Eva Joly : «Il y a nécessité d’une large concertation (qui) ne peut être menée par des partisans de l’énergie nucléaire»

Les eurodéputés écologistes Eva Joly et Yannick Jadot, ont visité, ce lundi, l’usine Sillia qui produit des modules photovoltaïques à Lannion en Bretagne. Celle-ci est constituée d’une ligne d’encapsulation de 25 MW opérationnelle depuis début 2009 à laquelle viendra s’ajouter une nouvelle unité, de 25 MW également, qui est en cours de construction. 75 personnes sont aujourd’hui employées dans l’usine Sillia.

Si les cellules encapsulées à Lannion sont allemandes (QCells), les modules finis sont «made in France» et participent pleinement à l’atteinte des objectifs de la directive européenne sur les énergies renouvelables. L’usine Sillia, qui est une reconversion d’une ancienne usine de circuits électroniques, démontre que la création d’entreprises industrielles est possible sur le territoire national.

Frédéric Fabre, directeur de l’usine Sillia, ne cache pas son inquiétude face au retournement de la politique solaire française. Avec ses investisseurs, il s’est fié aux promesses du Président de la République qui en juin 2009 proposait un cadre stable, pour le solaire, jusqu’en 2012. Avec 7 millions d’euros investis dans une usine ultramoderne, il ne sait plus de quoi demain sera fait. Son carnet de commande est en forte diminution, et la nouvelle chaîne de production risque de s’avérer inutile compte tenue de la baisse prévue du marché.

Au cours de ces visites, qui se sont terminées chez un agriculteur, Eva Joly a en particulier déclaré : « Je suis persuadée que l’énergie solaire est définitivement utile pour la France. Toutefois, son développement doit être fondé sur des conditions économiques et réglementaires stables, qui donnent confiance aux acteurs de la filière (industriels, installateurs, investisseurs). Il y a nécessité d’une large et véritable concertation avec toutes les parties prenantes. Celle-ci ne peut être sincèrement menée par des partisans de l’énergie nucléaire, comme c’est le cas en ce moment. » L’objectif du Grenelle – fixé à 5400 MW en 2020 – « doit devenir un plancher. En l’état, il ne permet pas le développement d’une industrie, ni l’émergence d’une filière porteuse d’avenir. »

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