Francis Vila, l’Agriculteur

Dans le journal Libération du 5 décembre dernier, un grand dossier consacré à l’agrivoltaïsme inclus un reportage consacré à Francis Vila sous le titre « Dans les Pyrénées-Orientales, la reconversion controversée du «roi de la tomate» dans les serres photovoltaïques ». Et le chapô donne le ton : « Agriculteur depuis 1966, Francis Vila est également propriétaire de dizaines de serres solaires au sud de Perpignan. La qualité, voire l’existence, de sa production maraîchère interroge …». La légende de la photo d’illustration, un cliché sorti d’une base de données sans rapport avec les serres de Francis Vila, est à l’avenant : « D’après une enquête de la préfecture des Pyrénées-Orientales, deux tiers des serres solaires du département sont vides. (Prisma by Dukas/UIG via Getty Images) ».

Si Francis Vila a développé son activité solaire, à grande échelle, c’est avant tout pour diversifier son activité agricole dans un département, les Pyrénées-Orientales. Ces projets développés ont bien souvent permis de reconquérir  des terres agricoles incultes ou à l’abandon qui sont légion en pays catalan.  Lui, l’agriculteur passionné depuis près de soixante ans, le maraîcher clairvoyant qui n’a eu de cesse d’innover pour faire fructifier son activité agricole – cogénération, culture du kiwi, agriculture biologique, solaire -, est un pilier de l’agriculture locale. Alors quand il lit : « «c’est le bon contre-exemple», son sang ne fait qu’un tour. Quand il découvre dans le journal qu’il « est l’un des précurseurs dans les serres, mais aussi l’un de ceux qui fait le moins d’agriculture en dessous», dixit un membre de la commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF), qui préfère rester anonyme », Francis Vila accuse le coup, marqué par ces contre-vérités.

Aujourd’hui, Francis Vila possède près de 50 MW (40 ha) en serres dans le Roussillon qui alimentent l’équivalent de 15 000 foyers chaque année. Il est à la fois un producteur et investisseur, ce qui est plutôt rare dans la sphère des entreprises du secteur photovoltaïque. La production d’énergie vient en complément de la production agricole et permet son maintien lors des années difficiles. Sur l’ensemble de ses serres, comme il le dit dans le papier de Libération, seulement huit ne sont actuellement pas cultivées car en travaux. Toutes les autres serres, véritables laboratoires  agricoles qui protègent du gel et du vent, accueillent actuellement des cultures d’hiver, bio pour l’essentiel, céleris, brocolis, laitues, batavias, coriandre, plantes aromatiques. Après ces cultures, il sèmera pour le reste de l’année du sorgho et autres engrais verts pour enrichir ses sols, en bon agriculteur qui respecte les cycles naturels. Francis Vila profite aussi de ses serres pour expérimenter en recherche et développement les meilleures solutions agronomiques mais aussi pour diversifier ses cultures : « J’ai fait des tests avec des kiwis jaunes, c’est très probant, avec de bons rendements. Les kiwis n’aiment pas le vent. Avec les serres, ils sont à l’abri. Je lance aussi cette année la culture de haricots sous serre après achat d’une machine à récolter ». Il poursuit : « Les serres protègent du gel et de l’humidité. Elles nous permettent de moins traiter. C’est vraiment un plus même si les rendements sont moindres. D’un autre côté, nous arrivons à vendre les produits un peu plus chers car souvent en avance sur la saison. Cela équilibre les bilans ». Comme il le dit à Libération, Francis Vila a adapté ses serres aux cultures. Avec beaucoup d’empirisme et d’expérience…et avec de bons résultats ! Il a même fournit des plannings de cultures à la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) pour prouver sa bonne foi, sans cesse mis en doute.

Francis Vila ne nie pas cependant qu’il existe une problématique, soulevée par Libération, de conflit d’usage entre agriculture et photovoltaïque. De nombreux promoteurs ou développeurs opportunistes se sont engouffrés dans ce créneau des serres photovoltaïques sans forcément réfléchir à leur vocation agricole et sans partenaire agriculteur. Il est vrai que certaines serres solaires des Pyrénées-Orientales demeurent vierges de toute culture et peuvent poser question. Pas celles de Francis Vila, l’Agriculteur !

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