périodes de confinements, nos chantiers ont su maintenir leurs délais. Nous avons tenu notre planning avec la mise en service de 4 parcs éoliens. Ce qui nous a permis d’atteindre, non sans fierté, le seuil du gigawatt installé en France. Cette augmentation n’est pas anodine puisqu’elle a entraîné une hausse de notre production d’électricité d’environ 8% par rapport à 2019. Aujourd’hui, Boralex alimente annuellement plus d’un demi-million de foyers français en énergie verte.

 

1er raccordement mixte photovoltaïque-éolien inédit en France

 

PS : Un état des lieux de votre plan ?

NW : Les 4 piliers de notre plan stratégique progressent et nos objectifs pour 2020 ont été atteints. En ce qui concerne notre pilier clientèle, nous avions l’ambition de commercialiser notre production en direct. Après la création d’un service dédié, nous avons concrétisé deux Contrats d’Énergies Renouvelables (ou “Corporate PPA”) – encore relativement peu développés en France – avec de grandes entreprises : Orange et Auchan Retail. Parmi les autres faits notables, retenons l’optimisation. Elle a été au cœur de 2020 avec le chantier de renouvellement mené sur le parc éolien de Cham Longe, le premier pour Boralex en France et le plus important de la filière à date. Par ailleurs, la diversification technologique, est incarnée, d’une part, par la mise en service de la 1ère unité de stockage d’énergie de Boralex en février 2020 et, d’autre part, par le 1er raccordement mixte photovoltaïque-éolien : une réalisation inédite en France. Enfin, notre croissance se poursuit. 4 de nos projets (Clé des champs,

Peyrolles-en-Provence, Mont de Bézard II et Extension Seuil de Bapaume) ont été retenus dans le cadre des appels à projets du Ministère de la Transition écologique. En parallèle, Boralex s’attache à progresser au-delà des EnR et se fixe en ce sens des objectifs RSE qui matérialisent une conviction profonde : celle de la résilience et de la durabilité.

 

PS : L’un de vos défis est aussi de développer votre présence dans le solaire. Que prévoyez-vous à ce titre, en 2021 ?

NW : 2020 a démontré tout le potentiel de l’énergie solaire, un potentiel qui s’accorde pleinement avec nos ambitions en France. En 2021, nos efforts se concentreront sur la construction de deux projets retenus dans le cadre des appels d’offres de 2020. La Clé des champs en Haute-Loire représente un véritable modèle de concertation territoriale, d’engagement des collectivités et d’acceptabilité des populations. La campagne d’investissement participatif conduite sur ce projet, le 1er parc photovoltaïque de Boralex en Haute-Loire (12,5 MW) et le plus puissant du département, a rencontré un franc succès dont nous sommes très fiers, avec près de 850 000 € levés localement.

Peyrolles-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône est situé ur une gravière en eau en fin d’exploitation, nous avons fait le choix du solaire flottant. Le 1er de ce type pour Boralex. 43 000 panneaux solaires, soit 14,7 MW, seront installés sur une structure flottante d’une emprise totale de 12,6 hectares.

 

L’éolien et le solaire joueront inéluctablement une place prépondérante dans la production d’électricité

 

PS : En 2020, les énergies renouvelables ont représenté plus d’un quart de la consommation électrique des Français, un record historique ! Quels sont, selon vous, les grands enjeux du secteur en 2021 ?

NW : Indéniablement la Convention Citoyenne pour le Climat qui a travaillé toute l’année 2020 et a accéléré une tendance sociétale de fond qui va être déterminante pour la décennie. Aujourd’hui 3 français sur 4 plébiscitent la nécessité d’un modèle de société sobre*. Continuer à avancer est donc incontournable pour assurer un avenir durable et de bien commun et, ainsi, permettre à notre pays d’atteindre ses objectifs en matière de réduction de CO2 d’ici à 2030 et vers une neutralité carbone en 2050 comme le souhaite l’Europe. Il passera nécessairement par plus de sobriété, plus d’efficacité et plus de renouvelable. Et cela tombe bien car 94% des français sont aujourd’hui favorables à leur développement**. En parallèle, RTE et l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) ont annoncé mi-janvier qu’un mix 100% renouvelable était possible. Les options du mix électrique français à l’horizon 2050 sont donc connus, tous comme leurs coûts. Quel que soit le scénario choisi par la France – avec ou sans nucléaire –, l’éolien et le solaire joueront inéluctablement une place prépondérante dans la production d’électricité. Préparer le réseau électrique plutôt que freiner l’essor de ces deux énergies soutenues par les citoyens est donc indispensable. Or, la réponse qu’elle apporte dans le cadre du projet de Loi Climat & Résilience – dont l’examen est en cours au Parlement – apparaît comme trop limitée face à ces enjeux. Il serait dommage que le Gouvernement ne saisisse pas l’occasion d’accélérer dès cette année.

*Sondage Elabe pour Les Echos

**Baromètre ADEME Les Français et l’environnement 2019

 

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