Après la réussite de Saint-Charles1 qui a vu les toitures de Saint Charles International se recouvrir de tuiles solaires photovoltaïques (9 MWc), le projet utérin Saint-Charles2 a avorté suite au moratoire de décembre 2010 et au changement de conditions. Qu’à cela ne tienne, les responsables du PESC (Pôle Economique Saint-Charles) ont de la suite dans les idées et refusent l’inéluctable. Ils viennent de relancer leur projet solaire en s’appuyant sur la notion d’autoconsommation de l’énergie solaire produite. Avec en prime une composante solidaire forte Explications !
Une bonne idée ne meurt jamais et finit toujours par s’imposer. Il en est ainsi du projet solaire Saint-Charles2 en gestation depuis trois ans et rebaptisé à présent Saint-Charles 2.0 pour son côté participatif. « Pour relancer la machine, nous avons dû faire preuve d’innovation avec le concours d’André Joffre et du bureau d’études Tecsol. Nous sommes partis sur un nouveau modèle économique qui met en avant l’autoconsommation et la maîtrise de l’énergie » s’enthousiasme Jacques Font, président du PESC.
La solution par l’innovation
De quoi s’agit-il ? Après le succès de l’opération solaire Saint-Charles1 sur les toitures de Saint-Charles International, le PESC, toujours en partenariat avec la société Solaire France, avait pour projet de rééditer la même opération. Une petite sÅ“ur jumelle en somme ! 43 sociétés représentant 90 000m² s’étaient ainsi positionnées dès 2010 pour troquer leurs vieilles toitures souvent en amiante d’ailleurs contre les fameuses tuiles Solaire France. Les décisions du gouvernement de l’époque et notamment un moratoire dirimant au développement de la filière en ont décidé autrement. Pendant dix-huit mois, le projet est demeuré en sommeil sur fond d’instabilité réglementaire. Une léthargie active cependant, André Joffre en vigie des opportunités à saisir. Aujourd’hui, le tarif d’achat du kWh solaire pour des installations intégrées simplifiées entre 36 et 100 kWc (360 et 1000 m²) ne dépasse guère 17,50 centimes. Pis encore, il sera revu à la baisse dans quelques jours. Pour les installations comprises entre 100 et 250 kWc (1000 et 2500 m² environ), les maîtres d’ouvrages sont obligés de passer par des systèmes chronophages et complexes d’appels d’offres où seul le prix apparaît comme juge de paix. A ces niveaux de tarifs, les rentabilités sont loin de créer l’émulation chez les maîtres d’ouvrage du PESC. On les comprend. Mais il était dit que ce projet solaire devait se réaliser malgré les vents contraires !
L’imminence de la parité réseau
« Est-il aujourd’hui opportun de passer par un tarif d’achat si bas et si contraignant ?» s’est interrogé André Joffre après une analyse fine de l’évolution du marché. En effet, deux données nouvelles viennent redistribuer les cartes. En 2015, la fin des tarifs administrés de l’électricité sera synonyme d’une augmentation de 30% du kWh électrique à horizon 2015, source de la Commission de Régulation de l’Energie, une autorité indépendante et même d’une hausse de 50% d’ici 2020 selon le Sénat. En parallèle, les prix des modules photovoltaïques ont été divisés par 3 ces dix-huit derniers mois. Une électricité qui flambe, des modules de plus en plus bon marché, il n’en faut pas plus pour accélérer l’imminence de la parité réseau c’est-à -dire le moment où l’électricité solaire sera au même prix que celle du réseau. « L’autoconsommation devient peu à peu une évidence. Nous allons être les premiers en France à l’expérimenter à grande échelle sur ce projet collectif Saint-Charles 2.0. Les propriétaires exploitants vont utiliser l’électricité solaire pour leur activité, les propriétaires bailleurs vont de leur côté pouvoir la vendre à leur locataire. On sort d’une logique financière appuyée par des fonds de pension pour aller vers une logique plus entrepreneuriale, plus patrimoniale » constate André Joffre qui dispose du soutien de l’Ademe et de la Région Languedoc-Roussillon dans cette opération.
L’autoconsommation dans une logique entrepreneuriale et patrimoniale
« Avec des propriétaires autoproducteurs d’électricité solaire sur leur propre toit, nous sommes fidèles aux modèles des circuits courts comme dans l’agriculture » renchérit Jacques Font. Des réunions ont déjà eu lieu avec des propriétaires très à l’écoute du nouveau dispositif. Peu à peu, le projet prend forme. Dans une première étape, des études vont être menées pour connaître les consommations des bâtiments avec un premier objectif : La maîtrise de l’énergie. Tant il est vrai que l’énergie la plus efficace est encore celle qui n’est pas consommée. Ces cartographies permettront donc d’étalonner le niveau de courant absorbé. « Nous dimensionnerons alors le solaire en fonction d’une base de consommation sans jamais atteindre la surproduction. L’essentiel de ce qui est produit devra être consommé. De nombreux entrepôts dédiés à l’activité fruits et légumes sont par exemple dotés de frigos qui fonctionnent 24h/24h, sept jours sur sept. Les besoins sont constants. Nous allons travailler à calibrer tout cela pour l’optimiser au mieux » poursuit Jean-Yves Quinette, spécialiste ès photovoltaïque au bureau d’études Tecsol.
Le surplus donné aux Restos du Coeur
Quid d’une entreprise qui consomme en semaine et qui reste fermer le week-end sans avoir de besoins constants ? Que fait-elle du surplus de courant généré ? « Ce surplus sera bien sûr à la marge. Cependant, il ne justifiera en rien une demande de contrat d’achat fastidieuse et dispendieuse. C’est là que nous lançons le concept de Solaire Solidaire. Les kWh qui seront réinjectés dans le réseau pourraient être donnés aux Restos du CÅ“ur afin d’aider les nombreuses familles en précarité énergétique, plus de huit millions en France, et ce via un système de bons » indique Jacques Font qui espère par la même casser l’image d’un solaire photovoltaïque spéculatif.
La prochaine réunion avec les propriétaires du PESC se tiendra début octobre. Les études financées par l’Ademe à 50% voire 75% devraient s’échelonnées jusqu’au début de l’année 2013. L’année 2013 sera celle de la réalisation du projet. Les investissements devraient être soutenus par la Région via le fonds Feder et sont garantis par la Banque Européenne d’Investissement qui a mis à disposition un fonds de 400 millions d’euros en partenariat avec les banques régionales que sont la Banque Populaire du Sud, la Caisse d’Epargne et le Crédit Agricole Sud Méditerranée. « A travers notre démarche collective et avec l’effet d’échelle induit, nous devrions obtenir de bons prix sur le matériel et pour les travaux pour lesquels nous privilégions les entreprises locales » conclut Jacques Font, en adepte invétéré des circuits courts.
Encadré
Le tarif jaune retarde l’autoconsommation
Pour les très grosses entreprises qui ont des besoins importants et qui ont accès aux tarifs jaunes (8 centimes d’euros le kWh), ces tarifs préférentiels représentent pour l’heure un frein à l’autoconsommation. Ainsi et dans un premier temps, l’électricité sera revendue au réseau au tarif T5 de 10,50 centimes avant de basculer dans trois ou quatre ans vers l’autoconsommation une fois la parité réseau atteinte. Juste une question de temps avant d’autoconsommer !