Vol-V Solar : Le vol des oiseaux dans le brouillard solaire

Créé en 2005, le groupe montpelliérain Vol-V qui tient son nom du vol en forme de V des oiseaux migrateurs a fait ses premières armes dans l’éolien avant de se lancer dans le solaire au crépuscule des années 2000. C’est ainsi qu’est né Vol-V Solar en mars 2009. Avec 7 MWc en exploitation, 1 MWc en construction et 6 MWc en tant que lauréat des appels d’offres simplifiés, Vol-V Solar poursuit tant bien que mal son activité solaire. Dans un contexte peu propice à toutes velléités de forte croissance. Mise au point lors de l’inauguration de la centrale solaire photovoltaïque de MPB à Lunel-Viel !

En cette matinée d’automne 2012, le brouillard s’est invité à l’inauguration de la centrale solaire photovoltaïque de l’usine MPB de Lunel-Viel. Comme un symbole. Cédric de Saint-Jouan, président de Vol-V, du V que forme le vol des oiseaux migrants vers le soleil, n’a d’ailleurs pas résisté à rebondir dans son discours avec une allégorie de circonstance. « Ce matin, j’étais dans ma voiture et quand j’ai vu ce brouillard, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle avec le manque de visibilité des tarifs d’achat photovoltaïque et la période difficile que traverse la filière solaire française. Beaucoup se sont découragés. Pas nous. Nous sommes là pour le long terme » rassure le jeune chef d’entreprise de quarante et un an qui voit loin.

Dans l’attente des nouveaux appels d’offres

Il faut dire que Vol-V, créée par trois personnes en 2005, n’est pas dans une logique de spéculation mais bien au contraire dans une logique patrimoniale. La société fait du tout en un. Elle réalise, construit, exploite et finance ses unités de production. Avec pour objectif d’être un producteur indépendant d’électricité. Elle dispose aujourd’hui d’une centaine de millions d’euros d’actifs – avec notamment 50 MWc en éolien et 7 MWc en solaire – qu’elle tient à conserve appuyée par Natixis et BPCE. Parmi les 7 MWc en solaire, VOL-V Solar dispose essentiellement d’installations en toiture et d’une centrale au sol de 1 MWc dans le Gard près d’Alès. A ce jour, un peu plus de 1 MWc de projets sont encore en cours de construction notamment un projet d’ombrières de 670 kWc à L’Isle-sur-la-Sorgue du côté d’Avignon avec ETDE qui ne va pas tarder à être inauguré. Trois autres projets en moins de 100 kW sont également en phase de construction. Côté appels d’offres 100-250 kW, Vol-V Solar a remporté vingt-huit projets soit l’équivalent de 6 MW lors des deux premières tranches de janvier et mars. Le fonds de commerce du premier semestre 2013 ! Des projets qui seront développés en partenariat avec la Générale du Solaire. Pour les deux branches suivantes d’appels d’offres, c’est l’attente. « Nous avons déposé les dossiers fin juin, ils ont été instruits par la CRE sous les deux mois. Ils sont bloqués depuis début septembre sur le bureau de la ministre. L’Etat n’a pas de délai pour répondre. C’est un scandale, surtout quand on sait que cela ne concerne seulement que 30 petits MW. Cela n’a rien de révolutionnaire pour le mix énergétique français » s’agace Olivier Saint-Girons, directeur général de Vol-V Solar, qui déplore par ailleurs les lourdeurs administratives insoutenables générées par ses appels d’offres. Olivier Saint-Girons se veut également très critique vis-à-vis de la future baisse du tarif T5. « Nous avons une cellule de développement de centrales au sol. A 8,40 centimes d’euros, c’est vraiment trop bas. La DGEC a une volonté de maîtriser les volumes dans un marché verrouillé, centralisé, étatisé. D’ores et déjà, de nombreuses entreprises sortent du marché au vu des incertitudes et des inquiétudes. Nous sommes dans un flou totalement irrationnel, nous avons du mal à nous projeter » poursuit-il.

MPB, une installation exemplaire sur les plans environnemental et social

Retour sur cette inauguration et sur cette installation intégrée au bâti, parfaitement exemplaire, sur la toiture de la société MPB qui fabrique des produits béton Composite Ciment Verre. MPB a été la première coopérative du lunélois et la première société à passer aux trente-cinq heures. Où quand social et écologie se rejoignent dans un même élan. La SCI qui possède les murs de l’entreprise est ainsi la propriété des salariés de l’usine. Vol-V Solar loue donc la toiture aux employés de l’usine à travers un bail de trente ans. C’est Vol-V Solar qui a pris en charge la totalité de l’investissement de la centrale et la rénovation de la toiture. Cette centrale photovoltaïque dispose d’une puissance de 224,59 kWc. Elle produira 270 000 kWh par an soit l’équivalent de la consommation annuelle de 110 foyers. Les économies de gaz à effet de serre se montent à 24 tonnes de CO2 chaque année. Les 1214 modules installés sur le toit de MPB sont d’origine européenne. Ils sont issus des lignes de Solar Fabrik, un fabricant historique allemand, solide financièrement et à l’image de marque reconnue, qui a fait le pari de la qualité Premium. Malgré la crise, les responsables de Solar Fabrik en France continue à croire dans le marché hexagonal : « Nous estimons que le France sera à terme le deuxième marché européen. La France dispose d’un bon mix entre l’ensoleillement et les capacités de financement. Le marché va se développer » disent-ils. Et les élus et les PDG présents lors de l’inauguration d’espérer une telle prophétie. En effet, l’usine MPB dispose d’autres pans de toitures susceptibles d’accueillir un nouveau projet solaire. « J’appuie le prochain projet sans aucune réserve » déclare Claude Arnaud le maire de Lunel. Encore faut-il que Vol-V Solar sorte du brouillard dans lequel les a plongé les gouvernements successifs. Au fil des arrêtés et au rythme des appels d’offres, il semble même que ce brouillard ait tendance à s’épaissir !

Encadré

L’avis de Jean-Louis Roumégas, député vert de la 1ère circonscription de l’Hérault

Cela me fait très plaisir d’être là aujourd’hui pour inaugurer un projet qui fait rimer écologie et économie sur la question énergétique. Pour redynamiser le solaire, nous attendons la loi de transition énergétique afin de stabiliser les dispositifs, les tarifications et la réglementation. Les variations que la filière a subies ont été destructrices. Prenons le temps du débat histoire de passer ensuite à la vitesse supérieure en mettant en place des politiques publiques solides et des systèmes de financements pérennes notamment avec le soutien de la banque des PME dont une grosse part du potentiel devrait être alloué en faveur des énergies renouvelables. La transition énergétique est une nécessité écologique doublée de fantastiques opportunités en termes de gisement d’emplois non délocalisables.

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