Enerplan : Un trentenaire qui ne résigne pas et fait des propositions

Quatre-vingt professionnels du solaire se sont déplacés vendredi 6 septembre 2013 au Palais de la Bourse de Marseille pour participer à l’Assemblée Générale du syndicat Enerplan mais aussi pour fêter les trente ans de cette « confrérie » de passionnés qui se bât contre vents et marées depuis les années 80 pour faire vivre le solaire en France. Le temps des souvenirs mais aussi celui de l’action pour tenter de relancer une énième fois une filière photovoltaïque malmenée. Entre bribes du passé et volontarisme du présent. Evénement !

La filière solaire dans son ensemble, thermique et photovoltaïque, vit des moments difficiles. C’est donc en rangs serrés que les professionnels ont participé à l’Assemblée Générale du Syndicat Enerplan le vendredi 6 septembre à Marseille. Une Assemblée Générale au cours de laquelle ont été soufflées les trente bougies solaires de l’association devenue syndicat en 2012. Et justement, par son histoire, Enerplan peut chercher dans le passé des raisons de croire à une résilience possible. Enerplan a ainsi survécu au contre-choc pétrolier des années 80 qui a vu l’énergie solaire devenir la grande oubliée des programmes énergétiques français atteints de nucléocentrisme. Avant de participer activement en 1999 au lancement du Plan Soleil porté par l’Ademe ou encore à l’instauration du tarif d’achat photovoltaïque bonifié par le gouvernement de Dominique de Villepin en 2006. Ont suivi des années d’euphorie totalement débridées durant lesquelles, Enerplan n’avait de cesse de mettre en garde le gouvernement contre une bulle spéculative engendrée par des tarifs d’achat trop élevés au regard de la baisse des coûts des matériels. Depuis 2010, Enerplan se bât contre les effets dramatiques d’un moratoire instauré pour rationaliser la filière solaire. Une rationalisation qui résonne comme un hallali !

Visibilité, pérennité et volume

Et Thierry Mueth, actuel président du syndicat de poser des chiffres crus sur cette réalité : « La filière est passée de 25 000 à environ 6 000 emplois. Alors certes, cette hémorragie ne fait la une du 20h00 à la télévision. Ce n’est pas une boîte de quatre cents personnes qui met la clé sous la porte. Ce sont des défections diffuses de petites PME ou TPE » analyse-t-il. Mais le mal est bien là. Et justement, à l’heure où la création d’emplois est un impératif national, le secteur de l’énergie solaire doit et peut inverser la tendance pour relancer une dynamique, afin de maintenir et recréer des emplois dans un secteur clé de la transition énergétique. Alors que les mesures dites « d’urgence » annoncées à l’automne 2012 se révèlent inadaptées pour relancer le secteur, les acteurs du marché photovoltaïque français ont aujourd’hui besoin de mesures « d’urgence » efficaces.
Thierry Mueth met ainsi l’accent sur trois fondamentaux qui sous-tendent la perspective d’une énergie solaire compétitive. « Nous prônons la visibilité, la pérennité et le volume. Un la visibilité. Il faut donner des perspectives aux investisseurs et industriels français du secteur. C’est un préalable. Deux la pérennité. Le gouvernement doit mettre en place une politique à qui s’inscrit dans une durée minimum de trois ans avec des règles stables et constantes. Enfin le volume. Le problème des industriels français, ce ne sont pas les capteurs chinois mais l’absence d’un marché domestique fort. Afin de poursuivre la baisse des coûts pour devenir compétitive, des volumes de puissance sont impératifs. L’ensemble du secteur de l’assemblage de panneaux français, ne survivra qu’à ce titre » assène le président.

