Clipsol : la grève se poursuit

Piquets de grève, pneus brûlés, marche de protestation du personnel devant la mairie, la société Clipsol installée à Aix-les-Bains vient de vivre la semaine la plus difficile de son histoire. Les salariés n’acceptent pas le plan social proposé par Engie, le principal actionnaire. André Jean, le fondateur co-actionnaire lance un appel au calme. Retour sur cette période agitée !

Propriété à 51% du groupe Engie (GDF-Suez à l’époque) depuis 2008, la société Clipsol, acteur historique du solaire en France, a connu, depuis lors, une véritable descente aux enfers sur fond de crise du marché de l’énergie solaire en France. Si le moratoire de 2010 avait pour effet de mettre fin à la bulle spéculative du solaire photovoltaïque, il n’en a pas moins affecté son cousin thermique grande spécialité de la société d’Aix-les-Bains. « Clipsol, aux mains d’une direction inefficace et sans vision, est passé en quatre ans de plus de 130 salariés à 80 avec un chiffre d’affaires divisé par quatre. Un vrai gâchis pour une entreprise dynamique dotée d’un savoir-faire unique » déplore l’intersyndicale de la société.

37 licenciements programmés

Et la situation ne cesse de se dégrader, les pertes de s’accumuler. Un nouveau plan de sauvegarde pour l’emploi (PSE) a ainsi été mis sur la table en cet été 2015 avec le but de ramener les effectifs à 43 salariés soit 37 licenciements programmés. Sans occulter la nécessité de ce PSE alors que l’activité demeure plus qu’atone, les salariés de Clipsol ne comprennent pas pourquoi des mesures d’incitation de mobilité interne au groupe n’ont pas été mises en place pour anticiper ce pla n et militer les départs contraints. Autour d’une question lancinante : la direction de Clipsol a-t-elle une réelle volonté de reclasser ses salariés ? Ces incertitudes ont motivé le lancement d’un mouvement de grève en ce début juillet 2015. Piquets de grève, pneus brûlés, marche de contestation, les salariés ont voulu montré leur lassitude et leur incompréhension devant la situation au moment même où Engie vient de prendre le contrôle de la société Solairedirect pour 200 millions d’euros se targuant de devenir le leader français de l’énergie solaire. De quoi mettre de l’huile sur le feu des revendications des salariés de Clipsol ! « La dernière réunion entre salariés et direction a certes connu des avancées en matière sociale notamment dans les mesures de retour à l’emploi mais cela demeure très insuffisant pour un groupe comme Engie. Il y a des choses à améliorer. Il existe un véritable écart entre le traitement des salariés Engie et les salariés de Clipsol. C’est inacceptable. Ce ne sont que des mesurettes pour se donner bonne conscience. La situation est bloquée, la grève se poursuit » insiste Grégory Boch, représentant syndical CFDT.

Rebondir avec le solaire thermique collectif et les réseaux de chaleur

De son côté, André Jean, fondateur et co-actionnaire de Clipsol lance un appel au calme et a même écrit une lettre aux salariés pour apaiser les choses. « Des pneus brûlés dans le monde du solaire, ça détonne. Je prône pour un renforcement des négociations tout en étant réaliste. Aujourd’hui, le marché est très difficile. Le groupe compense aujourd’hui le fait que nous ayons deux fois trop de personnel mais le seuil est atteint. Il ne peut plus suivre » commente André Jean. Engie aurait déjà en effet apporté 2,7 millions en 2014 et trois millions en 2015 pour maintenir le navire à flot. « Le groupe souhaite nous garder et nous accompagner pour poursuivre l’aventure avec Clipsol. En termes stratégiques, nous recentrons l’activité sur le solaire thermique collectif et les réseaux de chaleur avec en appui la filiale Cofely du groupe Engie. J’ai confiance dans la capacité du groupe à nous faire rebondir » poursuit le fondateur de Clipsol qui aimerait tout de même voir sa société intégrer la branche EnR d’Engie pour plus de légitimité, elle qui se situe dans l’anonyme branche Retail. Tout sauf un détail ! Pour l’heure, la grève continue. Une prochaine réunion de négociation est prévue dans les jours à venir. Quoiqu’il en soit un accord doit être signé avant le 31 juillet prochain sous peine de voir la situation s’envenimer encore. « Un véritable ultimatum » déplore l’Intersyndicale !

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