Etats Généraux de la Chaleur Solaire : entre solaire connecté, autoconsommation et projet emblématique

Au cÅ“ur de l’automne, les professionnels de la chaleur solaire ont tenu leurs Etats Généraux. L’heure de tout se dire, sans faux semblants alors que le secteur est en crise. Pour enrayer la chute du marché, la filière compte sur l’innovation- le solaire connecté -, le regain d’intérêt pour l’autoconsomation mais aussi sur l’envie de susciter le désir à travers des projets originaux qui montrent que le solaire thermique est lui aussi capable de soulever l’enthousiasme ! Regards.

Depuis quelques années maintenant, le marché du solaire thermique français est à la peine. Si le solaire collectif a permis de limiter sa décroissance jusqu’en 2012, ce secteur d’activité connaît lui aussi désormais une forte régression depuis quatre ans. Les Etats Généraux de la Chaleur Solaire organisés par le syndicat Enerplan le mardi 25 octobre 2016 dans l’amphithéâtre du Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris avait donc pour ambition de réaliser un constat lucide de la situation telle qu’elle est mais aussi de susciter de nouveaux espoirs en laissant entrevoir de nouveaux moteurs de résilience pour une filière qui ne manque pas d’atouts.

La percée du solaire thermique connecté

Même lorsque les systèmes solaires thermiques dysfonctionnent, il n’y a pas de rupture d’approvisionnement des utilisateurs en eau chaude. Cela ne se voit pas car l’appoint pallie la déficience. Pour Valérie Laplagne Responsable ENR Uniclima Syndicat des industriels du génie climatique, le solaire thermique doit avant toute chose se visualiser. « Pour les clients comme pour les professionnels, nous devons matérialiser, à distance, ce que l’on produit et ce que l’on consomme pour vérifier le bon fonctionnement et pour rassurer sur la fiabilité du solaire. Un gage minimum de sérénité ! ». Les industriels en ont conscience et ont effectué un gros travail en ce sens, d’Eklor à Solisart, en passant par Vaillant ou Sonnenkraft. Les technologies de suivi et d’alertes à distances via des smartphones ou tablettes sont performantes, matures et à des coûts de plus en plus maîtrisés afin de grignoter le moins possible les économies générées par les systèmes. Des diagnostics précis et même des interventions peuvent désormais être réalisés à distance sans déplacement d’un technicien. Gain de temps et d’argent. Autant de services qui rassurent le consommateur et lui apportent confiance et satisfaction. Au 21ème siècle, le solaire thermique sera connecté ou ne sera pas. Une certitude que partage Gaël Parrens , gérant d’Aqua-Sun depuis 1998 et vice-président UECF Président de la commission Technologie nouvelles & énergies renouvelables. Pour lui, le solaire connecté, véritable outil et tableau de bord, est avant tout une révolution pour le métier avec un impact très positif quant à la perception des systèmes par la clientèle. Le solaire connecté est une formidable aide à la vente qui inscrit ces produits dans la modernité et dans le monde des objets connectés. Et Gaël Parrens en visionnaire d’aller plus loin encore dans ambitions digitales : « A quand des interfaces communicantes entre le solaire thermique et le PV autoconsommation, pour la mobilité énergétique de demain ».

L’autoconsommation va-t-elle dynamiser la production de calories solaires ?

Le solaire thermique pourrait donc aussi tirer profit de la nouvelle dynamique en matière d’autoconsommation. Et la démonstration réalisée par Richard Loyen, secrétaire général d’Enerplan, à travers des éléments objectifs d’analyse économique et environnemental, s’est révélée particulièrement probante. En ligne de mire une démarche de maîtrise des charges et de réduction d’émissions de CO2. Pour cette dernière, et il est utile de le rappeler l’impact du solaire thermique (substitution énergie fossile) est 3 à 4 fois supérieur que pour le PV (substitution électricité). « La technologie solaire thermique s’avère incontournable pour réduire l’empreinte carbone du poste de production d’ECS, voire de chauffage, des consommateurs de gaz et de fioul. Pour l’habitat collectif avec espace disponible en toiture relatif, la puissance surfacique du solaire thermique est à privilégier grâce au facteur 6 par rapport au PV » assure Richard Loyen. Là où Richard Loyen vise juste c’est lorsqu’il compare le coût de production électron par rapport à une calorie solaire. On peut alors s’apercevoir qu’il est sensiblement équivalent si l’on prend en compte une installation collective PV 36 kW #290m² versus une installation de solaire thermique de 35 kW #50m². Toutefois, le solaire thermique intègre la fonctionnalité stockage en base, tandis qu’elle est encore onéreuse pour l’électricité (> à 100 €/MWh pour batterie). Par essence, le marché du solaire thermique est une offre d’autoconsommation, avec en prime la fourniture de calories stockées jusqu’à quelques jours, pour besoins d’ECS et/ou chauffage.

Un projet qui soulève l’enthousiasme

Julien Daclin, Directeur Performance Environnementale chez Deerns a évoqué l’initiative exemplaire qu’est la future maison d’Ile De France de la Cité Internationale à Paris. Et autant dire que la présentation de ce projet a su redonner du baume au cÅ“ur aux participants du colloque. Et il y avait de quoiQu’on se le dise le solaire thermique manque hélas de projets à forte valeur ajoutée en termes d’images. Des projets qui emportent l’adhésion de tous par leur audace technologique et leur attractivité architecturale. Oui le solaire thermique peut soulever l’enthousiasme. Les Objectifs du Projets de la Cette cité de l’IDF en phase d’usage c’est : Zéro énergie, Zéro CO2, Zéro déchets nucléaires. Pour ce faire, l’énergie solaire est fortement mise à contribution. 325 m² de surface active de panneaux solaires thermiques à technologie « tubes sous vide » sont installés en intégration verticale sur la façade Sud. Ils vont produire les calories utiles au système de stockage intersaisonnier mis en place sous la forme de 2 cuves pour un volume total de 156.000 litres. Isolées avec 10 cm de laine de roche et 30 cm de polyuréthane soit l’équivalent de 80 cm de laine de roche, ces cuves ont été installées en série et verticalement. Elles sont dotées de connexions hydrauliques judicieusement placées à différents niveaux des cuves. Objectif: maximiser la stratification de la chaleur pour permettre un chauffage régulier tout au long de l’hiver. Si l’on ajoute à cela les 563 m de solaire photovoltaïque à haut rendement implantés en toiture, la cité d’IDF peut revendiquer son statut d’immeuble 100% solaire. Comme une bouffée d’air frais pour les professionnels de la filière qui voit que le solaire thermique amène sa part dans de tel projet emblématique. Une part d’énergie loin d’être négligeable mais aussi une part de rêve !

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