Les Maisons solaires des Compagnons du devoir

Référence absolue en matière de savoir-faire artisanal, les Compagnons du devoir n’en oublient pas pour autant le développement durable. En 2008, lors de leurs assises, ils ont signé une charte interne pour développer une démarche écologique, entre économies d’énergie, isolation et recours aux énergies renouvelables. Une cible relève de l’évidence : Le solaire thermique au sein des maisons des Compagnons réparties à travers la France. Reportage !

Les Compagnons du devoir comptent plus de quatre-vingt maisons dans toute la France ce qui correspond à la bagatelle de 5100 lits pour une surface totale de 234 000 m². Quand la décision fut prise de développer le solaire thermique au sein de ces établissements, la maison de Nîmes dans le Gard a été première de cordée. La raison en est simple. Cette maison avait été dotée dès l’origine en 1969 d’une installation solaire thermique qui méritait une profonde réfection. Appuyé par le bureau d’études Tecsol et financé grâce au fonds chaleur coordonné par l’Ademe, de jeunes compagnons se sont donc attelés à remettre à neuf cette installation solaire frappée d’obsolescence. Une formation sur le tas pour engranger de l’expérience !

De la pédagogie autour du solaire thermique

Plus au Nord, à Angers, les Compagnons possèdent deux maisons, l’une en plein centre, l’autre sur le boulevard Copernic. Construite en 1969 et réhabilitée en 1990 pour l’hébergement, la Maison des Compagnons d’Angers « Copernic » comprend des salles de cours, des ateliers, une bibliothèque, une salle à manger, des bureaux administratifs et des chambres pour une capacité d’accueil de 97 jeunes. En 2011, le bâtiment a été rénové entièrement et isolé par l’extérieur pour le rendre étanche à l’air. « Nous avons également profité de refaire la chaufferie pour y greffer du solaire » analyse Baudoin Sauvé, responsable du patrimoine pour les Compagnons et ancien plombier chauffagiste. Le bureau d’études Tecsol a là encore apporté son savoir-faire technique. 16 capteurs Eklor de 2,3 m² unitaires ont donc été installés pour produire l’eau chaude sanitaire des chambres et du restaurant. Sur un plan économique, le montant du marché s’est élevé à environ 38 000 € HT avec une subvention de l’Ademe de 12 163 €. « Cette plateforme solaire d’Angers a été conçue pour que les jeunes puissent monter voir les dispositifs et les système solaires. Nous avons sur Angers Copernic des visées pédagogiques. Nous sommes d’ailleurs en train de constituer en France un pôle de formation solaire au sein d’une cellule économie d’énergie » poursuit Baudoin Sauvé.

En manque de financement

Dans la foulée d’Angers, une autre maison a ainsi été solarisée à La Talaudière à quelques encablures de Saint-Etienne (voir encadré). En tout donc, trois maisons des compagnons voient désormais leur eau sanitaire chauffée au solaire. Avec de belles économies générées et quelques tonnes d’émissions de CO2 évitées ! Avec plus de quatre-vingt maisons, le potentiel est encore important. D’autant que la volonté d’aller vers une démarche verte est bien présente chez les compagnons. De nouveaux projets sont ainsi à l’étude, aux antipodes l’un de l’autre, l’un dans le Nord à Lille, l’autre sur les bords de la Méditerranée à Marseille. Et celle qui a le plus de se réaliser n’est pas forcément celle que l’on croit. « Sur Lille, l’installation pourrait être peu coûteuse. Il s’agit d’un projet solaire sur un immeuble de cinq étages qui est coiffé par une grande terrasse sur laquelle est construit un local technique. L’architecture est idéale pour implanter des panneaux solaires à moindre frais. Nous sommes très regardant là-dessus car les problèmes de financement prennent aujourd’hui le pas sur la réalisation des projets avec en plus les aides qui diminuent avec le temps » avance Baudoin Sauvé. Sur Marseille, même si la ressource est là, le projet semble plus complexe et donc plus coûteux. « Un prédiagnostic a également été réalisé sur la maison de Colomiers. Le dossier est déposé. On en connaît le prix. La contrainte financière est hélas bel et bien là » soupire le directeur du patrimoine.

Encadré

Un exemple concret avec la maison des compagnons de la Talaudière

Cette maison accueille un centre de formation et d’hébergement des Compagnons du Devoir d’une capacité de 150 lits. Elle abrite également une zone de bureau et de locaux administratifs. Une chaufferie centrale assure la production d’énergie pour les besoins de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire. L’installation solaire avec des capteurs implantés sur la toiture du bâtiment, a pour objet de se substituer en partie à l’actuelle production d’eau chaude sanitaire utilisant le gaz comme énergie. Une installation auto-vidangeable a été mise en place. L’installation solaire est en fonctionnement depuis juillet 2012.

Les données techniques
Application : Production d’eau chaude sanitaire
Surface de capteurs : 54 m² de capteurs plan type SKR500 de marque Sonnenkraft
Volume de stockage utile solaire : 3 000 litres (1 ballon)
Besoins annuels hors bouclage : 71 748 kWh
Apports solaires annuels : 34 031 kWh, 9 Tonnes d’équivalent CO2 évitées par an (émission de CO2 = 220 gCO2 / kWh énergie finale).
Productivité solaire : 627 kWh/m².an
Energie substituée : gaz
Dates de mise en service : juillet 2012

Les données financières
Euros TTC
Aides ADEME 21 540€ 42 %
Région 10 223€ 20 %
Cumul d’aide 31 763€ 62 %
Autofinancement 19 237€ 38 %
Total investissement, y compris ingénierie 51 000€ 100 %

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