Edito/ Renoncement de Nicolas Hulot : aux citoyens de prendre la main

Un renoncement, c’est certain. Une surprise, certainement pas. La décision de Nicolas Hulot de reporter à 2030 voir 2035 l’objectif de 50% de nucléaire dans la production d’électricité en France n’est pas un bon signal mais elle n’étonne pas non plus les spécialistes de l’énergie. « On le sentait venir » confie l’un d’entre eux. Cette annonce prépare en fait l’écriture de la prochaine PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) à venir. La PPE, c’est le mix énergétique gravé dans le marbre de la loi. On y joue carte sur table, on y scrute la place de chaque technologie. Les PPE ont souvent été très pessimistes avec le solaire d’ailleurs. Pourtant, l’énergie solaire a toujours performé par rapport aux objectifs ciblés.

Et pourquoi n’en serait-il pas de même demain ? Les années qui viennent vont être marquées par la montée en puissance du véhicule électrique. 15 000 kilomètres par an avec une voiture électrique, correspondent à la consommation électrique annuelle d’une maison hors chauffage. La consommation électrique va donc être tirée vers le haut par le véhicule électrique. Avec un autre effet. La fabrication de masse de batteries pour la mobilité va induire une baisse drastique des coûts telle que l’on a connu dans le PV. Ce dont vont naturellement profiter les systèmes stationnaires. Quand la concurrence s’attise, les prix se rapprochent des coûts. De plus, très bientôt, les deux écosystèmes mobilité électrique et résidentiel vont cohabiter. Voir le développement de solutions vehicle to home. Avec en sus une poudre de perlimpinpin de digital pour optimiser le tout. Cette nouvelle croissance de la consommation transversale de l’électricité de la maison à la voiture sera absorbée par le solaire.

Et qu’on se le dise une fois que le solaire sera soumis à un régime de marché pur, sans subvention, la donne va changer. La volonté populaire peut tout faire voler en éclat avec l’autoconsommation particulière ou collective. Le choix des citoyens sera alors déterminant. Et il n’y pas de raison qu’une adhésion forte aux solutions solaires ne devienne pas la norme. Depuis des années, les sondages montrent l’appétence des consommateurs pour les énergies renouvelables. Quand elles seront à prix égal ou même moins cher que le nucléaire, le cercle vertueux s’engagera. Reste maintenant aux autorités à ne pas brider leur développement en parsemant leur voie royale de chausse-trappes dirimantes ou scélérates. A Nicolas Hulot de redorer son blason terni et de baliser le chemin des EnR en les libérant définitivement de toutes les barrières techniques, en favorisant leur éclosion, en ouvrant le cadre des possibles sur le plan du transport de l’électricité. Le ministre doit bien ça à la filière solaire

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