Reportage/A Rivesaltes, les champignons de Paris de la maison Vialade poussent à l’ombre du solaire

Spécialisée dans la culture du champignon de Paris, la maison Vialade installée dans les Pyrénées-Orientales, disposent d’un site de production à Olette et désormais un tout nouvel espace sur une zone artisanale de Rivesaltes. Ce bâtiment de près de 10 000 m² accueille en toiture une installation photovoltaïque de 500 kWc en autoconsommation développée avec le soutien technique du bureau d’études Tecsol. Une culture des pholiotes sous le signe du « sol i sombra », « ombre et lumière » !

D’un côté la blancheur immaculée des chapeaux de champignons de Paris, de l’autre, le noir profond et techno de panneaux photovoltaïques à la Soulages. D’un côté, la semi-obscurité des salles de pousse des champignons, de l’autre, l’éclatante lumière du Roussillon sur fond bleu intense à la Klein qui inonde les modules solaires. Histoire de contrastes… Quand l’énergie solaire participe activement à la culture de champignons hétérotrophes via l’autoconsommation !

Un taux d’autoconsommation qui frise les 100%

C’est l’histoire d’un joli paradoxe. Les champignons de Paris sont non-photosynthétiques et sont donc hétérotrophes au carbone. En gros, ils n’ont pas besoin de soleil pour pousser mais dépendent d’autres êtres vivants pour leur nutrition carbonée. Ils poussent ainsi sur un terreau fait de fumier de cheval et/ou de paille enrichie. Historiquement, les champignonnières étaient d’ailleurs situées dans des grottes ou des caves à l’abri des intempéries et de la lumière. A Rivesaltes, ils sont cultivés dans un immense entrepôt dans des espaces aveugles maintenus à bonnes température et hygrométrie. Pour pousser, les champignons ont donc besoin de conditions spécifiques consommatrices d’énergie. C’est là qu’intervient le soleil du Roussillon. Les électrons verts des panneaux solaires installés en toiture fournissent près de 20% de la consommation totale du bâtiment et des process de culture et logistiques largement automatisés, exceptées la cueillette et la mise en barquette. Des caméras trois D permettront très bientôt d’accélérer le conditionnement. Sans oublier les frigos ! « La puissance de l’installation s’élève à 500 kWc de modules bas carbone Voltec couplés à des onduleurs Huawei. Le système de fixation ultraléger sur la membrane d’étanchéité est composé de rails soudés Renolit Alkorsolar sous ETN. La quasi-totalité des 600 MWh produits annuellement sont autoconsommés par le bâtiment. Ce qui permet d’économiser 48 tonnes de CO2 chaque année » analyse Damien Arasa, ingénieur au bureau d’études Tecsol. De quoi améliorer le bilan carbone des champignons et la politique RSE de la maison Vialade !

« La production agricole et le photovoltaïque apportent d’indéniables synergies à nos activités » 

Ce projet de champignonnière – 20 millions d’euros d’investissement – est le fruit d’un partenariat entre deux acteurs majeurs de l’agriculture locale catalane, la maison Vialade leader du champignon de Paris en France avec près de 5000 tonnes par an, et le groupe Vila numéro un de la tomate en France avec Rougeline. En sus d’être agriculteurs, les Vila père et fils opèrent, depuis plus de dix ans maintenant, dans le solaire sur bâtiment et l’agrivoltaïsme. Ils sont devenus « énergiculteurs » dès 2010 en développant avec Tecsol l’une des toutes premières serres solaires. « Avec ce projet mené en partenariat avec la maison Vialade, nous diversifions notre activité de producteurs agricoles en investissant dans la culture du champignon de Paris, une activité porteuse d’avenir car maîtrisable face aux risques climatiques. Sur ce site, nous avons apporté notre savoir-faire solaire, en collaboration avec le bureau d’études Tecsol et l’installateur Cegelec. La production agricole et le photovoltaïque apportent d’indéniables synergies à nos activités en termes économiques et environnementaux » reconnaît Franck Vila. Une extension foncière est déjà programmée sur le site pour 2025. Il est fort à parier qu’une centrale solaire en autoconsommation sera installée en toiture. A l’ombre des entrepôts de la maison Vialade, les champignons de Paris profitent du généreux soleil de la Méditerranée.

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