Palais de la Bourse, 20 mai 2025 à Bordeaux. Près de quatre cent personnes sont venues assister au colloque du SER consacré au photovoltaïque, un sujet actuellement éminemment inflammable sur le plan politique, à l’heure de la publication de la future PPE programmée d’ici à la fin de l’été. Cet événement tombait à point nommé alors que de nombreuses attaques, portées par les lobbys de l’atome, continuent sans cesse de décrédibiliser la filière solaire, responsable de tout, des prix négatifs à l’instabilité du réseau avec en point d’orgue le black-out espagnol du 28 avril dont on ne sait encore rien. La solaire n’a pas bonne presse auprès des gens de pouvoir alors qu’il est sollicité par le grand public…Paradoxe !
En effet, ce colloque a été en premier lieu celui d’une absence. Une absence remarquée ! Celle du ministre de l’industrie et de l’énergie Marc Ferracci qui n’a de cesse de clamer que l’on a besoin des renouvelables maintenant et tout de suite, car le nouveau nucléaire n’est pas pour demain mais plutôt pour dans quinze ans. On aurait aimé voir le ministre porter cette parole devant les pros de la filière. Il était pourtant aux abonnés absents, comme un aveu de faiblesse… Sa vidéo, certes porteuse d’une intention, semblait un peu hors sol dans un contexte lourd, un peu comme l’intervention télévisée de son ami le président Emmanuel Macron qui n’a emballé personne. Fin de règne…
Ce colloque était l’occasion de faire le point, d’explorer les faits, rien que les faits, qui font du solaire l’énergie la plus installée en volumes dans le monde chaque année et la plus compétitive. « En 2030, le mix énergétique européen sera solaire à 25% » a précisé Gaëtan Masson de l’Institut Becquerel. « Le solaire, c’est l’électricité pour tous » a renchéri Jules Nyssen. Partout dans le monde, le solaire a gagné la partie. En France, il dérange, il gêne, il bouscule une communauté identitaire ultra centralisée de l’énergie qui n’a pas dit son dernier mot.
Les experts ès solaire présents sont ainsi revenus sur la baisse des primes à l’installation du solaire et sur celle des tarifs d’achat mais aussi sur le recul cynique de l’obligation du solaire sur les parkings votée à l’Assemblée il y a quelques jours à peine. Encore un stop and go dirimant pour la filière qui n’en finit pas de prôner lisibilité et visibilité et qui subit, en contrepartie, avanies et camouflets.
Ce colloque 2025 du SER marquera finalement une confirmation dans la trajectoire énergétique de la France, celle d’une absence claire de volonté politique quant au développement du solaire en France. Pire, d’une pusillanimité affichée du pouvoir face aux pressions de l’extrême droite et de la droite extrême. Jamais autant qu’en 2025, l’énergie solaire n’aura été aussi politique qu’elle ne l’a jamais été. Dans une polarisation exacerbée des débats, entre les tenants d’une énergie nucléaire centralisée, énergie de force et de pouvoir apanage des puissants, et les partisans des EnR décentralisées, énergies des territoires et de partage, largement plébiscitées par les citoyens.