Corine Lepage lance VGV (Volt Gaz Volt), la solution à l'intermittence des énergies renouvelables

Corine Lepage, avocate spécialiste des questions environnementales et ancienne Ministre de l’environnement de 1995 à 1997, et Robert I. Bell, professeur et président du département finance, Brooklyn College, New York,

ont présenté le jeudi 28 mars le Projet Volt Gaz Volt (VGV):« La réponse crédible au nucléaire ! ». Quid de ce projet VGV ? Il apporte la preuve que l’électricité produite par l’éolien et le photovoltaïque, transformée en méthane, peut être stockée et réutilisée comme source d’énergie! Il s’agit de la première alternative crédible qui permettrait la sortie progressive du nucléaire et du fossile pour un modèle énergétique sûr, puissant et indépendant.

La solution technique proposée consiste à coupler la progression des énergies renouvelables avec une solution de stockage de l’électricité qui, transformée en méthane, peut être stockée dans le réseau de gaz existant. Elle sera ensuite réutilisée soit comme carburant dans le transport, soit dans des centrales de cogénération fournissant électricité et chauffage. Aujourd’hui, le principal obstacle à un déploiement massif de ces deux grandes technologies d’énergie renouvelable (éolienne et photovoltaïque) est l’intermittence de leur énergie. Parfois ils produisent en excès, parfois pas assez. Stocker l’excédent est évidemment la clé de la transformation technologique.

Ce système peut stocker de l’énergie pendant des mois, suffisamment longtemps pour traverser des périodes de chaleur ou de froid, de manque de vent ou de soleil, et peut être utilisé presque partout. Aucun autre système n’offre de telles possibilités. Le stockage de l’eau pompée est limité dans son application aux zones surélevées permettant un pompage à grande échelle. L’air comprimé dans des formations souterraines est limité généralement à deux jours. Le meilleur système à grande échelle pour une batterie, la batterie NGK isolant NAS, peut stocker un certain nombre de mégawatts, mais seulement pendant six heures. Toutefois, cette batterie fonctionne déjà et est disponible à la vente au coût de 3,5 millions à 4 millions $ par MW.

Quel réseau d’usines installer pour stocker le surplus d’électricité à partir d’éoliennes et d’installations solaires pour remplacer une centrale nucléaire? L’efficacité du processus de VGV devrait être croissante dans la mesure où il ne s’agit que d’une nouvelle application de la technologie existante. Il est donc impossible aujourd’hui de donner une moyenne comme réponse à la question. Mais, certaines précisions peuvent être apportées. La France a une carte spécifique à jouer qui pourrait améliorer le retour sur investissement et l’accélération du développement des énergies renouvelables.

Si la France veut sortir du combustible nucléaire et fossile, des investissements massifs dans les énergies renouvelables, éolienne et solaire, seront nécessaires indépendamment du fait que la France utilise la méthode VGV ou non. Avec VGV, est stockée une énergie qui serait autrement perdue et les infrastructures de production d’ENr pourraient être moins importantes même si les coûts restent élevés. Greenpeace et d’autres ont évalué le coût du 100% énergie renouvelable. Nous n’entrerons pas dans ce débat des coûts si ce n’est pour préciser l’intérêt de VGV qui a chacune des étapes puisque aucune production d’Enr ne sera perdue. La technique VGV est fiable pour l’approvisionnement continu. Il faut souligner que deux grandes entreprises françaises, Alsthom et Schneider Electric, et le groupe Belge Solvay Rhodia à travers leur société de capital-risque détenue conjointement Aster Capital, ont pris une participation de 4 M € dans SolarFuel, ce qui en fait le plus gros actionnaire après le fondateur. Ils ont annoncé leur participation, le 4 Octobre 2012 dans cette société créée avec 100% de fonds propres. Elle construit avec Audi l’usine de 6,3 MW, destinée à produire de l’e-fuel.

Les entreprises allemandes potentiellement partenaires de la France

Le projet est assez avancé en Allemagne, selon l’agence de développement économique de la république fédérale d’Allemagne (DENA). Une usine à gaz pilote de 25 kW de puissance fonctionne depuis 2009 sous la responsabilité conjointe du centre pour l’énergie solaire et de recherche sur l’hydrogène de Bade Wurtemberg (ZSW), en partenariat avec SolarFuel GmBH et l’Institut Fraunhofer pour l’énergie éolienne.
Le Centre pour l’énergie solaire et recherche sur l’hydrogène de Bade-Wurtemberg, une autre installation de démonstration, sous forme d’un centre de recherche d’une puissance de 250 kW d’énergie électrique a été ainsi achevée en décembre 2012. Cette installation de démonstration fournit un produit standard de gaz naturel qui est aujourd’hui certifié comme substitut de gaz naturel. Cette réalisation a du reste valu au consortium en 2010 le prix de l’innovation de l’industrie gazière allemande et de la protection du climat

Aujourd’hui, un organisme de coopération ZSW qui rassemble SolarFuel GmBH et IWES est responsable du développement du processus. IWES supervise le raccordement au réseau et Solar Fuel assume la responsabilité de la commercialisation. Cependant, une autre organisation pourrait être envisageable. Pour l’inventeur du procédé, Michael Sterner, le procédé de fabrication du gaz à partir de l’électricité (VGV) est dans le domaine public et ainsi ce développement majeur dans les énergies renouvelables pourrait être assimilé à un logiciel open source.

De plus, la France pourrait s’inspirer du fonctionnement de l’agence allemande de l’énergie, elle-même acteur essentiel dans le développement de l’e-fuel. Cette agence est organisée comme une société privée, détenue à 50 % par le gouvernement fédéral et à 50% par une série de banques allemandes: la KfW Bankengruppe (26%), Allianz SE (8%), Deutsche Bank AG (8%), et DZ BANK AG (8%). DENA a mis en place une plate-forme consacrée au substitut du gaz pour que les partenaires industriels puissent échanger des informations et partagent leur expérience. GDF / Suez fait partie des partenaires, même si en l’état, sa participation semble se limiter à une simple discussion avec les participants de la Plateforme.

L’objectif de cette solution est que celle-ci soit testée dans des projets pilotes et de démonstration afin que soit mis en place un produit économiquement viable à l’échelle industrielle. La première installation industrielle de petite envergure (6,3 MW) de transformation de l’électricité en gaz est actuellement en construction dans le nord de l’Allemagne par Audi, en collaboration avec SolarFuel et EWE (un utilisateur de biogaz). Les coûts actuels de production sont élevés -environ 25 centimes d’euro par kWh de gaz produit. L’objectif est de faire tomber le coût à environ 8 centimes d’euro par kWh en 2018. Pour comprendre l’enjeu de cet objectif, il est nécessaire de le comparer avec le prix des importations de gaz russe, en tenant compte des coûts de transport, qui est aujourd’hui à environ 4 à 5 centimes d’euro par kWh (2 centimes d’euro sans le transport). Mais nul ne sait ce que sera ce prix en 2018. En outre, toute taxe carbone rendrait le gaz importé plus cher. A contrario, l’intégration du CO2 dans le cycle de production fera baisser le prix. Le coût d’investissement de la première usine serait compris entre 20 et 30 millions d’euros.

A terme, VGV pourrait être le nouvel Airbus européen !

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