Evasol en redressement judiciaire avec de bons espoirs de résilience

Jeudi 29 mars. 9h00 du matin. Stéphane Maureau, PDG de la société Evasol, patiente dans la salle des pas perdus du tribunal de commerce de Lyon. « Je suis là pour réaliser un acte de gestion pour sauver mon entreprise. Le but de ce redressement judiciaire : Gagner du temps et restructurer la société en deux à trois mois au lieu de six à huit mois. Aujourd’hui, le groupe compte deux cents personnes dont quatre-vingt au siège. C’est devenu trop lourd. Nous devons sauver l’entreprise pour sauver des emplois » confie le chef d’entreprise persuadé du bien-fondé de sa démarche.

Une diversification en marche

Comment le leader des installations solaires photovoltaïques pour le résidentiel fondé en 2007 et qui a compté jusqu’à quatre cents salariés en est-il arrivé là ? Les raisons sont multiples et surtout connues. Instabilité du cadre réglementaire, absence de visibilité, moratoire, baisse de tarifs d’achat et campagne de dénigrement systématique du solaire photovoltaïque ont précipité une chute vertigineuse des ventes et le déclin de l’entreprise. De 75 millions d’euros au bilan clos fin mars 2011, celles-ci se sont écroulées à 20 millions d’euros environ sur l’exercice qui s’achève ce mois-ci. « Nous demeurons cependant à l’équilibre avec une situation nette positive. Nous n’avons pas de dettes. Nous avons lancé une stratégie de diversification de l’entreprise via le marché des économies d’énergie et nous comptions beaucoup sur notre plan de recrutement pour réamorcer l’activité. Le trimestre dernier, nous avons même recruté 75 personnes et notamment beaucoup d’anciens du solaire hélas usés psychologiquement. Sur cette campagne de recrutement, nous avons seulement gardé une dizaine de collaborateurs » poursuit le chef d’entreprise. Des erreurs de casting mais aussi une conjoncture défavorable d’avant élections présidentielles avec des Français plus branchés sur l’épargne (16,8% de taux d’épargne) que sur la dépense.

Un appel à la confiance

« Le creux d’activités est plus profond et plus long que prévu. La mise en redressement judiciaire voulue et concertée se fait en accompagnement avec les banques et l’administrateur. Elle relève de la stratégie d’entreprise et se déroule dans un contexte plutôt bienveillant » analyse Stéphane Maureau qui avait le choix entre deux risques, celui de la restructuration en interne avec l’inertie induite ou bien celle du redressement judiciaire capable de sauver la société mais qui peut aussi, faire effet de repoussoir et ternir l’image de l’entreprise. Et d’en appeler à la confiance de tous, clients, fournisseurs « C’est juste une mauvaise passe. Le marché global des économies d’énergie sur lequel nous nous sommes positionnés va être porté par l’augmentation des prix du fuel, du gaz, de l’électricité. Par ailleurs, nous croyons toujours à la pertinence du solaire, mais comme énergie d’avenir », plaide le dirigeant. Pour ce faire, Evasol a lancé un nouveau plan d’embauche de 60 commerciaux supplémentaires affectés à la diversification qui sera, espère le PDG, plus fructueux que le dernier plan en date. Les objectifs de Stéphane Maureau pour 2013 : 40 millions de chiffre d’affaires à parts égales entre photovoltaïque et les autres prestations. Son objectif à trois ans : 70 millions d’euros d’activités. Un acte de résilience réaliste ! « Je dois vous laisser, on m’appelle ». Stéphane Maureau quitte la salle des pas perdus pour son rendez-vous judiciaire qui engage désormais le destin de son entreprise

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