RTE a présenté, le mercredi 7 juin dernier, l’étude « Comprendre et piloter l’électrification d’ici 2035 ». A cet horizon, la consommation d’électricité devrait fortement augmenter en France pour se substituer aux énergies fossiles. La France peut y faire face, à condition d’accélérer le développement des énergies renouvelables, de maximiser la production nucléaire des réacteurs existants, d’accroître l’efficacité énergétique et de développer la sobriété. Décryptage !
RTE a confronté les hypothèses au regard des retours des parties prenantes dans le cadre d’une consultation publique, et des Français dans le cadre d’une enquête d’ampleur menée avec Ipsos. Il en ressort que les Français sont conscients du changement climatique et des évolutions de modes de vie que cela implique mais doivent être accompagnés.
L’électrification, un défi sociétal et industriel à relever dans les prochaines décennies
Les nouvelles trajectoires tiennent compte des grandes transformations intervenues au cours des dix-huit derniers mois (« Fit for 55 », guerre en Ukraine, réindustrialisation et relocalisation, avancement de la planification écologique et précision sur la trajectoire électrique). Notamment, les nouveaux objectifs, climatiques et industriels, européens impliquent de sortir plus rapidement des énergies fossiles, à la fois pour les entreprises (tertiaire et industrie), les services publics et les ménages. Ceci va entrainer une nette hausse de la consommation d’électricité à l’horizon 2035. Des consommations comprises entre 580 à 640 TWh à cette échéance sont possibles dans un scénario d’atteinte de tous les objectifs de décarbonation et de réindustrialisation. RTE a également étudié des scénarios avec une consommation électrique plus basse, jusqu’à environ 500 TWh. Même dans le cas le plus haut, la France dispose des moyens d’alimenter ces besoins en électricité par une production quasi intégralement bas-carbone d’ici 2035. Cela implique d’activer impérativement quatre leviers essentiels : l’efficacité énergétique, la sobriété, l’optimisation de la production du nucléaire existant et l’accélération du développement des renouvelables. Il s’agit d’une trajectoire d’accélération, avec quelques degrés de liberté mais peu de marge.
Les Français sont conscients de ce défi mais certaines conditions clés doivent être réunies
« L’électrification des usages en France est un défi industriel et sociétal à mener de concert et en urgence si nous voulons atteindre nos objectifs, particulièrement celui du Fit for 55 européen. Les Français sont conscients qu’un changement des modes de vie est nécessaire. Cependant, ils attendent de pouvoir disposer de solutions économiques et techniques adaptées, et une transition qui se fasse dans le respect des spécificités sociales et territoriales. Leurs aspirations sont une donnée d’entrée des travaux à mener pour se décarboner » assure Xavier Piechaczyk, Président du Directoire de RTE. Il existe en effet une réelle prise de conscience des Français sur le dérèglement climatique et la nécessaire transformation des modes de vie pour atteindre la neutralité carbone. Néanmoins, de nombreux freins restent encore à lever et des conditions clés doivent être réunies. L’enquête RTE-Ipsos reflète l’opinion des Français à date. Elle doit être traitée comme un fait et un « point zéro » pour répondre à la question : d’où partons-nous ? L’enquête permet de classer les actions en faveur de la transition énergétique en trois niveaux de difficulté :
Niveau 1 : Les Français sont aujourd’hui ouverts à certaines des transformations nécessaires, gestes de sobriété simples et changements d’équipements notamment, pour atteindre la neutralité carbone comme la poursuite des actions de sobriété mises en place durant l’hiver 2022- 2023, un premier niveau d’électrification du transport individuel et du chauffage, ainsi que le déploiement de moyens de production décarbonés pour remplacer les énergies fossiles.
Niveau 2 : Certaines transformations touchant plus particulièrement aux modes de vie sont envisagées par une partie des Français mais sont perçues comme plus difficilement accessibles en l’état, comme la réduction de l’usage de la voiture pour d’autres moyens de transport moins émetteurs de CO2, la réduction de la taille de la voiture, la rénovation des bâtiments et la réduction de la taille des surfaces des logements.
Niveau 3 : Certains changements des modèles de vie, envisagés comme des leviers pour atteindre la neutralité carbone sont, à ce jour, en net écart, avec les aspirations ou les désirs des Français et se heurtent à des freins culturels ou organisationnels importants. Il s’agit du renoncement au véhicule individuel, du partage des espaces de vie et de la bascule vers le logement collectif.
