Edito/Les Trente Glorieuses du solaire

Toutes les planètes semblent désormais alignées. La fusée solaire peut enfin vraiment décoller. Il y a eu déjà quelques frémissements lors du premier semestre 2021. En six mois, 1 367 MW supplémentaires ont été raccordés contre 431 MW au cours de la même période en 2020 pour porter la puissance du parc solaire photovoltaïque à 12,6 GW fin juin 2021. Cette très forte augmentation s’explique par une hausse du nombre de raccordements mais aussi par une proportion élevée de raccordements de centrales de fortes puissances. La production d’électricité d’origine solaire photovoltaïque s’élève à 7,6 TWh au cours du premier semestre 2021, en hausse de 9 % par rapport au même semestre de 2020. Elle représente 3,1 % de la consommation électrique française sur cette période.

 

Ce rythme effréné devrait désormais se poursuivre et même s’accélérer dans les  prochaines années. Et les raisons sont multiples. Systémiques d’abord. L’urgence planétaire pour sortir au plus vite des énergies fossiles pour lutter contre les changements climatiques se fait de plus en plus prégnante.   La flambée des coûts de l’énergie pèse également de plus en plus sur le budget des ménages. Dans ce contexte, la percée de l’énergie solaire, énergie renouvelable propre et oh combien compétitive, apparaît comme inéluctable. Les projets d’autoconsommation individuelle ou collective qui permettent à la fois de pallier les émissions de gaz à effet de serre et de modérer les factures d’énergie tout en fixant les prix des kWh dans le temps répondent, à merveille, à la double problématique, climatique et économique.

 

Et puis, il y a les raisons plus administratives avec la levée de quelques carcans qui étaient volontiers dirimants à l’épanouissement de la filière. A ce titre, la récente publication de l’arrêté S21 sur le guichet ouvert jusqu’à 500 kWc avec un tarif attractif de 98 € le MWh donnera un formidable coup de booster à l’activité. De nombreuses modifications ont ainsi été apportées pour fluidifier les parcours de développement des projets. La ministre de la transition écologique Barbara Pompili s’est fendue d’un plan d’action présentant dix mesures fortes pour accélérer le déploiement du photovoltaïque, entre accompagnement, simplification et obligation.

 

Reste enfin la volonté politique. Celle qui pourrait donner un tout autre destin encore à l’énergie solaire. Trois des scenarii du dernier rapport RTE, largement documenté, évoquent la faisabilité d’un mix 100% renouvelable à horizon 2050 avec à la clé une massification des installations solaires sur l’ensemble du territoire national. Le débat est ouvert. Un virage vers le 100% renouvelable, porté par une ambition politique forte, autour d’une véritable stratégie industrielle créatrice d’emplois non délocalisables, est possible. Il signerait définitivement l’entrée du solaire dans ses Trente Glorieuses. En cette période d’élection à venir, une telle perspective peut devenir un critère de choix capital pour sublimer le destin énergétique du pays…

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