A Tahiti, Emmanuel Macron encense le nucléaire, caresse le solaire et écorne l’éolien

Faute de goût, maladresse ! Loin de la métropole, Emmanuel Macron a pris la (mauvaise) habitude d’asséner des discours décomplexés et souvent maladroits. En voyage en Polynésie française, Emmanuel Macron n’a pas fait exception. Il a ainsi exprimé au micro de FranceInfo son soutien à la filière nucléaire française, qu’il qualifie «de chance» pour l’Hexagone : «nous sommes le pays d’Europe qui a le moins de tonnes de CO2 émises par habitant. Pourquoi ? Parce qu’on a le nucléaire historique», a-t-il insisté. Sujet hautement sensible en Polynésie, alors que des personnes atteintes de métastases attendent encore des explications, 25 ans après la fin des essais nucléaires. D’aucuns rétorquent qu’il s’agit de nucléaire militaire, mais ne soyons pas naïfs, tant les deux activités civiles et militaires sont intimement liées. Voilà qui s’appelle remuer le couteau dans une plaie toujours béante et qui démontre les effets désastreux de l’atome sur la santé des populations dans le long terme.

 

« Développer encore le renouvelable »

 

La France est le premier pays en matière d’énergie nucléaire, représentant 42 % de son approvisionnement énergétique total tandis que les énergies renouvelables ne représentent que 11% et les combustibles fossiles 47%. Les 56 réacteurs nucléaires opérationnels produisent 103 966 ktep – la deuxième plus grande quantité produite, juste derrière les États-Unis qui produisent 219 737 ktep d’énergie nucléaire, ce qui équivaut à 10 % de sa part énergétique. Le président de la République continue donc à défendre bec et ongle cette source d’énergie : «là où les autres pays ont des mines de charbon ou importent beaucoup de gaz – ce qui est un hydrocarbure et a un bilan carbone qui est mauvais, nous, on a la chance d’avoir le nucléaire historique», a-t-il plaidé. Il a aussi appelé à ne pas tomber dans des débats qui sont «exclusifs ou trop généraux» sur l’énergie nucléaire. Pour autant, le président de la République a également insité sur le fait que la France devait « développer encore le renouvelable, “la biomasse, la géothermie, le solaire et l’éolien”.

 

« Le solaire est un élément important de notre stratégie »

 

Emmanuel Macron a ainsi plaidé pour le développement des sources d’énergies renouvelables, mais avec «pragmatisme au cas par cas» notamment pour l’éolien. Il a mis en avant les tensions générées par une trop grande concentration des projets éoliens sur un territoire, et a cité les Hauts-de-France : «il ne faut tomber dans aucune caricature, il y a des endroits où on pourra encore faire des projets d’éoliennes parce qu’ils sont adaptés et pertinents, il y a des endroits qui sont déjà bien dotés et où il n’y a pas de consensus et donc, oui, il faudra nous-même construire des stratégies alternatives.» Il a exhorté tous les acteurs à «écouter» et «améliorer la concertation locale». Sur l’énergie solaire, Emmanuel Macron s’est fait plus magnanime. « Je veux qu’on continue à développer le solaire, qui, il faut le dire a moins de nuisances pour nos concitoyens, que ce soit des nuisances visuelles, parce que je ne veux que l’on abime nos paysages. Je tiens aux paysages de France. Je pense que c’est une part de notre patrimoine de notre richesse profonde, de notre identité. Je pense qu’on peut le développer dans certains endroits. Le solaire est un élément important de notre stratégie. On a toute une volonté aussi de développer le solaire sur des friches militaires, par exemple qui est très prometteur et auquel je crois beaucoup ».  Tout en tempérant, encore et toujours : « les projets en solaire ou en éolien, là où ils créent trop de tensions, dénaturent et défigurent le paysage, il faut savoir ou les adapter ou y renoncer ». Pensez-vous qu’avec un EPR en bord de mer, et même à bonne distance, Nice et sa promenade des Anglais, aurait eu la moindre chance au classement du patrimoine de l’UNESCO…

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