Le Citepa, organisme indépendant qui calcule les émissions de gaz à effet de serre de la France, publie aujourd’hui son estimation provisoire des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France pour le premier trimestre 2025 qui sont en très légère hausse, avec + 0,2 % par rapport à la même période en 2024. Les estimations prévisionnelles pour l’ensemble de l’année 2025 prévoient une légère baisse de – 0,8 % par rapport à l’année 2024. Cette prévision marquerait un net ralentissement dans le rythme de réduction des émissions de GES, après une baisse de – 6,8 % des émissions brutes entre 2022 et 2023, et de – 1,8 % entre 2023 et 2024.
Un premier trimestre en demi-teinte
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) nationales hors puits de carbone (secteur UTCATF, par exemple les forêts) du premier trimestre 2025 sont estimées à 104,2 Mt CO2e et seraient quasiment stables par rapport au premier trimestre 2024 (évolution de + 0,2 %).
Cette quasi-stabilité s’explique par les résultats des grands secteurs émetteurs:
- · Bâtiments : + 5,2 %, soit + 1 Mt CO2e, en raison d’une température moyenne enregistrée sur les trois premiers mois de l’année 2025 largement plus basse qu’en 2024 ;
- · Energie: + 0,5 %, soit + 0,1 Mt CO2e, évolution portée par la hausse des émissions du chauffage urbain ;
- · Agriculture: – 0,2 %, soit – 0,05 Mt CO2e;
- · Industrie manufacturière: – 0,5 %, soit – 0,1 Mt CO2e, évolution portée en grande partie par la baisse des émissions du secteur des minéraux non-métalliques et des matériaux de construction;
- · Transports: – 2,5 %, soit – 0,7 Mt CO2e, résultant principalement résulte principalement du recul des émissions des véhicules à motorisation diesel
Les conditions climatiques plus rigoureuses sur les trois premiers mois 2025 par rapport à la même période en 2024 ont ainsi accentué les émissions du secteur des bâtiments et de la production d’énergie, alors que les évolutions observées dans d’autres secteurs n’ont pas suffi à inverser la tendance à court terme.
Une baisse attendue pour l’ensemble de l’année 2025, mais à un rythme insuffisant
Selon les prévisions établies par le Citepasur la base de prévisions d’indicateurs macro-économiques, la France devrait enregistrer en 2025 une baisse globale de ses émissions de GES hors puits de carbone de 0,8 % par rapport à 2024, atteignant un total de 366 Mt de COâ‚‚e sur l’année. Cette réduction, qui prolonge la dynamique des dernières années, mais marque un ralentissement, reste en-deçà de la trajectoire attendue pour atteindre une réduction de – 50 % d’émissions brutes en 2030 par rapport à 1990, en cohérence avec le projet de Stratégie nationale bas-carbone n°3 [1], et les objectifs climatiques européens. Celle-ci nécessite de baisser les émissions brutes de l’ordre de 5 % chaque année entre 2024 et 2030.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition Ecologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, a déclaré : “Après – 6,8 % en 2023 et – 1,8 % en 2024, le rythme de baisse de nos émissions de gaz à effet de serre devrait à nouveau ralentir en 2025. Celles-ci progressent de 0,2 % au premier trimestre et baisseraient seulement de 0,8 % sur l’ensemble de l’année. Ces chiffres sont très mauvais et appellent à un sursaut collectif. Je refuse de laisser place au doute et à l’essoufflement. Continuer à baisser nos émissions de gaz à effet de serre est non seulement indispensable, mais possible. J’en appelle à la remobilisation de chacun. Nous devons corriger ce qui bloque, amplifier ce qui fonctionne, avec deux priorités : la décarbonation des bâtiments et des transports. C’est bon pour l’économie, c’est bon pour le climat.”Â
[1] Projet de SNBC 3 soumis à la concertation en novembre 2024