Delphine Batho et ses demandes déraisonnables

L’allocution était attendue. Suite à son limogeage de son poste de ministre de l’écologie, Delphine Batho avait décidé de tout dire. Et l’on n’a pas été déçu. Dans un premier temps, elle a tenu à mettre les choses au clair et à plaider pour « son sens de l’Etat et des responsabilité » et sur le fait qu’elle n’a commis « ni une erreur, ni une faute ». « Jamais, je n’ai été prise en défaut de loyauté envers mon camp. En aucun cas, je n’ai manqué à la solidarité gouvernementale y compris sur le budget » a-t-elle confié en stipulant amère que « la collégialité au sein du gouvernement, c’est fini ».

Et puis il y a ces arbitrages qu’elle n’a pas acceptés. Delphine Batho avait formulé « trois demandes précises. Que le budget de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise et de l’énergie, ndlr) ne soit pas amputé de 80 millions d’euros, que la moitié des investissements d’avenir soient consacrés à la transition énergétique, et que la fiscalité verte serve à financer l’écologie et ne soit pas synonyme d’un nouvel impôt de l’austérité qui frapperait les plus modestes Ma conviction, c’est que si tout était clair dans ce qui a conduit à ma mise à l’écart, ces demandes n’auraient pas été considérées comme déraisonnables. Ce n’était pas hors de notre portée (…) dans le respect du désendettement qui a été décidé, a-t-elle estimé.

Plus polémique, elle a évoqué ces puissances économiques qui n’acceptent pas les positions sur les gaz de schiste ou la réduction du nucléaire, « des forces qui ne se sont pas cachées de vouloir ma tête » a-t-elle estimé. Et Delphine Batho de prendre un exemple précis et troublant du patron de la société Vallourec, Philippe Crouzet, qui a annoncé sa marginalisation et sa mise à l’écart à l’avance lors d’une réunion aux Etats-Unis. « Ce ministère est très exposé à l’action des lobbies Il faut se mobiliser contre les forces financières » s’est-elle fendue.

Elle a conclu en disant ne pas se résigner à l’abandon et au fatalisme. « Nous sommes à un tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom. J’appelle la gauche à un sursaut écologique ».

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