Edito/Prise de conscience

En ce début d’année 2017, un point de vue paru dans le journal Les Echos a particulièrement retenu l’attention des professionnels du solaire. Il était signé de Marc Boillot, directeur à l’action régionale à EDF. Son titre : « Le solaire peut-il tout emporter dans l’énergie ? ». Et il faut dire que le constat dressé par ce haut cadre de l’entreprise publique d’électricité montre combien les lignes, et pas qu’électriques d’ailleurs, sont en train de bouger au sein même de l’institution. De quoi ravir les laudateurs de la chose solaire ! Morceaux choisis.

« Les grandes centrales nucléaires ou thermiques destinées à fonctionner en base sont challengées par le modèle électrique décentralisé, plus flexibleLes citoyens sont séduits par ce modèle décentralisé. Ils sont prêts à payer plus cher pour avoir de l’électricité solaire. Ils souhaitent pouvoir devenir acteurs du système électrique en agissant au bon moment sur leurs appareils électroménagers en reportant ou en réduisant leur consommation, en chargeant leur voiture électrique lorsque le soleil brille ».

Bien au-delà de l’approche disruptive technologique et organisationnelle, Marc Boillot prend conscience que ce changement de paradigme relève avant tout d’une mutation profonde de comportement qui se profile à l’horizon énergétique de la planète. Un horizon où les structures hiérarchiques verticales, fermées sur elles-mêmes et figées en silo, devront laisser la place, non sans répercussion sur leur modèle, à un mode horizontal tourné vers les clients, à la fois agile et ouvert à la collaboration interne et externe. « C’est un défi immense, car les freins sont nombreux » précise Marc Boillot qui énumère les artefacts dirimants comme la vision trop technocratique de l’entreprise, le manque d’autonomie sans parler de l’inertie des jeux de cour et de territoires qui neutralisent les meilleures volontés.

Pour Marc Boillot, il est désormais urgent pour EDF de sortir de ce paradoxe dans lequel le groupe s’est enfermé, celui de faire perdurer des structures hypercentralisées dans un monde qui devient de plus en plus décentralisé. « Il y a nécessité impérative de soutenir les innovations, la prise de risque et la créativité » conclut-il. Avec en filigrane l’irréfragable fatalité de voir les Gafa, les majors mondialisées du numérique, rafler la mise tant l’énergie est aujourd’hui devenue consubstantielle du digital !

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