Interview/Pierre Pascal Urbon, CEO de SMA : « Dans le domaine de l'onduleur, l'ingénierie est la clé »

Pierre-Pascal Urbon, CEO de SMA est venu fêter les dix ans de SMA France en ce printemps 2017 à Lyon. Une occasion de rencontrer ce jeune patron emblématique qui est déjà entré de plein pied dans l’Internet de l’énergie !

Plein Soleil : Tout d’abord je tenais à vous féliciter pour les 10 ans de SMA France. Quel est votre secret d’avoir réussi à maintenir une activité aussi dynamique durant toute cette période avec tous ces « stop and go » et le moratoire ?
Pierre Pascal Urbon : Merci d’être présent auprès de nous pour notre dixième anniversaire en France, 10 ans déjà. Vous me demandez comment avons-nous fait pour résister aux aléas du marché français ? Nous nous sommes tout d’abord appuyés sur une équipe locale comme nous l’avons fait partout ailleurs dans le monde. Je tiens ici à saluer Pierre Genin, notre ancien directeur, qui a pris le risque de lancer SMA France il y a dix ans. Cette implantation lyonnaise a été très importante pour mieux comprendre le marché local, pour adapter nos produits au plus près à la demande. Cet ancrage local nous permet d’être plus flexible et de répondre aux soubresauts du marché et au redémarrage tel qu’on le vit en France en ce moment. La France est davantage dans le « go » que dans le « stop ». Le solaire repart et se développe beaucoup mieux grâce aux appels d’offres avec plusieurs MW programmés dans les trois ans à venir.

SMA rassure les investisseurs

PS : Qu’est-ce qui fait selon vous que la France se réveille enfin, à l’instar du reste du monde?
PPU : D’abord parce que le photovoltaïque est l’énergie la plus sexy du 21ème siècle. Plus sérieusement, au-delà de ça, ma perception s’appuie sur deux raisons essentielles qui sont les moteurs de l’évolution du PV dans le monde et en France. Un. La dynamique impulsée par les Accords de Paris et la lutte contre le changement climatique qui va impliquer une multiplication des sources d’énergies propres. Deux. La réduction drastique des coûts du solaire et ceux à venir du stockage qui supprime la volatilité des énergies vertes. Le développement des véhicules électriques représente également un potentiel intéressant pour le photovoltaïque.

PS : L’autoconsommation individuelle et collective fait-elle également partie des relais possibles de croissance ?
PPU : C’est certain. L’autoconsommation va booster le marché mais aussi le peer-to-peer à venir. Chaque producteur va pouvoir vendre son électricité. SMA a développé des technologies digitales pour gérer ces flux et cette convergence entre la production et la consommation. Jusqu’aux solutions de stockage ! Maintenant, les réglementations doivent définitivement se mettre en place partout dans le monde pour donner un cadre légal à ces échanges.

PS : L’industrie européenne du solaire vit des moments difficiles notamment avec le redressement judiciaire de SolarWorld. Comment SMA parvient-elle à tirer son épingle du jeu dans ce contexte ?
PPU : L’industrie du module est très étroitement liée aux capacités d’échelle, le module étant un produit assez basique finalement. Ce n’est pas du tout le cas des onduleurs qui sont des équipements beaucoup plus technologiques qui demandent de la régulation et de la gestion complexe de système et sont donc moins soumis aux effets d’échelle. Dans notre domaine, l’ingénierie est la clé. La force de la R&D SMA fait la différence en nous permettant de réduire les coûts pour être compétitif et rentable. De plus, les développeurs de projets solaires ne transigent pas sur la qualité des onduleurs qui pèsent entre 5 et 8% de leur investissement. Ils ne vont pas mettre en péril plus de 90% de leur investissement avec un mauvais type d’onduleur. Ils sont très regardants sur la technologie, l’efficacité, la fiabilité et la durée de vie. Dans ce contexte, SMA les rassure.

« Nous sommes entrés dans la monde de l’Internet de l’énergie »

PS : Comment voyez-vous l’évolution du solaire mondial et quel rôle y jouera SMA ?
PPU : Le potentiel de croissance est énorme. On nous annonce 200 GW par an en 2030. Certains experts évoquent 600 GW soit 8 fois plus qu’aujourd’hui. Nous sommes entrés dans la monde de l’Internet de l’énergie où vont se combiner photovoltaïque, stockage, ventilation, mobilité et électroménager. SMA aime manager cette complexité. Nous lançons régulièrement des applications pour surveiller et contrôler l’ensemble de ces applications.

PS : Dans ce monde de la big data, Google peut aussi être un sérieux concurrent ?
PPU : Vous avez raison. N’empêche que l’onduleur est la seule partie intelligente d’une installation PV. Et SMA est certainement le groupe qui maîtrise le mieux l’onduleur, les réseaux, le flux et les applicatifs électriques du local. On le voit avec les projets que nous développons dans les supermarchés qui vendront bientôt de l’électricité à leurs clients. Des chaînes de supermarchés vont en effet créer des clouds et inviteront leurs clients à venir recharger gratuitement leur véhicule le samedi matin au moment du pic de production pendant qu’ils iront faire leur course. Des projets pilotes émergent déjà en Allemagne et aux Etats-Unis.

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