Edito/Messieurs de la CRE, mais qu'ont donc fait les boulangers pour mériter ça ?

Comme Plein Soleil l’a révélé dans ses pages, les préconisations de la CRE sur le TURPE dans une opération d’autoconsommation collective posent une question philosophique. En effet, pour ceux des autoconsommateurs collectifs qui consomment structurellement peu en phase avec le soleil, les kWh « allo-produits », c’est-à-dire soutirés du réseau, coûteraient davantage que s’ils ne faisaient que soutirer du réseau. L’autoconsommation collective, oui. Mais pas pour tout le monde, en somme.

Et cette préconisation prend une tournure très concrète dans le projet d’autoconsommation collective développé par le bureau d’études Tecsol et la start-up Sunchain dans le joli village de l’Hérault à Premian. Dans la boucle des consommateurs, le boulanger du village. Ah la dure vie de boulanger ! Il se lève à une heure du matin pour faire tourner son pétrin et enfourner ses pains dans son four. Des équipements énergivores ! Il travaille dur à la lueur de la lune. C’est dans ses heures matinales qu’il consomme le plus d’énergie. Lorsque le soleil pointe ses premiers rayons, sa consommation d’électricité chute. L’activité du boulanger ne profite donc que peu des électrons solaires produits dans la journée.

Ce sont notamment ces travailleurs de l’ombre que les calculs des techniciens de la CRE amènent à stigmatiser. L’artisan connaît sa double peine. Il Å“uvre la nuit et devrait en plus payer une partie de son électricité issue du réseau plus cher que les autres. Une incongruité, une injustice, une iniquité abstruse ! Lors des groupes de travail sur le solaire de Sébastien Lecornu, l’une des intervenantes bien au fait du projet de Premian a ainsi posé crûment la question au représentant de la CRE : « Comment allez-vous expliquer au boulanger de Premian qu’il paie son électricité plus cher que les autres dans un projet d’autoconsommation collective ? » L’argumentation demeure en attente.

La CRE, c’est un peu la femme du boulanger, celle qui sort la nuit quand l’artisan est aux fourneaux, la Pomponette méprisante qui ne se soucie guère du dur labeur de l’époux trahi. Comme le dit la formule consacrée, avec la CRE les boulangers sont cocus mais en plus ils paient la chambre

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