Avis d'expert Lascom AEC sur la TE : Au-delà des investissements, la connaissance des infrastructures

L’investissement dans les nouvelles énergies renouvelables a atteint un record en 2015 avec près de 300 milliards de dollars au niveau mondial, selon la dernière étude du Bloomberg New Energy Finance (BNEF). Mais face à cette hausse de 5% des investissements par rapport à 2014, la dynamique entre pays émergents et pays développés est très différente. Selon les types d’énergie, les variations sont importantes mais le résultat d’ensemble est bien là : la France, actuellement à 14% d’EnR dans sa consommation finale d’énergie, est en retard sur son objectif de 23 % en 2020.

Nos objectifs pour 2025 et 2030, des échéances proches !

Les travaux de la Programmation pluriannuelle de l’Energie (PPE), lancés le 9 mars 2015, ont pour vocation de décliner de façon opérationnelle les orientations de la politique énergétique fixées par le projet de loi relatif à la transition énergétique. Voici quelques-uns des objectifs fixés :

On notera qu’en parallèle, EDF est engagé dans le grand carénage, un vaste programme industriel devant rendre possible l’exploitation des centrales nucléaires au-delà de 40 ans. Ce plan de 51 milliards d’euros d’ici 2025 comprend le remplacement de gros composants, les dispositions post-Fukushima et la prolongation des réacteurs. Cela renforce encore plus les enjeux d’évolution des infrastructures et le contrôle de leur exploitation !

Les pistes prévues pour atteindre ces objectifs

Si on étudie les pistes proposées dans le PPE pour atteindre ces objectifs avec une loupe « projet », on arrive à la segmentation suivante :

De nouveaux projets de construction et d’installation pour développer les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, biomasse, énergie des mers) qui incluent l’ensemble du cycle projet (étude, construction, exploitation)

Des projets pour optimiser les infrastructures existantes qui sont, eux, focalisés sur la phase d’exploitation :
Efficacité énergétique du patrimoine industriel et urbain
Modernisation des réseaux de distribution d’énergie et des réseaux de transports
Le programme industriel pour prolonger le parc nucléaire français qui porte sur des installations existantes

Une efficience plus grande en fin de vie qui concerne donc le recyclage et le démantèlement :
Garantie de pouvoir démanteler les infrastructures (nucléaires en particulier) à moindre coût et avec le minimum d’impact écologique
Recyclage optimal des produits et des équipements

Connaître ses infrastructures pour les faire évoluer

L’importance de la donnée est partout dans les actualités : internet des objets connectés, usine du futur, moteur de recherche Pourtant, face à la transition énergétique, on soulève les problématiques d’investissements ou de volonté politique, mais beaucoup moins cet enjeu concret et essentiel. Pour transformer les infrastructures existantes, publiques ou privées, il faut déjà les connaître ! Ne pas maîtriser l’information liée au patrimoine rend complexe tout nouveau chantier.

Le parc nucléaire en est un très bon exemple : pour l’évolution et le démantèlement des centrales nucléaires, le manque de documents et d’informations à jour oblige souvent à renumériser les plans et les informations des équipements. Un coût gigantesque mais aussi un manque de contrôle.

Sur un aspect similaire, pour intégrer la production d’électricité renouvelable, les réseaux de distribution doivent évoluer pour s’adapter à des installations hétérogènes (éolien, solaire). Optimiser les investissements revient alors à optimiser les travaux d’évolution qui dépendent eux-mêmes de la connaissance du réseau existant. Quand on sait que 31% de la consommation d’énergie primaire provient des pertes liées à la production et à la distribution d’énergie (source : ADEME « Chiffres clés des entreprises », édition 2014) on se rend compte de l’importance du travail d’optimisation !

Construire la mémoire d’une installation, c’est identifier le « qui, quoi, comment, où » de chaque élément. C’est aussi être capable de lever les freins réglementaires et de faciliter le financement des projets en en présentant une vision claire, maîtrisée et reproductible. Bien sûr la transition énergétique dépend de décisions politiques et d’investissements, mais il faut aussi prendre du recul et ouvrir sur ces aspects opérationnels. La connaissance des infrastructures et des réseaux peut devenir soit un vrai frein soit un moteur. Face aux débats actuels on a trop tendance à négliger son importance !
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