Appels d’offres versus tarifs

Pour parvenir à respecter ces trois fondamentaux, Enerplan a proposé au gouvernement deux mesures phare. Le courrier est parti début septembre à l’adresse du ministère de l’écologie couplé à une demande de rendez-vous, si possible avant la Conférence Environnementale des 20 et 21 septembre. « Nous proposons la refonte du modèle économique et du niveau tarifaire pour le photovoltaïque sur bâtiment, en instituant une part d’autoconsommation. Pour l’heure, le pourcentage n’est pas acté mais l’on pourrait imaginer 20% sur le résidentiel et jusqu’à 80% pour les entreprises ». Autre proposition du syndicat dicté par l’urgence de la situation, le lancement avant fin 2013, d’un nouvel appel d’offres à vocation récurrente durant les trois prochaines années pour un volume de 1000 MW/an. « Le cahier des charges qui sélectionnera les lauréats doit rétablir une évaluation objective de la qualité et du contenu industriel des projets dans une logique impérative de compétitivité économique » poursuit Thierry Mueth. « La 2ème édition de la conférence environnementale organisée fin septembre par le Gouvernement doit acter la prise de conscience de L’Etat pour l’urgence d’une mise en Å“uvre de mesures effectives afin de maintenir les entreprises et les ambitions françaises pour un secteur solaire porteur d’avenir pour la croissance et l’emploi, tant en France que dans le monde » confie Thierry Mueth Président d’Enerplan. En ce vendredi 6 septembre, les propositions du syndicat Enerplan se sont également télescopées avec celles du parti des Verts qui préconise l’abandon pur et simple des appels d’offres et une régionalisation du tarif pour un marché annuel de 1500 MW. Certains membres d’Enerplan ont ainsi demandé au syndicat de porter une attention particulière au mécanisme proposé. Pour Thierry Mueth, qui aurait aimé entendre les Verts plus tôt sur ce sujet, ces propositions représentent bien entendu un axe très intéressant de relance de la filière. « Mais pour l’heure, l’urgence n’est-elle pas de favoriser les dispositifs d’appel d’offres déjà en place pour gagner du temps tout en restant bien sûr très attentifs à ces propositions des Verts que nous pourrions relayer » conclut Thierry Mueth. Chacun espère en tous les cas que le débat sera vite tranché notamment lors de la conférence environnementale de septembre. Le temps presse et Enerplan aimerait bien faire de cette année anniversaire celle du tremplin de la renaissance pour les trente ans à venir !

Quatre présidents pour refaire l’histoire et la poursuivre

Pour ses trente ans, le syndicat Enerplan avait convié trois de ses anciens présidents pour évoquer la belle aventure de ces professionnels du solaire. A ses débuts, Enerplan était en fait une association qui répondait au nom d’Hélioplan créée en 1983. Hélioplan, dont le premier président fut monsieur Salvador de la société Salva Eclair, est devenue l’association Enerplan en 1998 avant de devenir syndicat en 2012. Dans l’ordre chronologique des présidences, chacun a fait parler son expérience pour l’exploration de nouvelles voies et pour relever de nouveaux défis Jacques Giordano a ainsi plaidé pour que l’on n’oublie pas le solaire thermique. « Il va vivre une seconde jeunesse avec le développement des produits hybrides thermiques + PV. Il faut insister sur l’hybridation » a-t-il souligné tout en soulignant une longue vie à Enerplan. Christian Cardonnel a évoqué le solaire bioclimatique allié pertinent de l’efficacité énergétique. Quant à André Joffre, après avoir rendu hommage aux permanents qui abattent un travail remarquable, il a loué le bon esprit qui règne au sein du syndicat, « une confrérie qui devrait nous permettre de faire face, encore une fois, à l’adversité avec succès ». Enfin, le président actuel, Thierry Mueth, a usé de la métaphore footballistique pour faire état de la continuité de l’action menée : « J’ai beaucoup de respect pour tout ce qui a été accompli par les présidents qui m’ont précédé. Ils m’ont passé la balle dans de bonnes conditions. Le nouveau président que je suis ne doit pas rater le but ».

Six nouvelles têtes au Conseil d’Administration d’Enerplan

Six nouveaux administrateurs représentants les membres actifs sont venus rejoindre le Conseil d’Administration d’Enerplan ce qui montre la dynamique du syndicat :
Les nouveaux entrants sont : EOLE RES repr̩sent̩ par Philippe ETUR, GENERALE DU SOLAIRE repr̩sent̩ par Daniel BOUR, SOLAIRE 2G РDUALSUN repr̩sent̩e par Laetitia BROTTIER, LARIVIERE, repr̩sent̩ par Roch BRANCOUR, SOLAIRE DIRECT repr̩sent̩ par Amaury KORNILOFF et SOLARDIS repr̩sent̩ par Jacques ROBERT.
Ils rejoignent ACD2 représenté par Eric MICHEL, CARDONNEL Ingénierie représenté par Christian CARDONNEL, CLIPSOL représenté par André JEAN, CORUSCANT représenté par Thierry MUETH, DE DIETRICH THERMIQUE représenté par René SCHMITT, EKLOR représenté par François GIBERT, HADES représenté par Pierre GUEDJ, SMA représenté par Pierre GENIN, SOLARIAL représenté par Michèle LAMOTHE
SUNPOWER FRANCE SAS représenté par Pascal CHOFFEZ, TCE SOLAR représenté par Germain GOURANTON, TECSOL, représenté par André JOFFRE, VAILLANT GROUP France représenté par Aymeric CHASTANET
L’administrateur représentant les membres associés n’est autre que SOLAIR PRO représenté par Pierre CHALUMEAU et l’administrateur représentant les membres d’honneur est GDF SUEZ représenté par Eric PERRAY.
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