Canicule et usage intensif des climatiseurs : les limites du nucléaire, le solaire à la rescousse

Selon RTE, la consommation d’électricité en France a bondi de 13% lundi 30 juin dernier par rapport à la même date il y a un an. Un boom de consommation qui se poursuit cette semaine en raison de l’épisode caniculaire qui s’est installé dans presque tout l’Hexagone. Comment expliquer cette hausse ? Quelles conséquences sur la production d’énergie ? Et quelles solutions face aux conséquences du changement climatique ?

« La hausse de la consommation électrique ces derniers jours s’explique en très grande partie par le recours massif à la climatisation, à domicile comme en entreprise. La puissance électrique consommée en été augmente de 900 MW par degré (soit la production d’une centrale nucléaire). Selon les projections, elle pourrait augmenter de 1900 MW par degré en 2035 (soit la production de deux centrales nucléaires). Côté production, les centrales nucléaires françaises en circuit ouvert (c’est-à-dire les centrales qui rejettent directement dans un fleuve) peuvent être concernées par des restrictions de production quand la température de l’eau est trop importante. C’est le cas actuellement des centrales de Golfech (Tarn et Garonne), de Blayais (Gironde) et du Bugey (Ain) » analyse Vincent Maillard, Président d’Octopus Energy France.

Pour GreenPeace France, pas de doute, le parc nucléaire français est trop sensible aux aléas climatiques. Le dérèglement climatique impacte directement la production d’électricité en France. Le 29 juin, EDF a dû arrêter le dernier réacteur actif (Golfech 1) de la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) à cause de la hausse de la température de la Garonne. Et nous ne sommes qu’au début de l’été. Il y a 15 jours déjà, EDF avait annoncé baisser l’activité de la centrale nucléaire du Bugey car l’eau du fleuve était désormais “trop chaude”.

« Avec le dérèglement climatique, les épisodes de fortes chaleurs et de sécheresse deviennent plus fréquents, affectant la capacité de refroidissement des centrales. Ces arrêts liés à des épisodes caniculaires sont de plus en plus courants. Le refroidissement des réacteurs nucléaires étant une condition indispensable pour garantir la production et la sûreté, il est de plus en plus clair que ces infrastructures ne sont pas adaptées pour fonctionner dans un monde en surchauffe » précise le communiqué. La Cour des comptes précise même que ces épisodes peuvent fortement limiter la puissance disponible. Une étude du groupement BRGM/ARMINES souligne que les ressources en eaux souterraines devraient diminuer sensiblement à l’horizon 2070, de manière générale, de +10 à -30 % selon les scénarios optimistes, de -20 à -55 % d’après les scénarios pessimistes. Cette diminution entraînerait une baisse du même ordre de grandeur des débits d’étiage des cours d’eau.

« La hausse de la demande en électricité liée à la climatisation va croître ces prochaines années, c’est évident. Plus les besoins en électricité vont augmenter, plus nous aurons besoin de moyens de production. Les énergies renouvelables (EnR) vont devenir toujours plus indispensables… là où l’on entend aujourd’hui certains politiques (NDLR : Le RN de Marine Le Pen et l’UDR d’Eric Ciotti) demander tout à la fois un plan climatisation et moins d’EnR, notamment d’énergie solaire. » commente avec un brin d’ironie Vincent Maillard.

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