Interview/Pascal Richard : « Faire d'AuRA la première région solaire connectée et digitalisée de France »

Pour faire d’Auvergne Rhône-Alpes la première région solaire et connectée de France, des professionnels locaux du secteur du solaire et du numérique sont en plein création du 1er syndicat du solaire et du digital ! Le grand lancement a eu lieu avec succès le 7 juin dernier en présence d’une cinquantaine d’entreprise fortement intéressées par ce sujet fédérateur. On fait le point avec Pascal Richard son président et Hugues Duplantier son trésorier !

Plein Soleil : Vous venez de créer le 1er syndicat régional du solaire et du digital. Quelle est la vocation de cette nouvelle entité ?
Pascal Richard : La création d’AuRA Digital Solaire est aujourd’hui une véritable question de nécessité en région Auvergne Rhône-Alpes à l’heure où d’autres régions françaises s’organisent sur cette filière du solaire digital, à l’instar de l’Occitanie par exemple qui a un message très clair sur le sujet. L’heure est venue de générer un véritable débat en région AuRA afin qu’elle se structure et pèse sur cette thématique du nouveau monde. Et ceci au moins pour deux raisons. D’abord, un constat. La région AuRA est le berceau, le creuset de l’industrie photovoltaïque en France. Nous parlons ici de plusieurs centaines d’entreprises rattachées de près ou de loin au photovoltaïque avec des dizaines de milliers d’emplois à la clé, de la petite start-up aux grands groupes. Sans oublier le CEA et l’INES. Cette région pionnière n’est pas structurée et commence à être dépassée par d’autres régions. Elle a perdu de son aura sur le sujet, si vous me permettez ce jeu de mot. Il est devenu capital de nous fédérer pour nous prendre en main et ce syndicat tombe à point nommé en ce printemps 2018.

Solaire et numérique désormais indissociables

Plein Soleil : La deuxième raison qui précipite la création de ce syndicat ?
Pascal Richard : La deuxième raison repose sur la logique d’associer le digital au solaire dans la région la plus dynamique de France en termes de numérique. Il faut bien avoir cela en tête. Pour être dans son temps, les deux aspects solaire et numérique, sont désormais indissociables. Il est logique de faire en sorte d’aller au combat de façon proactive avec ces entreprises du numérique appliqué à l’énergie solaire pour faire d’AuRA la première région connectée et digitalisée de France. Nous avons des spécialistes de la gestion de l’énergie avec Mylight System ou Monabee, du consulting avec Everoze, de l’effacement avec Energy Pool, de le production et du trading d’énergie avec la CNR, de la blockchain avec Tecsol RA mais aussi du stockage intelligent, de l’agrégation ou de l’autoconsommation. Nous disposons de toute la palette possible des technologies avec en sus Schneider à Grenoble qui dispose d’une R&D très active sur ces sujets. Nous allons aller au contact des grandes SSII comme Altran, Atos en capacité de développer des solutions sur mesure pour accompagner les opérateurs. Et ces derniers peuvent avoir confiance en nous. Nous tiendrons toujours nos promesses. Je m’engage d’ailleurs à titre personnel au nom du syndicat, en toute impartialité pour bien clarifier les choses.

Plein Soleil : Comment est perçue la création de votre syndicat ?
Hugues Duplantier : Nous y travaillons depuis mi 2017 et avons commis un mémoire très complet, une sorte d’état des lieux très riche. Nous n’arrivons pas les mains vides. Partout où nous le présentons, l’accueil est très positif. Il y a une attente importante sur ces questions de solaire, de réseaux et de mobilité électrique. Ca pousse derrière. Notre journée de lancement du 7 juin dernier a été un succès. Les autorités, la Région, la Métropole du Grand Lyon, les grandes villes de la Région apprécient d’avoir un interlocuteur privilégié indépendant, fiable et rassurant constitué de spécialistes. Ils en ont besoin pour avancer et pour ne pas voir passer le train de cette révolution énergétique et numérique sans y prendre place. Le syndicat va permettre d’aller plus vite dans la mise en Å“uvre d’actions concrètes mais aussi de répondre à l’accompagnement d’une décentralisation énergétique programmée et massive sur notre territoire.

Une force de proposition politique crédible auprès des institutions territoriales

Plein Soleil : Allez-vous mener des actions de lobbying ?
PR : Il est certain que nous ne serons pas qu’un outil de promotion du solaire. Nous nous positionnons avant tout comme une force de proposition politique crédible auprès des institutions territoriales. L’objectif est de développer un business à forte valeur ajoutée grâce à la maîtrise des évolutions technologiques avec la possibilité de tester de nouveaux modèles économiques et commerciaux à grandes échelles.
HD : Le syndicat va tout mettre en Å“uvre pour que la région reprenne le leader ship sur le développement de l’énergie solaire sans jamais perdre de vue la dimension software et la composante mobilité. Notre ambition est de remettre le solaire à l’ordre du jour dans la Région AuRA, pour appuyer plus fort encore sur le bouton de la transition énergétique. Nous allons discuter avec l’exécutif régional pour donner des orientations sur les futurs investissements stratégiques à réaliser pour réussir ce changement de paradigme tout en créant des emplois locaux.

