Edito : Le solaire compétitif, une vérité qui dérange !

A l’heure où le terme de compétitivité est devenu l’alpha et l’oméga dans tous les discours de politique économique français, le solaire photovoltaïque offre sur ce point un exemple édifiant. Si d’aucuns imputent la baisse des prix des modules photovoltaïques à la surproduction mondiale – ce qui est en partie vrai -, elle n’est pas non plus due également à cette seule surproduction mais aussi aux progrès permanents qu’enregistre la filière.

La R&D, l’optimisation des process et les démarches qualité se sont mis en branle partout dans le monde. Le prix du silicium a quasiment été divisé par deux sur la seule année 2012 passant de 50 dollars le kilo à 28 dollars actuellement. Les rendements des cellules ne cessent de croître. La société française Air Liquide participe notamment de ce mouvement en développant des gaz silanes capables de faire monter l’efficience des cellules de 0,3 à 0,5%. Un meilleur rendement pour une même cellule, voilà où se niche aussi la compétitivité. Dans les avancées technologiques!

En 2006, des chercheurs experts ès photovoltaïque pourtant rompus à ces technologies annonçaient le plus sérieusement du monde que les coûts du solaire photovoltaïque devraient tomber en dessous de 10 centimes d’euros le kWh en 2030 que l’on habite à Lille ou à Marseille. Nous sommes en 2013, et il a déjà atteint ce palier. Or, à 10 centimes d’euros le kWh, le solaire est concurrentiel vis-à-vis de toutes les autres sources d’énergie. Preuve en est la petite bulle de 1500 MW qui viendrait gonfler les listes d’attente de RTE pour des projets à 10 centimes d’euros. S’il y a des candidats, c’est qu’il existe un marché rentable, en route vers la parité réseau. 10 centimes d’euros, le tarif de tous les possibles qui permet, qui plus est, de ne point grever la CSPE. Une excellente nouvelle pour l’ensemble de la filière française et le mix énergétique français !

Mais ce qui est possible à 10,20 centimes d’euros ne l’est pas encore à 8,40 centimes d’euros, et ce même si la courbe du coût des modules continue à s’infléchir à la baisse. Ainsi, la décision du gouvernement de baisser de manière arbitraire de 20% le tarif de base T5 prouve, s’il en était encore besoin, que la fulgurante compétitivité du solaire photovoltaïque surprend et bouleverse les habitudes archaïques des tenants des oligopoles de l’énergie en France.

Comme le dit Bertrand Piccard, créateur de l’avion Solar Impulse : « Les gens n’aiment pas qu’on les oblige à se réinventer. Et pourtant, ceux qui vont réussir sont ceux qui y parviendront. Ceux qui produiront l’énergie et les solutions énergétiques de demain ne sont pas ceux qui la produisent aujourd’hui ». L’essor du solaire photovoltaïque est inéluctable et sa quête de compétitivité effrénée, une vérité qui dérange.

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