Edito : Les énergies renouvelables, une affaire d'Etat

La charge a eu lieu lors du colloque des pôles de compétitivité dédiés aux domaines des « énergies renouvelables ou décarbonées et de l’efficacité énergétique » le mercredi 26 juin 2013 à Paris. Elle émane d’un éminent personnage public à savoir Alain Rousset, président socialiste de l’Association des Régions de France qui dit avoir déjà mauvaise réputation au sein de l’appareil d’Etat. Ladiatribe qui suit ne va pas arranger son cas.

« Ce que je n’arrive pas à faire comprendre, c’est comment peut-on piloter une politique économique, des acteurs économiques, en étant éloigné du terrain ? La France n’a pas réussi, à la différence de tous les autres pays démocratiques à repenser le rôle de l’Etat et de l’appareil central par rapport aux territoires. Je ne veux pas mettre en cause l’Etat. J’ai suffisamment dit qu’il fallait réarmer l’Etat en matière d’intelligence économique, de prospective On voit la rupture qui s’est passé lorsqu’il y eu le moratoire, lorsque l’on avait maintenu ces prix de rachat à la différence de l’Allemagne qui avait fait un calcul plus lissé. 400 000 emplois d’un côté, et de l’autre 22% des emplois liés aux énergies renouvelables perdus par une erreur d’Etat, l’appareil d’Etat, pas forcément les ministres. Le problème n’est pas de gauche ou de droite, Je ne veux pas soupçonner qui que ce soit qui n’est pas envie de créer des emplois. On a un modèle d’organisation qui est obsolète, voilà. Les entreprises ont fait leur mutation organisationnelle pas l’appareil public. J’espère qu’on va avancer ».

Cette sortie très acerbe d’un homme de terrain unanimement apprécié de l’ensemble de la classe politique montre combien la rupture est consommée entre ces représentants du peuple pleins de bon sens et l’oligarchie administrative qui préside aux destinées de la France. En la matière, la gestion du développement des énergies renouvelables est très certainement un cas d’école qui a réellement transcendé le clivage entre le territoire et les ors de la République.

La perte de souveraineté, même partielle, en matière énergétique au profit de régions en quête d’autonomie dépasse l’entendement de nos élites centralisées. Pire, elle leur est insupportable. Alain Rousset la stigmatise avec force. Au plus haut niveau encore, la ministre Delphine Batho butte elle aussi contre son administration de tutelle, il faut dire largement manipulée par Bercy. Les volontés politiques s’émoussent au contact de l’appareil d’Etat. Les difficultés du solaire photovoltaïque sont le symbole de cette impuissance politique.

Cet article est publié dans Actualités. Ajouter aux favoris.

Les commentaires sont fermés