Nous ne serons pas les jacobins de la région

PS : Les syndicats Enerplan ou le SER ne jouaient-ils déjà pas ce rôle ? Pourquoi alors ce nouveau syndicat ?
PR : Merci de nous poser cette question pour bien clarifier la situation. Les syndicats nationaux du solaire sont focalisés sur le lobbying à l’échelon national. Grâce à leur remarquable travail, la filière peut profiter d’avancées administratives et budgétaires majeures et indispensables à son développement. Nous leur en sommes gré et à ce titre nous avons besoin d’eux. Mais l’heure est venue d’un découplage entre le régional et le national. Notre région a ses particularités. Nous devons mener des échanges locaux et apporter un relais local. Nous sommes en fait parfaitement complémentaires.
HD : Vous savez la région AuRA, c’est deux fois la Belgique en termes de superficie. Notre présence sur ce large territoire ne sera pas de trop pour développer le solaire digital. Nous aurons d’ailleurs besoin de nous organiser pour être présent sur l’ensemble du territoire. Nous ne serons pas ainsi les jacobins de la région. Nous déporterons des rencontres à Clermont, Grenoble, Valence ou encore Annecy. Inscrire ce projet autour d’une présence territoriale forte est un enjeu majeur.

PS : Vous vous inscrivez sur le territoire régional Auvergne Rhône-Alpes. Avez-vous pour autant l’ambition de rayonner hors de vos frontières?
PR : C’est effectivement un souhait. Nous représentons la région avec l’acronyme officiel mais ce n’est pas pour autant que nous sommes isolés du monde. Nous aurons des échanges avec les pays et les Régions voisines Suisse, Italie, Bourgogne Franche Comté ou PACA au nom aussi de l’interconnexion des zones. De toute façon, le potentiel est énorme et reflète l’ambition des entreprises qui nous font confiance. Tout est réuni pour que nous réussissions le challenge. A nous de rassembler le plus possible d’ici à la fin de l’année dans un effet boule de neige attendu. De la start-up aux grands groupes en passant par la TPE, la PME ou l’ETI, chacune de ces entités doivent s’approprier le syndicat pour le faire grandir et changer nos vies.

Encadré

Les trois membres fondateurs du syndicat

Pascal Richard, président, est diplômé en sciences appliquées de l’université Paris 6 puis en Marketing et Gestion des Entreprises Européennes. Il a commencé sa carrière dans les télécommunications au Maroc, puis prolongé à l’international dans la zone Europe, Afrique, Moyen Orient, chez France Telecom et par la suite chez Alcatel. C’est en 2006 qu’il intègre la filière photovoltaïque chez Tenesol (EDF et Total) pour développer l’activité «Télécommunication» majoritairement en Afrique. A la fin de l’année 2007, il participe à la fondation de SMA France pour en prendre la direction commerciale, dont le périmètre de responsabilité comprend la France et l’Afrique francophone. Il a ainsi acquis près de 10 ans d’expérience dans le secteur des télécommunications et plus de 10 ans dans le secteur du PV.

Hugues Duplantier, trésorier, est diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’ENSTA. Après quoi il a commencé à travailler dans les télécommunications chez SFR et Neuf Cegetel. Il a ensuite orienté sa carrière dans l’industrie solaire à partir de 2008, en devenant Key Account Manager chez Centrosolar (fabricant allemand de modules photovoltaïques). Puis il a été Directeur Marketing et Directeur Supply Chain pour Solarwatt. Et enfin Directeur Général France pour CS Wismar. Il a ainsi acquis près de 10 ans d’expérience dans le secteur de l’industrie Photovoltaïque.

Pierre-Emmanuel Martin, secrétaire, est diplômé de Supélec (Paris) et a obtenu un Doctorat en Économie Appliquée à l’Université Pierre Mendès-France, à Grenoble. En 2000, il a créé la première plateforme de commercialisation de certificats verts en France, à Observ’ER. Il a ensuite fondé en 2002 Erelis, développeur éolien indépendant français qu’il dirige et cède en 2006 à ENEL. Il devient alors Directeur Général d’ENEL Green Power France de 2006 à 2009 avec 300 MW d’éoliens développés (dont 200 MW construits). En 2009, il fonde TERRE ET LAC et devient président du groupe aux entités: TERRE ET LAC SOLAIRE, acteur du solaire PV et TERRE ET LAC CONSEIL, cabinet de conseil indépendant dans les énergies renouvelables. Il a ainsi acquis 20 ans d’expérience dans le développement de projets, l’entrepreneuriat, le management et le conseil dans le secteur des énergies renouvelables en France.

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