Edito/Travailleurs détachés sur les chantiers solaires : Attention à la dérive !

C’est l’histoire d’un patron de PME du Sud de la France, spécialiste des réseaux et de l’énergie, qui s’est beaucoup investi dans le secteur du solaire photovoltaïque, aussi bien pour les installations en toitures que pour les grandes fermes au sol. Aujourd’hui, totalement désarmé, il tire la sonnette d’alarme. La baisse régulière des tarifs en moins de 100 kWc a pour l’heure quasiment condamné ce créneau de marché. Il ne travaille donc plus que sur les projets d’appels d’offres avec les sociétés qui les remportent.

Problème. Pour gagner les appels d’offres, ces opérateurs spécialistes sont obligés de tirer vers le bas les tarifs d’achat qui demeurent tout de même, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, plus élevés que le tarif pour les projets en dessous de 100 kWc. Pour conserver des marges dignes, ces entreprises mettent ainsi une grosse pression sur les coûts d’installation, notamment dans le cas des centrales au sol. Il n’est ainsi plus rare de rencontrer un nombre substantiel de travailleurs détachés – ce qui est totalement légal soit dit en passant – sur les chantiers photovoltaïques français.

Les personnels d’Europe du Sud et de l’Est au temps de travail extensible sont le plus souvent issus de sociétés sous-traitantes soumises aux charges sociales de leur pays d’origine. Ils travaillent pour la plupart dans des conditions de sécurité discutables. Ils sont pourtant devenus la norme pour de nombreux porteurs de projets. Et notre patron de PME française de pousser un coup de gueule ! Ses devis à lui sont toujours trop élevés de 20 à 30% voir plus. Il ne peut plus se positionner face à cette main d’Å“uvre bon marché au savoir-faire néanmoins reconnu. Son carnet de commande s’étiole et des emplois sont en sursis.

Loué pour son caractère décentralisé qui profite à l’emploi au plus près des territoires, le solaire photovoltaïque n’en obéit pas moins à une logique économique implacable. Panneaux chinois, main d’Å“uvre étrangère, le low cost a fini par s’imposer partout pour suivre, il est vrai, la baisse des tarifs imposés par le gouvernement. Au détriment de l’emploi local et d’une certaine idée du modèle social français !

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