Reportage/Les ombrières du Méga Castillet de Perpignan protègent les cinéphiles du « Plein Soleil »

Le parking du cinéma Méga Castillet de Perpignan a vu fleurir ces dernières semaines des ombrières photovoltaïques. Elles sont le fruit de la volonté sans faille d’un jeune chef d’entreprise promoteur immobilier de trente ans, Louis Vial, qui s’est attaché les services du bureau d’études Tecsol pour développer son projet. Une belle réussite qui protège les habitacles des voitures de l’ardent soleil catalan et apporte du confort aux usagers des salles obscures !

Le cinéma Méga Castillet de Perpignan est installé en périphérie de la cité catalane sur un espace immobilier de plusieurs hectares où se côtoient cinémas, commerces, bureaux et restaurants. En 2010, les associés de ce complexe immobilier réalisent déjà une première étude de faisabilité pour des ombrières de parking avec le bureau d’études Tecsol. Elle restera dans un placard, enterrée par le contexte post moratoire déprimant.

Redonner du sens

En 2016, Louis Vial revient dans le giron de l’entreprise de promotion familiale après un master 2 en ingénierie financière option Immobilier. Le fougueux jeune homme retombe sur ce projet comme on déniche un trésor enfoui. Il est séduit d’emblée par le potentiel de modernité et de durabilité qu’une telle opération pourrait apporter à la zone commerciale. Alors que les associés demeurent toujours réfractaires à l’idée, il prend le projet à bras le corps avec l’insouciance de sa jeunesse. « Je suis animé par le fait de redonner du sens aux choses que l’on réalise. Le solaire s’y prête à merveille. C’est une façon de se réapproprier l’énergie, de produire localement, de dénucléariser le pays. Je milite pour que les gens se responsabilisent sur l’énergie solaire » confie le jeune entrepreneur également co-fondateur d’une start-up appelée Pousse Pousse qui propose des boxes de type « Do it yourself » pour réaliser soi-même des produits écolos, un premier pas vers l’écologie. Profane en matière d’énergie renouvelable, Louis Vial reconnaît volontiers ses limites dans « un monde qui se complexifie et devient affaire de spécialiste ». Pour réaliser son projet, il se fait accompagner et se rapproche à nouveau du bureau d’études Tecsol, acteur de l’étude originelle. « Seul, il m’aurait été impossible de parvenir à réaliser cette opération. Je me suis entouré de gens de talent pétris de compétences pour présenter le projet à un appel d’offre CRE dont nous avons été lauréat à un tarif plus que convenable après avoir parié sur le bon contenu CO2 des modules » s’enthousiasme Louis Vidal.

Ombrage solaire contre canicule

Ni une ni deux, Louis Vial part à la recherche de financement pour concrétiser son rêve de devenir producteur d’électricité verte. Petit hic pour le jeune développeur de projet : trouver les 200 000 euros d’apport nécessaires au démarrage d’un projet évalué à 2,5 millions d’euros. « Vous savez je suis un peu têtu. Je ne voulais pas faire capoter ce projet pour des raisons financières. J’ai mis ma maison en caution pour toucher les 200 000 euros et amorcer le financement avec le soutien précieux de la BPI. Après audit et nantissement, la BPI a donc suivi pour un projet à faible niveau de risque au vu de la linéarité et de la sécurité des revenus » indique Louis Vial qui dispose à ce jour de 42% de la société de projet. Louis Vial a aussi négocié d’arrache-pied un loyer de 5 000 euros auprès des associés du complexe avec en sus une borne de recharge pour véhicule électrique. Si le patron du cinéma a parfois fait part de son agacement durant le chantier, il n’en est pas moins satisfait aujourd’hui, surtout en cet été 2019 où les canicules s’enchaînent. « Nous apportons du service aux usagers de notre espace commercial. Les ombrières qui s’étendent sur un peu plus d’un hectare pour une puissance de 1,9 MWc dispensent en effet un ombrage bienvenu et notamment en cette période estivale caniculaire. Croyez-moi cela fait du bien de sortir des salles obscures climatisées et de se retrouver dans une voiture garée à l’ombre ! » se réjouit le chef d’entreprise.

Agrégateur, acteur majeur des projets en complément de rémunération

Via ce projet d’ombrières solaires dont le tarif obéit au principe de complément de rémunération établi par EDF OA, Louis Vial a également fait la découverte d’un nouveau métier celui d’agrégateur. Là encore, le bureau d’études Tecsol l’a assisté dans sa recherche de l’entreprise la plus pertinente. Ingénieur projet chez Tecsol, Damien Arasa a ainsi orienté Louis Vial vers Centrales Next, un acteur européen de référence du secteur créé à Cologne en 2009 qui gère 7GW de capacité électrique en Europe dont 120 MW en France pour un volume d’affaires de 500 millions d’euros en 2018. Centrales Next dispose en fait du plus gros portefeuille solaire européen avec 3,1 GW rien qu’en Allemagne. « Nous sommes un pur agrégateur. Notre métier est de vendre de l’électricité sur le marché en optimisant les prévisions via notre centrale virtuelle nommé « NextPool ». Notre spécificité réside dans la connaissance parfaite des fluctuations de marché et dans la valorisation de la flexibilité » assure Kerstin Pienisch, Directrice chez Centrales Next désormais référencé chez BPI France suite à ce projet de Perpignan. En fait, l’agrégateur doit faire face à trois risques identifiés au sein de ce dispositif de complément de rémunération. En premier lieu, la garantie M0 s’établit en fonction du calcul du risque structurel du marché. Vient ensuite la problématique des prix négatifs dont l’occurrence augmente au fil des années et de la plus grande proportion de renouvelable installé. Au printemps 2019, il a ainsi été comptabilisé 22 prix négatifs dont 18 entre 8h00 et 20h00. En journée, le solaire est forcément impacté. « On s’aperçoit ainsi que les tarifs sont souvent négatifs les dimanches de fin de printemps, lorsque la production solaire atteint son climax et que la demande industrielle est au ralenti. C’est à ces moments que l’agrégateur se doit de suspendre la production pour éviter de payer pour avoir produit des électrons verts » analyse un expert. Dernier point, l’exploitant de la centrale est dans l’obligation de faire certifier son installation chaque année pour pouvoir participer aux ventes aux enchères avec ses garanties de capacités, un marché très fluctuant qui a aussi sa part de risque. De quoi cependant assurer à la centrale de Louis Vial un tarif de 108 euros le MWh. Aujourd’hui, le jeune chef d’entreprise attend de retrouver une nouvelle assise financière pour, pourquoi pas, se relancer dans de nouveaux projets solaires sur des parkings de supermarché ou de groupes hôteliers. Et ce n’est pas du cinéma…

Encadré
Les entreprises du projet
Louis Vial a privilégié le « local content » en travaillant avec l’entreprise perpignanaise Sotranasa pour la partie électrique. Tout le reste est siglé made in France, avec les ombrières construites par la société Heliowatt d’Avignon et les 6 300 panneaux de 300 Wc à bon bilan carbone issus de la société alsacienne Voltec. Seuls les onduleurs Huawei proviennent de l’empire du milieu, leader incontesté en la matière.

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