Daniel Bour : « Nous sommes dans un système de précarité »

Daniel Bour, président de La générale du Solaire qui développe, construit et exploite des centrales solaires, est également vice-président de l’Observatoire du Solaire. Doté de cette double casquette, il porte un regard très pointu sur une actualité du solaire photovoltaïque particulièrement peu réjouissante. Il nous commente les dernières statistiques de l’Observatoire.

Plein Soleil : La filière solaire française est aujourd’hui au plus mal en France. Pour tant votre observatoire montre un frémissement des chiffres de raccordement. Une explication ?
Daniel Bour : C’est vrai les chiffres remontent. Il faut dire que nous commençons à arriver à échéance des dossiers passés en appel d’offres, les 100-250 kW et les plus de 250 kW. On retrouve également les projets du T5 qui vont faire gonfler les chiffres jusqu’au printemps 2014. Ce sont souvent de grandes centrales qui devrait incrémenter une centaine de MW par trimestre aux statistiques jusqu’à la fin du premier semestre 2014. Après, il n’y en aura plus du tout. En dessous de 8 ctes/€ le kWh, le T5 va s’arrêter.

PS : Vos prévisions sur 2013 et 2014 ?
DB : Pour 2013, la tendance est à 600 MW sur l’année. Pour 2014, avec un peu plus de projets d’appels d’offre et encore du T5, on devrait atteindre 800 MW. Nous avons du travail pour les neuf mois qui viennent. Mais attention, nous prévoyons tout de même un énorme trou d’activités à partir du deuxième semestre 2014 qui devrait se poursuivre en 2015 si rien n’est fait. Cela va complètement à l’encontre de ce qu’attend la filière à savoir un système régulé et régulier avec 1 MW par an à raccorder. Le problème, c’est le yoyo qui nous est imposé. On avance cahin-caha, par à-coups. Nous sommes dans un système de précarité. Nous attendons de la visibilité.

PS : La visibilité, c’est justement ce que demandaient les acteurs de Solcoop dans la reprise de l’usine Bosch. Ils ne l’ont pas obtenu.
DB : Il est urgent de se battre pour Bosch. Ce serait un vrai gâchis. Le ministre doit se donner tous les moyens pour sauver cette usine. Les acteurs de Solcoop demandaient un plan à trois ans. Ils ne l’ont pas obtenu. Et pourtant, c’est une nécessité. Je n’ai pas le sentiment que le ministre est conscience de l’urgence de la situation d’une filière qui est passée de 26 000 à 8000 emplois en deux ans. Certes son discours sur l’ouverture d’une concertation sur le solaire PV lors du colloque annuel de l’UFE est encourageant. Mais il faut vite donner du sens au discours et passer aux actes. Nous attendons aussi beaucoup du nouveau directeur de cabinet Francis Rol-Tanguy.

PS : Le solaire compétitif ferait-il peur?
DB : Il est vrai que l’on a un peu l’impression que rien n’est fait en France pour rendre le solaire compétitif. Alors que tous les coûts baissent, les coûts de raccordement explosent et ont plus que doublé en France avec notamment des demandes d’enfouissement de lignes. Nous avons également le souci des taxes et des contraintes administratives. L’intégration au bâti n’est-elle pas également une solution trop lourde à l’heure actuelle ? Il faut redonner de la souplesse aux producteurs. Aujourd’hui, ils pourraient faire encore beaucoup mieux, moins cher et en créant des emplois. Brider ainsi le développement du solaire est insupportable, c’est un non sens.
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