De façon globale, le volet économique et la question du pouvoir d‘achat ressortent très largement comme la préoccupation principale. L’enjeu de solutions adaptées aux situations de chacun, économiquement mais aussi territorialement, et perçues comme « justes », sont parmi les clés de l’électrification. « L’enquête auprès des Français a ceci de particulier qu’elle mesure des comportements et pas seulement des opinions. La taille des échantillons lui confère une robustesse et des possibilités d’analyse en profondeur. L’étude montre que le défi de la transition est globalement compris et admis mais qu’il y a une gradation dans ce qu’il est possible que les Français fassent et ce qui est difficile ou quasi impossible. Au-delà de la simple photographie, elle identifie aussi les leviers et les freins. C’est donc un outil inédit que RTE met à disposition et une aide à la décision et à l’accompagnement de la transition énergétique tout à fait unique. » ajoute Brice Teinturier, Directeur général délégué d’Ipsos en France.
Pour le SER, seules les EnR, sont capables, sur ce pas de temps, de couvrir cette augmentation
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Avec les ambitions de décarbonation et de réindustrialisation en ligne de mire, la prospective énergétique de RTE rappelle la nécessité de faire évoluer le système électrique français pour s’ajuster aux besoins électriques croissants. Les énergies renouvelables (éolien terrestre et solaire) sont les seules sources d’électricité décarbonée capables, sur ce pas de temps, de couvrir cette augmentation de consommation. Le SER salue le vaste travail de modélisation de RTE, qui après la publication de « Futurs énergétiques 2050 » en 2021, démontre une fois de plus sa capacité à présenter des scénarii énergétiques prévisionnels, à la fois neutres et transparents. Ces nouveaux scénarii à 10 ans permettent d’éclairer le débat sur la future loi de programmation énergie-climat, et mettent en lumière les enjeux de court terme afin d’assurer un équilibre entre l’offre et la demande électrique. Selon les prévisions de RTE, la consommation électrique de l’Hexagone devrait passer à 580 voire 640 TWh en 2035, alors qu’elle était de 460 TWh l’année dernière. La tension est donc bien réelle pour faire face à ces besoins croissants d’électrification. “Ouvrons les yeux sur la réalité de notre système électrique ! Pour répondre aux impératifs de décarbonation et de réindustrialisation, la France aura besoin de tous les gisements de production d’énergie disponibles. Les EnR électriques, telles que l’éolien terrestre et le solaire au sol, font partie de la solution : décarbonées et compétitives, ces solutions constituent un pilier de la stabilité de notre système électrique. Les ENR sont une chance pour notre pays.”, déclare Jules Nyssen, Président du SER. Le gestionnaire de réseau estime dans ce contexte qu’il faudra doubler la production des EnR d’ici 2035 pour couvrir cette augmentation de consommation. A plus brève échéance, d’ici 2030, seuls l’éolien terrestre et le solaire permettront à la France et à ses concitoyens de conserver un système électrique équilibré et stable. Dans son effort de réindustrialisation et de décarbonation, La France aura besoin de tous les gisements de production d’énergie disponibles, et les EnR en seront des facteurs de réussite. Rappelons que d’ici à 2050, les EnR devront être capables de couvrir près de 75% de la consommation énergétique française. Il est temps de donner un coup d’accélérateur !
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Méthodologie de l’enquête
Les éléments publiés ce jour sur l’électrification à l’horizon 2035 comprennent : – les enseignements de la consultation publique de RTE organisée en février et mars auprès de l’ensemble des parties prenantes ;
- l’analyse des résultats d’une enquête inédite, réalisée pour RTE par Ipsos auprès d’un échantillon de 11 000 à 13 000 personnes, sur l’appétence des Français à adopter des comportements favorisant la transition énergétique.
Ces travaux permettront l’élaboration du Bilan Prévisionnel 2035, articulé autour de trois scénarios, et dont la publication est prévue en septembre 2023. Dans une volonté de transparence et de robustesse, ces démarches permettront d’apprécier, en amont, la difficulté à réaliser les scénarii envisagés, les efforts à fournir ou l’importance des changements à réaliser pour les atteindre.