Fossile/Energies Renouvelables : le changement de paradigme se précipite selon Kingsmill Bond

Le think tank financier Carbon Tracker a récemment publié une nouvelle étude selon laquelle la demande mondiale en énergies fossiles pourrait connaître son pic et commencer à décroître au cours des années 2020, probablement autour de 2023. Cette dynamique, si elle n’est pas anticipée par les investisseurs, aura un impact « colossal » sur les marchés financiers au vu des 25 000 milliards de dollars d’infrastructures dont dispose le secteur. Ce rapport a été réalisé par Kingsmill Bond, stratégiste pour les énergies nouvelles de Carbon Tracker, qui dispose de plus de 20 ans d’expérience en tant qu’analyste et stratége actions, notamment chez Citibank et Deutsche Bank, à Londres, Hong-Kong et Moscou.

Un pic de la demande attendu autour de 2023

Au regard de leur croissance rapide, les énergies renouvelables pourront bientôt couvrir l’intégralité de la croissance de la demande mondiale en énergie, poussant les énergies fossiles vers le déclin. Actuellement, la demande de charbon, de gaz et de pétrole ralentit pour 3 raisons :

la chute du coût des énergies renouvelables et des technologies de stockage ;
l’investissement massif des puissances émergentes, Chine et Inde en tête, dans les énergies propres ;
la volonté politique de réduire les émissions de GES, de maîtriser le changement climatique et de réduire la pollution de l’air.

L’auteur note que la demande mondiale d’énergie devrait croître à un rythme de 1% à 1,5% par an, tandis que les énergies solaires et éoliennes croissent à un rythme de 15% à 20% par an. Dans ce contexte, le pic de la demande en énergies fossiles devrait intervenir entre 2020 et 2027, probablement autour de 2023.

Le risque de dévaluation des actifs liés aux énergies fossiles

Les secteurs affectés par cette transition (énergie mais aussi banque, biens d’équipement, transports et notamment automobile) représentent jusqu’à un quart des indices boursiers et des marchés de dette. L’auteur du rapport met en avant le risque systémique pour les marchés financiers qui devront « digérer » une grande quantité d’actifs dévalorisés (« stranded assets ») – un risque d’autant plus important que les entreprises des énergies fossiles disposent d’environ 25 000 milliards de dollars d’infrastructures. Kingsmill Bond, auteur du rapport et spécialiste de l’industrie financière, a déclaré : « La demande en énergies fossiles augmente depuis 200 ans, mais elle est sur le point d’amorcer un déclin structurel. Des secteurs entiers auront du mal à faire cette transition. Ils doivent se préparer à des baisses de prix, une concurrence accrue, des restructurations, une dévalorisation de leurs actifs et une chute de leur valorisation. »

Par exemple, dans le secteur électrique européen, le demande d’électricité issue de sources thermiques a connu son pic en 2007, alors que les renouvelables ne représentaient encore que 3% de la production totale d’électricité. La chute de la demande qui a suivi, accentuée par la crise financière, a fait subir au secteur près de 150 milliards de dollars de dépréciations d’actifs… A noter que cette évolution menace aussi les États dont la richesse repose sur les énergies fossiles, et notamment les douze pays où les énergies fossiles représentent au moins 10% du PIB, comme la Russie.
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