Gérer son autoconsommation d'énergie solaire au seul son de sa voix ? Tribune Grégory Lamotte, fondateur de Comwatt

Dans le cadre du CES 2018 à Las Vegas, un grand nombre d’innovations sont dévoilées. Le pilotage des appareils à la voix est la grande nouveauté. Progressivement tous les appareils vont devenir pilotable de cette manière. Dernière annonce en date, Comwatt, une start-up Française, pionnière de l’autoconsommation, vient d’annoncer a l’occasion du CES, qu’il est maintenant possible de faire des économies d’énergie avec sa voix. Est-ce la prochaine interface qui va remplacer les ordinateurs, les tablettes et les smartphones ? Est-ce un phénomène de mode qui va disparaitre dans 1 an ?

Imaginez un instant ce type d’échange :
Vous : Ok Google, quel est ma consommation électrique ?
Comwatt via Google Home : Aujourd’hui vous avez consommé 12 € d’électricité et produit avec le solaire 6 €, vous avez donc une autonomie de 50%, félicitations.
Vous : Ok, Google pourrais tu mettre le chauffage en mode économie ?
Comwatt via Google Home : Le chauffage est maintenant en mode économie.

Le pilotage par la voix via une enceinte connectée est plus simple et rapide que sortir son smartphone, taper son code de déverrouillage, chercher l’application, la lancer, attendre qu’elle se charge, chercher la réponse, cliquer. Cette facilité d’utilisation a-t-elle un prix ? Tout est-il rose au pays de la simplification à l’extrême ?
Aujourd’hui les Français posent beaucoup plus de questions aux GAFAM (Google Apple Facebook Microsoft) qu’à leurs collègues, amis ou à leur famille. Les GAFAM sont donc en charge de choisir une grande partie des informations qui construisent notre perception du monde. Comment en est-on arrivé là ?

Pour le comprendre, prenons un exemple simple, le navigateur GPS. La première fois que vous avez utilisé un GPS vous avez saisi une destination et l’appareil vous a conduit à destination. Une fois ou deux, vous avez décidé de ne pas suivre ces conseils et vous avez vite compris que même si le GPS n’est pas parfait, il est bien meilleur que vous. Et progressivement vous n’avez plus remis en question ses propositions et vous le suivez maintenant aveuglément. C’est ce même processus qui vous a conduit à faire confiance aux GAFAM pour répondre à vos questions. Leurs réponses sont imparfaites, tronquées, mais c’est les meilleures réponses que vous pourriez avoir instantanément.

Pour répondre à nos sollicitations, les GAFAM collectent, modélisent, interprètent et restituent des données selon les algorithmes qui ont fait leurs succès. Ainsi quand par exemple vous réalisez une recherche sur Google, Google recherche dans 30 000 milliards de pages web, les 10 réponses possibles à votre question et les restituent dans sa fameuse première page de résultat. Les professionnels qui utilisent internet pour commercialiser leurs produits savent bien que les résultats qui n’apparaissent pas dans les 10 premières réponses de google, n’existent pas. Google sélectionne donc pour vous les réponses possibles et vous propose 10 choix.

Quand vous posez une question à une enceinte connectée, les GAFAM ne vous proposent pas 10 réponses, mais une seule. Toutes les réponses qui sont au delà de la première, n’existent pas. L’interaction par la voix va donc simplifier à l’extrême notre perception. Quand il s’agit d’éteindre un chauffage ou de savoir combien vous avez économisé d’énergie grâce une installation solaire photovoltaïque, cela ne posera pas de problème de se laisser guider par la technologie. Mais l’excès de simplification ne va t-il pas trouver ici des limites ? Quel sera la prochaine étape de simplification des GAFAM une fois que toutes les questions du monde se résumeront chacune à une seule réponse ?

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