Dix ans après l’Accord de Paris, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, en appelle à la lutte

Lors de la dixième édition de la Green Finance Research Advances Conference, François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France a prononcé un discours très offensif sur le nécessaire développement des énergies renouvelables battant en brèche de trop nombreuses idées reçues. Miscellanées…

 

« La toute première édition de la Green Finance Research Advances Conference a eu lieu dans le sillage de l’Accord de Paris. Exactement dix ans plus tard, il est temps de célébrer cet accord avec fierté, et cela malgré les bruits récents nous venant des « négationnistes ». Dans cet esprit, je voudrais faire le point sur la situation dix ans après l’Accord de Paris et partager les convictions qui guideront notre action dans les années à venir. L’heure est à la célébration, mais aussi à la lutte. »

 

« Pour l’avenir, comme les questions liées au climat sont malheureusement de plus en plus politisées, permettez-moi de rappeler une évidence : la réalité du changement climatique va perdurer. On ne fait pas descendre la fièvre en cassant le thermomètre. Le déni n’élimine pas le risque, il l’amplifie. Dans le même temps, nous devons rejeter le discours fallacieux selon lequel la transition n’est qu’un fardeau pour l’économie. Certes, la transition sera coûteuse à court terme. Mais elle représente également une opportunité historique pour l’Europe : pouvoir moderniser notre économie, renforcer notre compétitivité et assurer notre prospérité à long terme. La transition est essentielle pour garantir une stabilité à la fois environnementale et macrofinancière, qui sont les fondements de la croissance économique. Cette conviction doit guider notre action dans les années à venir. »

 

« Ce que nos travaux montrent déjà très clairement, c’est qu’au niveau mondial, investir dans la transition est rationnel sur le plan économique. Une action climatique rapide et ambitieuse réduirait les pertes macroéconomiques à long terme en limitant les dommages physiques et en évitant des ajustements brutaux et désordonnés par la suite. En parallèle, les scénarios à court terme du NGFS montrent qu’une action rapide pourrait réduire de moitié le coût de la transition d’ici 2030, à 0,5 % du PIB mondial contre 1,3 % en cas de délai supplémentaire de trois ans. »

 

« On entend trop souvent que l’accélération de la transition verte pourrait affaiblir la position de l’Europe sur les marchés mondiaux ou détourner des ressources au détriment d’autres priorités stratégiques. Au contraire, comme le souligne le rapport Draghi, les technologies propres et l’efficacité énergétique sont aussi bien des impératifs environnementaux que des opportunités industrielles. » 

 

« Réduire notre dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles importés renforce la sécurité énergétique et nous protège des chocs géopolitiques : après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, et le choc lié à la Russie en 2022, nous avons reçu suffisamment d’avertissements et de signaux d’alerte précoces. La volatilité des prix des combustibles fossiles a pesé de façon répétée sur les budgets européens et dévoilé certaines vulnérabilités pendant les crises. Toutefois, rien qu’en 2024, les énergies renouvelables ont permis de réduire les coûts liés aux combustibles fossiles d’environ 467 milliards de dollars américains à l’échelle mondiale. »

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