Photowatt : Eloge du « Made in France » face à l’AQPV

Photowatt était présent au lancement du nouveau label qualité français AQPV (Alliance Qualité Photovoltaïque) qui a eu lieu à Paris le 20 juillet dernier, en présence de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement et Eric Besson, ministre chargé de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique. Ce label, développé et piloté par le Syndicat des Energies Renouvelables et les industriels français de la filière photovoltaïque, a pour objectif de renseigner et de rassurer le consommateur face à la multitude d’offres présentes sur le marché. Des critères précis identifient les modules photovoltaïques garantissant une qualité renforcée par rapport à la réglementation en vigueur.

Pour pouvoir bénéficier de la meilleure notation de ce label, les modules doivent justifier de cellules fabriquées en France ou d’un assemblage effectué sur le sol français. Le label prend aussi en compte de nombreux autres critères, tels que la qualité et la réactivité du service après-vente, la traçabilité des composants utilisés, la résistance du matériel ou encore le recyclage en fin de vie des panneaux. Pionnier du photovoltaïque en France et dans le monde, Photowatt est, à ce jour, l’unique industriel français à répondre aux critères de fabrication de cellules et de leur assemblage en France. C’est donc en toute logique que les ministres ont inauguré ce label autour d’un module Photowatt.

Ce panneau Photowatt entouré par les ministres est cependant l’un des derniers à avoir été assemblé en France. Désormais, l’assemblage sera réalisé en Chine. Les panneaux Photowatt auraient ainsi pu être les seuls en France à cocher les deux cases « oui » des deux critères ultra basiques retenus pour la provenance des produits dans le label AQPV : « Modules assemblés en France : Oui/Non Semi-conducteurs produits en France : Oui/ Non ». Ce ne sera pas le cas. Des regrets ? « Je n’ai pas le luxe d’avoir des regrets. Nous cherchons avant tout la compétitivité à tout prix et hélas, on ne la trouve pas en France. Mon sujet est de redevenir compétitif face à une dégringolade des prix que j’assimile à une véritable boucherie. Les prix au module ont chuté de 15% en trois mois. 8 GW seraient en attente, soit presque la moitié de la demande mondiale déjà en stock » déclare Thierry Miremont, PDG de Photowatt qui tient par ailleurs à mettre les choses au point entre le label AQPV et la « Made in France ».

« Le label AQPV n’a pas de fondement légal au regard du droit, à la différence du « Made in France » dont l’obtention relève d’une analyse très fine et très précise. Pour pouvoir apposer le label Made in France, la valeur ajoutée qui est créée en France sur un module, doit être supérieure à 45%. Tel est le cas pour Photowatt qui fabrique wafers et cellules dansz l’Hexagone et assemble à présent en Chine. Tous les autres acteurs assembleurs en France ne dépassent pas ce seuil des 45% et ne peuvent donc se revendiquer du Made in France. Le label AQPV compense un tant soit peu cette donnée. Il s’agit là d’une façon de faire plaisir aux assembleurs français. Reste que le label AQPV a une vertu, il concourt tout de même à mettre en avant la production faite en France » reconnaît Thierry Miremont qui lance un appel à l’aide.

Le patron de Photowatt attend des MW et demande au gouvernement de l’aider pour s’en sortir et sauver ses quatre cent cinquante emplois. « Les appels d’offres entre 100 et 250 kWc qui ne prennent en compte que le prix ouvrent la porte à l’invasion chinoise. Pour ceux au-dessus de 250 kWc, le prix compte à hauteur de 40% et le bilan carbone qui compte pour 3% favorise les couches minces produites ailleurs qu’en France par First Solar ou Saint-gobain. Sans oublier la hauteur des garanties (60 Ctes d’euros par W de fonds propres), la longueur des délais et les lourdeurs administratives déplore-t-il. Avant un dernier coup de gueule à l’attention de certains acteurs publics ou semi publics qui sont en train de réaliser des projets à des prix dérisoires avec toujours le tarif de 0,60 euro. « Les TRI sont en train d’exploser. C’est juste inadmissible. Certaines entreprises publiques françaises sont en train de se gaver littéralement. Qu’elles fassent au moins travailler des entreprises françaises, qu’elles n’oublient pas Photowatt au passage » conclut-il. L’AQPV infléchira-t-il les choix des opérateurs ou relèvera-t-il d’un cautère sur une jambe de bois ?

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