Rapport sur l'énergie en Afrique de 2015 à horizon 2050 : les solutions PV décentralisées plébiscitées

Le continent africain comptera plus de deux milliards d’habitants d’ici une trentaine d’années. Ce boom démographique sans précédent confronte l’Afrique au défi majeur du développement d’une énergie durable, dont les fondements permettront d’accompagner sa transformation économique, tout en intégrant les préoccupations environnementales de la planète. Le rapport « L’énergie en Afrique à horizon 2050 » donne les différentes orientations qui permettront à l’Afrique de répondre à ses besoins en matière d’énergie. Alors que les discussions de la COP 21 visent à un accord mondial tentant de limiter le réchauffement climatique à deux degrés, l’Afrique entend peser sur le débat.

Et pour cause, le continent africain est la première victime des conséquences du dérèglement climatique, alors qu’il émet moins de 3,8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le constat est d’autant plus accablant pour un continent qui, concentre 15% de la population mondiale, mais représente seulement 3% de la demande mondiale en énergie primaire. Cette faible consommation constitue un véritable frein à son « décollage » économique et social. L’accès à l’électricité est indispensable pour sortir le continent africain de la pauvreté et améliorer ses infrastructures de santé et d’éducation. Il y a urgence : l’Afrique doit définir une politique énergétique qui lui permette de s’engager sur le chemin d’une croissance durable.

Mais comment éviter que le réveil industriel de l’Afrique ne passe par une consommation massive d’énergies fossiles, comme en Chine ou en Inde ? Le rapport L’énergie en Afrique à horizon 2050, fruit d’un travail collectif réalisé par l’Association pour le Développement de l’Énergie en Afrique (ADEA) et Eurogroup Consulting avec la participation du think tank Club 2030 Afrique, a pour ambition de répondre à ces différents enjeux.

Un défi vital pour un continent sous-alimenté en énergie

Sur l’ensemble du continent, plus de la moitié des 54 pays africains affichent un taux d’électrification de moins de 20%. Les taux sont notamment très bas pour la Centrafrique (3%), le Tchad (4%), le Congo Kinshasa (9%), mais atteignent 85% en Afrique du Sud.
Au niveau géographique, alors que l’Afrique du Nord affiche un taux d’électrification de 99%, celui de l’Afrique subsaharienne se limite à 32% et il est de seulement 14% en zone rurale. Seuls 42% des Africains ont accès à l’électricité, contre 75% dans les pays développés. Le continent souffre également de fortes disparités : 30 % de la population africaine vit en Afrique du Nord ou en Afrique du Sud, mais ces deux régions représentent à elles seules 80 % de l’énergie consommée par l’ensemble du continent (hors biomasse).

L’électricité produite en Afrique est très onéreuse pour les ménages : le coût de revient d’un kWh pour un ménage africain peut monter jusqu’à 4 €, contre 0,15 € pour un ménage européen. C’est pourquoi la consommation de la biomasse, énergie gratuite, représente 80% de l’énergie consommée en Afrique subsaharienne (principalement bois de chauffe et charbon de bois). Bien qu’elle soit polluante et néfaste pour la santé, la consommation de charbon représente ainsi 60% environ de la consommation d’énergie de l’Afrique subsaharienne, principalement destinée à la cuisson et au chauffage. Mais en ce qui concerne l’énergie commerciale, le pétrole reste la plus importante en Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud.

Gouvernance et financement : les fondements du développement énergétique de l’Afrique

Il n’est pas possible d’envisager à court terme la disparition de l’utilisation du bois de feu, souvent la seule énergie dont disposent les ménages ruraux. Il apparaît donc urgent de développer sur une échelle massive la distribution de foyers améliorés, une mesure simple et peu coûteuse, mais pourtant peu mise en Å“uvre. Pour favoriser l’électrification rurale, l’une des solutions réside dans la production et la distribution décentralisée, à partir de solutions hors réseau et mini réseaux. Ces solutions font appel au solaire photovoltaïque, à la micro-hydraulique, ou encore à la méthanisation. Mais les difficultés à surmonter restent significatives : problèmes techniques, problèmes politiques et de financement. A l’autre bout du spectre, le développement de distribution d’électricité aux populations pauvres et le développement d’infrastructures de production centralisées reste très cher et compliqué à mettre en Å“uvre.

Sur le front de la gouvernance, Club 2030 Afrique recommande de renforcer les cadres réglementaires pour sécuriser les investissements et instaurer une fiscalité transparente. Parce que les projets énergétiques sont très consommateurs de capitaux, les partenariats publics-privés (contrats BOT, BOO, BOOT) doivent être encouragés. « Le mouvement de privatisation des réseaux électriques, conceptualisé et généralisé par la Banque mondiale, a été un échec manifeste en Afrique, car les pays n’avaient pas achevé leur électrification. Les obligations de rentabilité des compagnies privées les obligeant à considérer des temps de retour très courts, ce qui les a détourné des populations pauvres à la solvabilité insuffisante », souligne le rapport.

Sur le plan des financements, l’Agence internationale de l’énergie estime à 50 milliards de dollars par an, d’ici 2030, les investissements nécessaires pour atteindre un taux d’accès à l’électricité proche de 80%. Parallèlement, il s’agira de mettre en place des mécanismes et des alternatives pour diminuer l’usage des énergies fossiles. Qui paiera pour assurer cette transition énergétique en Afrique ? Club 2030 Afrique demande que la part du Fonds vert de l’ONU consacrée à l’Afrique, soit portée à 50% contre 27% aujourd’hui. Le Fonds vert, abondé par les pays développés pour aider les pays les plus exposés au changement climatique, devrait atteindre 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2020, si les promesses sont tenues.
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