Comment dissocier dette financière et dette écologique ? Aujourd’hui, et sous le dogme imposé par François Bayrou, la dette financière écrase toute l’actualité, sujet politico-économique du moment repris en boucle sur tous les réseaux et les chaînes d’infos. Obsession des obsessions, lubie des lubies … Et si le vrai dérapage était à voir du côté de la dette écologique ?
La dette financière ne doit pas être une raison pour laisser de côté la dette écologique. La bilatéralité dans le traitement de ces deux fléaux s’impose dans une approche synallagmatique comme diraient les juristes.  « Investir dans la transition écologique, c’est éviter des pertes économiques, sociales et humaines bien plus lourdes. C’est aussi un impératif de justice entre générations », a rappelé Pierre Moscovici, lors de la présentation du premier rapport annuel sur la transition écologique de la Cour des comptes le 16 septembre dernier.
Pour atteindre la neutralité carbone, le rapport établit que la France devra mobiliser plus de 200 milliards d’euros par an d’ici 2030, dont 100 milliards supplémentaires pour l’atténuation du changement climatique. Pour solution, la Cour des Comptes recommande de renforcer la Stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique et de consolider les budgets verts afin de cibler les dépenses les plus efficaces et compatibles avec les engagements climatiques.
Une certitude qui fait l’unanimité : le coût de l’inaction climatique est bien plus démesuré que celui de l’action. L’ADEME a chiffré à 260 milliards d’euros par an, soit 10 % du PIB, le coût de l’inaction climatique dans un scénario à +3,5°. Canicules, sécheresses, inondations ou tempêtes pèsent déjà lourdement sur les finances publiques et la croissance. Selon les projections, le coût annuel des sinistres climatiques pourrait presque doubler d’ici 2050. À l’inverse, chaque euro investi dans la prévention permettrait d’en économiser jusqu’à trois.
Pour la Cour, le message est clair : la transition écologique doit irriguer toutes les politiques publiques. Investir tôt et massivement est à la fois une nécessité environnementale et une décision économiquement rationnelle. Sans action budgétaire volontariste, les dommages climatiques s’aggraveront et auront des effets dramatiques pour les populations les plus exposées.
Problème. Sur le plan politique, et dans un climat d’instabilité dirimante, les pressions exercées par les climatosceptiques de droite et d’extrême droite font passer l’écologie à l’arrière-plan. Pis ! Les énergies renouvelables, sont même devenues un totem de la contestation délétère, au même titre que l’immigration, deux sujets au sujet desquels tous les coups sont permis, des fake news à la mauvaise foi la plus cynique. Tout sauf une bonne nouvelle pour la dette écologique !